La série DTM vit des heures difficiles. En dépit du succès sportif de la saison 2022 avec plus de 25 voitures de type GT3 au départ de toutes les courses, le promoteur (ITR) s’est vu contraint de cesser ses opérations, mettant ainsi à pied ses 17 employés. L’ex-pilote de Formule 1 Gerhard Berger s’est ainsi retrouvé seul avec la série DTM dans les mains qu’il a finalement cédé les jours derniers à l’ADAC, la fédération allemande de sport automobile.
Berger a confirmé cette décision hier : « nous jetons maintenant les bases d'un avenir à long terme pour le sport automobile dans le monde germanophone. Pour l'immense communauté de fans du DTM, c'est une bonne nouvelle » a-t-il indiqué. Pas sûr toutefois que ce soit une si bonne nouvelle puisque l’ADAC possède déjà son propre championnat de GT3, l’ADAC GT Masters. On imagine donc mal l’organisme gérer deux championnats de voitures identiques à partir de 2023 ! Et quand bien même le DTM présente des courses sprint à un seul pilote par voiture, contrairement à de l’Endurance à deux pilotes par auto pour l’ADAC GT Masters, il est peu probable que l’ADAC voit de l’intérêt à maintenir en vie les deux séries.
La situation financière de l’ITR était critique depuis la fin de l’ère des Voitures de Tourisme Classe 2, fin 2019. En 2020, Gerhard Berger avait assumé l'entière responsabilité financière de la plateforme DTM et poursuivi l'histoire de la série en introduisant à compter de 2021 les GT3, ce qui a ramené plus de 20 voitures en piste. « Le DTM s'est développé d’excellente manière ces dernières années grâce au soutien de nos employés et partenaires, tant constructeurs que prestataires de services. En 2022, nous avons eu une saison exceptionnelle avec une grille de départ record de près de 30 pilotes de classe internationale, de nombreuses grandes marques inscrites et une visibilité mondiale. Il y avait de l'excitation jusqu'à la toute dernière course, des duels roues contre roues; c'est exactement ce que les fans ont toujours voulu » ajoute Gerhard Berger.
L'Autrichien de 63 ans ne pouvait toutefois continuer à investir seul dans la série. Il veut désormais s’impliquer au sein du plus grand club européen dédié à la mobilité (l'ADAC) et certaines rumeurs l’annoncent aussi en charge du futur programme Audi de Formule 1. « Le moment est venu de jeter les bases de l'avenir à long terme du DTM. J'ai donc décidé de transférer la marque à l'ADAC. Je suis fermement convaincu que la marque est entre de bonnes mains avec l’ADAC : le savoir-faire nécessaire y est disponible afin d'offrir à tous les fans de sport automobile une expérience unique à l'avenir. Grâce à l'expérience de longue date, aux structures établies et à l'engagement de cette association dans le sport automobile, l'ADAC est non seulement en mesure de créer les meilleures synergies possibles, mais également de développer le DTM de manière cohérente. Ainsi, les meilleures conditions sont en place pour que nous continuions à voir le sport automobile couronné de succès au plus haut niveau pendant encore de nombreuses années » ajoute Gerhard Berger.
Derrière ce discours plein d’enthousiasme, il y a la réalité : aucun calendrier 2023 n’a encore été annoncé, l’ADAC se retrouve avec une série dont elle n’a absolument pas besoin et les équipes risquent fort d’être tentées par la série ADAC GT Masters aux règles et à l’avenir bien en place plutôt que d’un nouveau DTM dont on ne sait rien présentement.
À ce stade, une solution apparaît comme la plus simple : fusionner ADAC GT Masters et DTM et garder toute la réglementation de la première série. L’ADAC pourrait aussi garder la série DTM Trophy sous le nom DTM uniquement. Ce championnat qui roulait en soutien du DTM est réservé aux voitures GT4 et son avenir est lui aussi menacé avec la fin des opérations de l’ITR. Mais pour l’ADAC, il serait peut-être plus facile de fusionner cette série avec son propre championnat de GT4 (ADAC GT4 Germany) et de ne conserver que l’ADAC GT Masters avec des GT3. Cela n’est toutefois qu’une hypothèse, mais dans les deux cas il ne restera pas grand-chose du prestige de la série DTM telle qu’on l’a connue depuis les années 1980.
ITR GmbH était responsable du marketing international et de l'organisation du DTM depuis l’an 2000. Lancé en 1984, le DTM s'est imposé en 35 ans comme étant la série de Voitures de Tourisme la plus prestigieuse au monde. En 2021 et 2022, ce sont toutefois des voitures GT qui ont composé la grille de départ. Le Québécois Mikaël Grenier a disputé la saison, sa 1ère dans la série, aux commandes d’une Mercedes AMG GT3 de l’équipe GruppeM.
Pilote officiel Mercedes, Grenier a déjà été confirmé par le manufacturier allemand pour rouler en Endurance au lieu du DTM en 2023. À ce jour, Bruno Spengler est le seul Québécois et même nord-américain à avoir remporté le titre de champion en DTM. C’était en 2012 et Spengler pilotait alors pour l’équipe BMW Team Schnitzer.