Depuis des décennies, les promoteurs de sport automobile, surtout en Europe et aux États-Unis, cherchent par tous les moyens à augmenter leurs revenus venant des retransmissions télévisuelles de leurs épreuves. Dans le cas de l’organisation NASCAR, on en est actuellement à négocier une nouvelle entente avec les grands médias, surtout FOX et NBC, alors que l’entente de dix ans (2015-2024) se termine bientôt.

Depuis 2015, le monde des communications et la médiatisation ont beaucoup évolué. La croissance des réseaux sociaux et du streaming personnel semblent en effet appelés par les grands fournisseurs à remplacer la télévision produite par les réseaux traditionnels, bien que ceux-ci demeurent les plus populaires lors de grands événements sportifs. 

Selon Brian Herbst, vice-président senior de NASCAR chargé des médias et des productions, le prochain accord médiatique comportera trois volets : la diffusion télé, le câble et la diffusion directe aux consommateurs (live streaming).

La diffusion télévisuelle et par câblodistribution sont bien comprises par toutes les parties et il semble même que les réseaux en place (FOX et NBC) seraient favorisés pour ces deux approches. Il en est tout autrement pour la diffusion directe aux consommateurs (streaming) alors que NASCAR attend de voir qui proposera quoi à ce niveau. On pourrait donc voir apparaître à l’horizon 2025 des nouveaux joueurs venant prendre place à la table des négociations, comme ESPN ou Amazon Prime, tous avec leurs millions à offrir. La valeur de ce nouveau service s’ajouterait ainsi au gros montant annuel versé par les réseaux de télévision.

Le contrat qui arrive à échéance fin 2024 rapporte présentement 820 millions US$ par année à NASCAR. Ce montant vient surtout des réseaux de télévision traditionnels avec leurs retransmissions en direct des courses les week-ends et différentes émissions en semaine. NASCAR souhaite évidemment garder cette formule mais voir la contribution annuelle des réseaux passer à au moins 900 millions US$ par année. On parle donc d’une augmentation annuelle de 80 millions (10%). Les chiffres sont gros mais l’augmentation est peu impressionnante, car le montant annuel est fixe et équivaudrait à une croissance de 10 à 15%. Cela signifie aussi que NASCAR prévoit encore que plus ou moins 90% de ses revenus de retransmission des épreuves et médiatisation de ses séries américaines vedettes viendra de la télévision.

Pour une vue plus complète des valeurs à déterminer, il faudrait analyser les propositions relatives aux réseaux sociaux, un monde dont il sera difficile, voire impossible, d’imaginer l’évolution sur la durée du nouveau contrat. Mais personne ne sait non plus comment le marché de la télévision va évoluer ou même être remplacé au cours des 10 prochaines années. Les grands réseaux ont consenti une augmentation de 100% lors de la négociation du contrat 2015-2024 et il apparaît aujourd’hui peu probable de les voir sauter dans un gouffre similaire alors que l’internet et les réseaux sociaux augmentent sans cesse leur parts de marché.

Toutes les parties prenantes de ces négociations jouent gros. NASCAR veut continuer à recevoir beaucoup d’argent de la télévision traditionnelle, mais qui pourra prédire la valeur de tous ces médias au cours de la période allant des saisons 2024 à 2033 ? Qui mènera la barque : les réseaux télé, les grands joueurs des réseaux sociaux, NASCAR elle-même avec ses médias et réseaux, ou un nouveau joueur européen ou asiatique qui cherche à s’établir en Amérique ?

Et qu’arrivera-t-il aux spectateurs sur place avec le virage vert et tous les coûts reliés aux déplacements aux pistes ? NASCAR dépense des millions pour attirer les familles sur ses sites de courses, mais le coût total pour le spectateur (et sa famille) est déjà très élevé actuellement, bien que NASCAR soit encore une discipline abordable en comparaison des Grands Prix de Formule 1 ou d’autres événements vedettes de sport mondial.

Le total des spectateurs sur place a augmenté en 2022, mais les chiffres sont problématiques car ils tiennent compte de la remontée après les années 2020 et 2021 où de nombreuses courses avaient dû être présentées à huis clos en raison des restrictions gouvernementales alors en vigueur.

Chose certaine, les montants demandés suggèrent que les patrons de NASCAR pensent avoir en main la poule aux œufs d’or… Attention toutefois de ne pas la tuer en étant trop gourmand à court terme ou se tromper sur la stratégie des médias à privilégier à plus long terme !