Coéquipier de Niki Lauda chez Ferrari durant plusieurs saisons, le Suisse-Italien Gian-Claudio Giuseppe Regazzoni était l’archétype du pilote de Formule 1 des années 70. Avec sa moustache conquérante, courageux à l’extrême, amoureux des bonnes choses de la vie et des belles femmes, celui qu’on surnommait Clay était un bon vivant, un pilote très rapide et, selon Mauro Forghieri, un bon metteur au point.

Si Lauda travaillait très dur pour progresser et apprendre, Clay, épicurien, se la coulait douce et n’était pas habité par une farouche détermination à vaincre. On aurait dit de lui qu’il courait en F1 pour profiter de ses avantages et non pour accumuler des victoires. Regazzoni a cependant démontré une volonté à toute épreuve après son grave accident survenu durant le Grand Prix de Long Beach en 1980 qui l’a laissé paraplégique. Clay aurait tellement aimé quitter la scène des Grands Prix d’une autre façon.

Après ses débuts en karting et sur les circuits à bord d’une Mini Cooper, Regazzoni court en Formule 2 et décroche le titre en 1970. Il débute aussi en F1 avec Ferrari et fait forte impression, récolant une victoire dès sa première saison. Il court pour Ferrari jusqu’en 1972, puis passe une saison avec l’écurie britannique BRM. De retour chez Ferrari, il devient le coéquipier de Lauda. Le Suisse ne remporte que deux victoires alors que l’Autrichien est sacré Champion du monde en 1975 et 1977.

Puisque Enzo Ferrari a recruté Carlos Reutemann, "Regga" s’en va dans la petite écurie Ensign en 1977 et ensuite chez Shadow en 1978. Malgré ses efforts, il lui arrive souvent d’être non-qualifié. Et quand il y parvient, sa mécanique le lâche presqu’une fois sur deux. En 1977, il participe aussi aux 500 milles d’Indianapolis (qualifié 29ème, il abandonne dès le 25ème tour suite à un problème de réservoir).

Renaissance chez Williams

À 40 ans, il est recruté par Frank Williams et devient le coéquipier d’Alan Jones. Et c’est Regazzoni qui donne à Frank Williams son premier triomphe en F1 lors du Grand Prix de Grande-Bretagne, à Silverstone en 1979 aux commandes d’une FW07-Ford.

Frank Williams engage Reutemann pour la saison 1980, et Regazzoni retourne, penaud, chez Ensign qui profite d’une commandite d’Unipart. Lors de la quatrième course de la saison, disputée à Long Beach, Regazzoni commence à freiner pour négocier le virage en épingle au bout de la longue ligne droite. La pédale de frein casse alors que la voiture roule encore à 280 km/h. L’Ensign percute une Brabham abandonnée en bordure de piste et se fracasse contre un mur de béton, ce qui plie la coque en forme de V. Le Suisse souffre de vertèbres fracturées.

Clay passe quatre années à être traité dans plusieurs hôpitaux où les chirurgiens l’opèrent durant un total combiné de 60 heures. Mais rien n’y fait. Cloué dans un fauteuil roulant, il revient quand même dans le paddock de F1 et devient analyste pour la télévision suisse. Il participe aussi à des courses à bord de bolides spécialement modifiés pour lui. Il prend même part à des éditions du Rallye-Raid Dakar.

Pour se déplacer dans la vie de tous les jours, le Suisse conduit un Chrysler Voyager adapté à son handicap. Le 15 décembre 2006, Clay Regazzoni, 67 ans et seul dans son véhicule, circule sur l'autoroute italienne A1, près de Parme. Sans raison apparente, il percute l'arrière d'un camion. L’impact est terrible et Clay décède sur le coup.

Les enquêteurs estiment que Regazzoni roulait à environ 100 km/h au moment de l’accident et, malgré les premières rumeurs, l'autopsie a spécifiquement exclu qu'une crise cardiaque soit responsable de sa perte de contrôle. Il semble aussi que la responsabilité d’un autre automobiliste soit à exclure. La vitesse du camion aurait été constante et le véhicule n'aurait pas effectué de manœuvre brusque. Personne ne comprend ce qui est survenu.

Plusieurs amis pilotes ont assisté à ses funérailles organisées le 21 décembre à Lugano, la ville qui l’a vu naître. Ciao Clay.