Coureur automobile colombien au palmarès quasi inexistant, Ricardo Londono est connu pour deux faits troublants : on lui a interdit de participer à un Grand Prix de Formule 1 parce qu’il ne possédait pas de licence de pilotage valide, et parce qu’il a été abattu de plusieurs balles d’armes à feu…
Né le 8 août 1949 à Medellin en Colombie, Ricardo Londono-Bridge de son vrai nom aurait d’abord couru en motocross et en voitures de tourisme dans son pays.
En 1980, il arrive aux États-Unis et court en IMSA. Il se classe septième aux 24 Heures de Daytona en 1980 et dispute aussi les 12 Heures de Sebring. Un an plus tard, il participe à huit courses de la série Citicorp Can-Am (incluant le Grand Prix de Trois-Rivières) à bord d’une Lola T530-Chevrolet et décroche une cinquième et trois sixièmes places. Il a l’appui de quelques commanditaires colombiens dont un certain “Roldan Autos”, un garage de voitures de luxe usagées de la République Dominicaine.
Le réputé journaliste britannique Mike Doodson a écrit dans un texte publié en 2009 décrivant qu’il faisait alors partie de l’entourage de Londono. Le reporter devait établir des contacts avec le monde du sport automobile afin d’aider le Colombien à gravir les échelons. Doodson a écrit “ À ce moment-là, ce n'était plus un secret pour personne de savoir d'où venait l’argent…”; faisant ainsi comprendre que des cartels de la drogue colombienne finançaient la carrière de Londono.
À la fin de la saison 1980, Londono loue, avec le soutien de “Café de Colombia”, une Lotus 78 de l’équipe de Colin Bennett pour participer à la course finale de la série britannique Aurora (avec d’anciennes voitures de F1) à Silverstone où il termine en septième place.
Quelques semaines plus tard, Londono apprend que Bennett va s’associer à Mo Nunn qui est le patron de l’écurie Ensign de Formule 1 pour la saison 1981 du Championnat du monde. Bennett a été favorablement impressionné par le pilote colombien de 30 ans aux poches bien remplies et il désire le voir courir en Grand Prix.
L’argent ne peut pas tout acheter
La saison 1981 débute dans les rues de Long Beach. Le Suisse Marc Surer est aux commandes de l’Ensign N180B-Ford dénudée de commanditaires. Mo Nunn a réellement besoin d’argent et a les yeux rivés sur Londono qui peut lui en apporter… beaucoup. Londono est d’ailleurs présent dans le paddock, mais il ne peut conduire, car il ne possède pas encore sa Super Licence, essentielle pour disputer un Grand Prix de F1.
La course suivante est organisée le 27 mars sur le circuit de Jacarepagua à Rio au Brésil. Surer et Londono sont inscrits sur la même Ensign No. 14. Nunn et Bennett désirent démontrer à la FIA que Londono possède des aptitudes requises pour courir en F1. L’occasion leur en est donnée mercredi avant la course, puisque la FIA a organisé une séance d’essais libres afin de donner la chance aux concurrents de découvrir le circuit de Rio qui n’a pas été utilisé depuis 1978.
Le Colombien s’installe dans la monoplace et roule avec les autres participants. Ses chronos sont, semble-t-il, respectables, mais Londono rencontre en piste un rival redoutable qui a la mèche assez courte. Il s’agit de Keke Rosberg qui conduit une Fittipaldi-Ford. Jugeant que Londono pilote de façon erratique, ce cher Keke lui fait subir un “brake test” [un freinage en catastrophe]. L’Ensign percute évidemment l’arrière de la Fittipaldi. Les officiels de la FIA ne sont pas impressionnés et refusent d’accorder une Super Licence à Londono. Ce dernier doit alors céder le volant de l’Ensign à Marc Surer. Fin de l’épisode F1 pour le riche Colombien.
Au cours des années suivantes, Londono continue à courir sporadiquement en IMSA GT en dépit de l’arrestation de plusieurs de ses “commanditaires”… Il prend sa retraite sportive en 1986 et retourne vivre en Colombie où il vend des avions, des hélicoptères et des bateaux à des trafiquants de drogue reconnus.
Le 5 novembre 1998 les autorités saisissent 1200 kilos de cocaïne dans l’une des propriétés de Londono. Deux ans plus tard, les autorités saisissent pour 10 millions de dollars de voitures de collection et de biens acquis illégalement. Inexplicablement, Londono évite la prison.
Le 18 juillet 2009, alors qu’il discute avec deux consultants aux activités douteuses dans son hôtel de Cispata Bay, six hommes armés font irruption chez lui et l’abattent de 12 balles. Selon les autorités, Londono, âgé de 59 ans, a été victime d’un règlement de compte parrainé par un baron colombien de la drogue.