Le championnat de Formule 3000 a été le tremplin vers la Formule 1 pour plusieurs dizaines de pilotes et a existé de 1985 à 2004.

Des Canadiens, comme Stéphane Proulx, Claude Bourbonnais, Dany Campeau, Bertrand Godin, Robbie Stirling, John Jones et Jacques Villeneuve oncle ont tous couru en Formule 3000 à un moment ou un autre de leur carrière.

Cette série pour des monoplaces monotypes remplaçait la Formule 2, jugée trop chère et dominée par des constructeurs de châssis collaborant par des motoristes officiels. Le combat étant estimé trop inégal, la FIA décida de remplacer la F2 par une série où les coûts seraient mieux contrôlés et que la compétition serait plus équitable entre les participants.

Afin d’abaisser les coûts, le règlement oblige l’utilisation d’un moteur atmosphérique à quatre temps de n’importe quelle marque à condition que sa cylindrée n’excède pas trois litres et qu’il ne possède pas plus de 12 cylindres. Le règlement oblige aussi qu’il soit muni d’un limiteur de régime afin d’en accroître la fiabilité et de réduire le nombre de révisions.

En 1985, la Formule 1 vit la révolution des moteurs turbo et les écuries britanniques sont aux prises avec des dizaines de moteurs V8 Ford Cosworth DFV rendus obsolètes. L’idée de les vendre aux nouvelles écuries de F3000 a immédiatement séduit les directeurs d’équipes de F1. Lors de la première saison de F3000, toutes les voitures sont propulsées par un moteur Cosworth DFV dont le régime maximal est limité à 9000 tours/minute et qui produit ainsi 460 chevaux.

Quatorze écuries s’inscrivent au championnat de 1985 et les constructeurs Ralt, March et AGS modifient leurs monoplaces de F2 tandis que Lola transforme sa voiture d’IndyCar afin d’y greffer un V8 Cosworth.

Trois équipes tentent un coup de pocker et choisissent de faire rouler des anciennes F1, jugeant qu’il est plus facile d’adapter une F1 qu’une F2 au nouveau règlement. Ainsi PMC Motorsport engage une Williams FW08C, Barron Racing prépare une Tyrrell 012 et Roger Cowman s’occupe d’une Arrows A6.

Une météo typiquement britannique

La première épreuve de la saison, le 37e BRDC International Trophy, se déroule sur le circuit de Silverstone en Grande-Bretagne le week-end du 24 mars sur une distance de 44 tours. C’est le Français Michel Ferté (décédé le 4 janvier dernier à la suite d’une longue maladie) qui installe la March 85B de l’équipe Oreca en pole position avec un chrono de 1’17”92. L’année précédente, le Brésilien Roberto Moreno avait inscrit le meilleur temps de la course de Formule 2 en 1’14”82 à bord de sa Ralt-Honda V6.

Le départ est donné alors qu’il bruine et que la piste est bien mouillée. Le Néo-Zélandais Mike Thackwell, sur une Ralt-Cosworth, et Ferté prennent la bonne décision en démarrant en pneus pluie alors que plusieurs autres concurrents optent pour des slicks. Erreur…

Thackwell prend la commande la course, pourchassé par Ferté et Christian Danner. Vers la mi-course, sur une piste allant en s’asséchant, Ferté double Thackwell. Cependant, une pluie forte se met à tomber quelques tours plus tard, permettant à Thackwell de reprendre la tête.

Avec seulement trois tours à parcourir, les pneus de la March de Ferté sont détruits. Le Français ne peut contrôler un dérapage de sa monoplace dans le virage de Woodcote. L’impact avec le rail arrache le museau de la March. Ferté parvient quand même à revenir en piste, mais ne peut empêcher le Danois John Neilsen sur la seconde Ralt de le doubler. Neilsen avait adopté un rythme de course assez lent afin de préserver ses pneus, mais la pluie a ruiné sa stratégie.

Derrière Ferté à l’arrivée, on retrouve Christian Danner sur une March, le champion de karting 125cc Gabriele Tarquini lui aussi sur une March et Roberto Moreno aux commandes de la Tyrrell.

Ironiquement, seuls Thackwell, Danner, Tarquini et Moreno ont couru en F1 durant les années suivantes ; Neilsen et Ferté n’ont pas eu cette chance.