Le pilote brésilien Luciano Burti a été victime d’une très violente sortie de piste dans le rapide virage de Blanchimont du circuit de Spa-Francorchamps lors du Grand Prix de Formule 1 de Belgique en 2001.

Cet accident démontre à quel point les pilotes étaient vulnérables dans les monoplaces de F1 il y a tout juste 22 ans. Le casque intégral du pilote n’était pas ancré au dispositif de retenue HANS comme c’est le cas depuis 2003. Ce système d’ancrage permet d’éviter, autant que possible, qu’une brusque décélération fracture des vertèbres cervicales d’un pilote et causer sa mort.

De plus, les voitures de 2001 n’étaient pas encore munies du Halo ; cette structure en titane qui protège le pilote de l’intrusion d’objets. Le fait que Romain Grosjean n’ait pas été sérieusement blessé lors de son accident survenu au Grand Prix de Bahreïn en 2020 prouve l’efficacité du Halo et du HANS.

Le terrible accident qu’a vécu Burti a mis un terme à sa carrière en F1. Même s’il a été recruté par la Scuderia Ferrari par la suite pour tenir le rôle de pilote essayeur, Burti n’a eu d’autre choix que de retourner chez lui et de courir dans la très populaire série de stock-car brésilien.

La photo ci-dessus montre les dommages infligés au casque de Burti lors de cet accident.

Né en 1975, Burti, bon pilote au Brésil, émigre en Europe et s’illustre en Formule 3. Après avoir débuté en Grand Prix en 2000 aux commandes d’une Jaguar, il débute la saison 2001 au sein de cette même écurie. Toutefois, après quatre épreuves, Burti est évincé de l’écurie britannique et trouve refuge chez Prost Grand Prix.

En Belgique, il pilote une Prost AP04 à moteur Ferrari (rebaptisé Acer) et se qualifie en 18e position, un rang derrière Eddie Irvine sur une Jaguar R2-Ford.

Un léger contact suffit à projeter la Prost contre le mur de pneus

La course démarre et au quatrième tour, Irvine et Burti sont en lutte. Alors qu’ils commencent à virer à gauche pour négocier le rapide virage de Blanchimont, Burti insère sa Prost entre la voiture d’Irvine et le rail de sécurité. Il y a très peu d’espace et les deux monoplaces filent à près de 300 km/h. Le contact est inévitable. Pas fort, juste une touchette qui non seulement déséquilibre la Prost, mais arrache son aileron avant.

Privée d’une partie de son appui aérodynamique et de son freinage, la Prost se transforme en un missile qui file tout droit à pleine vitesse. La monoplace bleue traverse le bac à gravier comme un éclair, semble voler sur l’herbe puis se fracasse contre les énormes murs de pneus. La voiture ne rebondie pas ; au contraire elle s’enfonce sous l’amas de pneus qui sont ficelés les uns aux autres.

À cause de l’absence d’un Halo, c’est le casque et la tête de Burti qui ont pris l’impact de face. La Prost a tapé le mur de pneus à 270 km/h et la force de l’impact a été de 111 g.

À la télévision, on ne voit presque plus la voiture recouverte d’un lourd tapis de pneus. On craint beaucoup pour Burti qui est coincé, probablement blessé, et qui ne pourra pas s’en sortir si un incendie se déclare.

La Jaguar d’Irvine a effectué un tête-à-queue et le pilote irlandais donne immédiatement un coup de main aux commissaires et sauveteurs. Ils ont bien du mal à déplacer les rangées de pneus afin d’accéder au pilote. Au prix d’efforts surhumains, ils y parviennent. L’extraction de Burti de sa Prost n’est pas facile et le Brésilien est emmené par ambulance au centre médical du circuit puis transporté vers l’hôpital universitaire de Saint Tilman de Liège.

Burti passe quelques jours aux soins intensifs. Il a subi une commotion cérébrale et est demeuré inconscient pendant 48 heures. Fait incroyable : il ne souffre d’aucune blessure grave, à l’exception d’importantes contusions au visage. Un véritable miracle !

Burti souffre toutefois de problèmes de mémoire à court-terme et commence à faire une surconsommation d’antidouleurs. 

Cependant, après trois mois de traitements, Burti, mis sous contrat par Ferrari, effectue son retour dans le cockpit d’une voiture de F1 sur le circuit de Barcelone le 7 janvier 2002.