Si un événement a véritablement braqué les projecteurs des médias internationaux sur le rallye-raid Paris-Dakar, c’est sans nul doute la disparition durant plusieurs jours de Mark Thatcher, le fils de la Première ministre britannique, Margaret Thatcher.
Avant cet événement très mondain, le grand public ne s’intéressait pas particulièrement à cette épreuve automobile disputée en Afrique. Mais la soudaine disparition de Thatcher et les importants moyens mis en œuvre pour le retrouver ont grandement favorisé la promotion de la course.
Né le 15 août 1953, Mark Thatcher a fait ses études sans grands succès et a même échoué l’examen national de comptabilité à trois reprises. Il s’exile alors à Hong Kong, encore sous protectorat britannique, et tisse des liens avec le monde du sport automobile asiatique.
De retour en Grande-Bretagne à la fin des années 70, il est inspiré par le titre mondial de Formule 1 acquis par James Hunt et suit un cours de pilotage à Brands Hatch. Il crée son écurie et court en Formule 1600, en Formule Vee, en Sports Racers, en voitures de tourisme, et dispute les 24 Heures du Mans à deux reprises : en 1980 à bord d’une Osella PA8-BMW avec Lella Lombardi puis en 1981 au volant d’une Porsche 935 avec Hervé Poulain et Claude Haldi.
Au Mans 1981, un homme l’accoste et lui confie qu’il va engager trois Peugeot 504 au Paris-Dakar de 1982. Il accepte d’en conduire une et avouera plus tard qu’il ne s’est absolument pas préparé à cette course, croyant qu’avoir déjà conduit au Mans serait nettement suffisant.
Panique au 10 Downing Street
Thatcher, sa copilote française Anne-Charlotte Verney et son mécano Jacky Garnier prennent le départ de l’épreuve et quelques jours plus tard, le 9 janvier, les organisateurs perdent leur trace ! Il y avait de quoi être inquiet, car le Dakar avait déjà fait trois morts. À cette époque, il n’y avait pas de GPS ni de balise de localisation.
L’essieu arrière de la Peugeot de Thatcher avait cassé net et il était impossible d’effectuer une quelconque réparation sur place. Plus tard, Thatcher a raconté que d’autres équipages les ont vus en panne et qu’ils ont communiqué de mauvaises informations à la direction de course, leur indiquant qu’ils étaient à l’ouest alors qu’ils étaient à l’est…
Le 12 janvier, l’équipe est déclarée perdue. Les moyens de reconnaissance déployés sont impressionnants : six avions militaires de trois pays et les troupes algériennes. Son père, Sir Denis Thatcher, s’envole pour cette région du Sahara. Margaret Thatcher, la “dame de fer”, n’en mène pas large et certains affirment l’avoir vue pleurer. La Reine Elizabeth II offre son soutien à la Première ministre et l’ambassadeur d’Algérie intervient.
Les moyens de recherche deviennent encore plus importants avec 10 avions de quatre pays, dont trois de la France, un hélicoptère, un avion Hercule de la RAF et d’autres troupes au sol.
Perdu dans le désert, Thatcher connait la règle à suivre en cas d’incident, d'accident ou de panne: rester près du véhicule. Les trois naufragés disposent de cinq litres d’eau, de quelques sachets de nourriture déshydratée et de l’eau contenue dans le radiateur de la Peugeot. Thatcher déclare que le 14 janvier, il a retiré les roues de la voiture et s’apprêtait à les incendier afin que la fumée noire signale leur position.
C’est à ce moment qu’il entend voler un hélicoptère pas très loin. Il déclenche une fusée de signalisation et quelques minutes plus tard, les secours arrivent pour leur porter secours. L’équipage était immobilisé près de Taoumdert, à seulement 50 kilomètres de la route prévue.
Une fois l’équipage rapatrié à Tamanrasset, un somptueux dîner bien arrosé est organisé dans un hôtel, et la facture impayée est ensuite refilée à l'ambassade britannique. Cette facture salée a justifié l'envoi d'une missive diplomatique au ministère britannique des affaires étrangères. La rumeur veut que Margaret Thatcher ait payé la facture et assuré une partie des frais de recherche de son fils.
Quelques jours plus tard, Mark Thatcher et son père Denis sont revenus en Grande-Bretagne dans l’avion du président algérien.
À ce moment, tout le monde, ou presque, avait entendu parler du fameux Paris-Dakar.