Nous sommes au tout début de la saison 1971 de sport automobile. Mario Andretti a déjà gagné certaines des courses les plus prestigieuses, mais pas un Grand Prix de Formule 1.

Inconnu en F1, Andretti possède toutefois un palmarès impressionnant. Il a déjà été deux fois champion de la série USAC/IndyCar (1965 et 1966) et a gagné le Daytona 500 en 1967.

C’est Jim Clark qui convainc Colin Chapman de donner une chance en F1 à cet Américain. L’écurie Lotus l’inscrit sur une Lotus 49B au Grand Prix d’Italie de 1968. Cependant, Andretti, sous contrat aux États-Unis, doit aussi participer à une course de sprint cars USAC sur terre battue le même week-end. Il doit donc participer à deux sur deux continents en à peine 72 heures.

Vendredi après-midi, il signe le meilleur chrono des qualifications à Monza puis s’envole pour les États-Unis et dispute la course de sprint cars le samedi. À son retour en Italie dimanche matin, il découvre que les organisateurs l’ont exclu, car il a participé à une course 24 heures avant le départ du Grand Prix, ce qui était interdit par la FIA.

Un mois plus tard, il participe au GP des États-Unis à Watkins Glen. Tous croient que c’est “son” circuit, mais Mario n’y a jamais mis les pieds ! Il signe la pole position, mais abandonne sur bris d’embrayage.

Au cours des deux années suivantes, Mario donne la priorité à ses engagements en Amérique. Il ne dispute que quatre Grands Prix avec Lotus en 1969, et huit en 1970 avec March.

Un Italo-américain à Maranello

Pour 1971, il accepte de piloter pour Ferrari aux côtés de Jacky Ickx et Clay Regazzoni quand son horaire chargé le permet. Lorsque le monde de la F1 arrive au circuit de Kyalami en ce début du mois de mars pour y disputer le premier Grand Prix de la saison, celui d’Afrique du Sud, Mario Andretti est inscrit sur une troisième Ferrari 312B à moteur 12 cylindres ouvert à 180 degrés.

Mario se qualifie au quatrième rang en 1’19”00 derrière Jackie Stewart en pole position dans sa Tyrrell 001-Ford en 1’17”8, Chris Amon sur une Matra MS 120B en 1’18”4 et Regazzoni en 1’18”7.

Le départ est donné et Regazzoni mène la course devant Denny Hulme aux commandes d’une McLaren M19A-Ford. Mario Andretti a bouclé le second tour en septième place, mais débute sa remontée contrairement à Emerson Fittipaldi qui n’arrête de perdre des places dans sa Lotus 72C-Ford. Andretti double le Brésilien au huitième tour pour la cinquième position. Quelques moments après, Hulme double Regazzoni et prend la commande de la course.

Au 22e tour de la course qui en prévoit 79, Andretti passe devant Stewart et ne perd pas de temps à doubler Pedro Rodriguez sur une BRM P160. Andretti gagne du terrain sur le meneur et double la Surtees TS9-Ford de John Surtees au 42e passage pour occuper le second rang.

En fin de parcours, la McLaren de Hulme perd un peu de rythme, ce qui permet à Andretti de s’en rapprocher à moins de trois secondes. Et c’est la catastrophe au 76e tour… Un boulon de fixation de la suspension arrière de la McLaren se détache. Hulme fait un écart de trajectoire, et Andretti en profite pour le doubler. À ce moment, l’Américain dispose d’une avance d’une vingtaine de seconde sur Stewart et il ne reste que quatre tours de piste à compléter.

Andretti savoure sa première victoire en F1 dès son premier Grand Prix qu’il dispute pour la prestigieuse Scuderia Ferrari. Jackie Stewart termine en deuxième place à 20”9 et Clay Regazzoni, sur une Ferrari comme Andretti, est troisième à 31”4.

En 1971, Andretti ne participe qu’à cinq Grands Prix et n’obtient comme autre meilleur résultat qu’une quatrième place décrochée en Allemagne. Mario ne gagnera pas un autre Grand Prix avant celui du Japon en… 1976, cinq ans plus tard !