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Kuno Wittmer au Rallye de Charlevoix : Des débuts spectaculaires et un abandon crève-coeur (Partie 1)

Kuno Wittmer au Rallye de Charlevoix : Des débuts spectaculaires et un abandon crève-coeur (Partie 1)

Mardi 25 octobre 2022 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Clément Tavernier

Crédit photo: Clément Tavernier

Dans l’histoire du sport automobile, les pilotes de circuit routier ayant réussi leurs débuts en compétition de rallye sont très rares. Au Rallye de Charlevoix le week-end dernier, bien des yeux étaient tournés vers Kuno Wittmer, qui disputait son premier rallye à vie, avec l’Albertain Michael Szewczyk comme co-pilote et aux commandes d’une Subaru WRX STI de l’équipe gaspésienne Leblanc3 Rally Team portant les couleurs de CM Électrique, Les Messagers, City Hop Aviation et Pole-Position Magazine.

Avec moins de 50 km d’essais préalables réalisés sur terre et gravier, voir le spécialiste des courses d’Endurance se hisser dans le Top 6 lors des deux spéciales en ville et sur asphalte à La Malbaie était plutôt prévisible. Le voir compléter les 35 km de la spéciale Bataram encore dans le Top 6 était pour le moins exceptionnel ! Hélas, un souci mécanique alors que l’équipage de la Subaru No.18 était en 4ème place est venu mettre fin au rêve d’un podium national. Malgré cela, Kuno a adoré son expérience. Il nous en parle dans cette entrevue en deux parties…

Kuno, comment as-tu abordé ce tout premier rallye en carrière ?

J’avais un but au départ : finir dans le Top 10. Je voulais apprendre et comprendre cette discipline que j’ai toujours adoré mais à laquelle je n’avais encore jamais pu participer. Je dois avouer que je ne pensais pas que je m’adapterais aussi rapidement et après les premières étapes, mon esprit de compétition a vraiment embarqué et je me suis dit : OK, le podium est envisageable alors on va pousser plus ! J’ai vu à quel point je m’étais pris au jeu lorsqu’on a eu le problème de boîte de vitesses à la fin de Clermont 2 car j’étais très déçu. Pour faire un parallèle avec les courses d’Endurance : c’était pour moi comme si je venais de vivre un bris mécanique à la 2ème heure des 24 Heures du Mans ou de Daytona ! Ce sentiment de se dire qu’on pouvait finir sur le podium et que là ça devient juste impossible même si la course n’est pas finie.

Après deux étapes, tu étais à 5 secondes du premier rang mais c’était de petits parcours sur asphalte. Là où tu as surpris beaucoup de monde c’est en complétant la première boucle des spéciales en forêt sans incident et surtout en ramenant l’auto au service en 4ème position. Ton sentiment là-dessus ?

J’étais surpris du résultat mais mon côté compétition avait pris le dessus et j’étais juste bien, heureux d’être là ! Quand j’ai croisé la ligne d’arrivée de Bataram et que Michael m’a dit qu’on avait fait le 6ème meilleur temps, je lui ai dit : répète-moi ça 3-4 fois ! Il était surpris lui aussi mais j’ai adoré cette spéciale car faire Bataram c’est aller chercher au fond de soi un niveau de concentration aussi grand que de faire un relais en Endurance dans une voiture de classe GT Le Mans. À quelques reprises, je me parlais en me disant de garder le focus et d’écouter mon co-pilote. Je dirais que les premiers 7 km, j’étais encore un pilote de circuit routier, je portais attention aux réactions de la voiture avant tout. Après ça, je crois que j’ai franchi un cap, j’étais vraiment en mode rallye, j’écoutais d’abord mon co-pilote lire les notes. À partir de là, tout a marché ensemble.

Tu as ensuite réalisé le 2ème meilleur chrono dans les spéciales de Clermont avant que la boîte de vitesses ne brise. Outre cette déception, tu regrettes de n’avoir pu disputer les spéciales à la noirceur ?

Oui beaucoup car j’ai toujours aimé piloter la nuit. En Endurance, je suis toujours le pilote qui demande au chef d’équipe le plus de relais possibles dans la nuit. Cette ambiance de piloter en rallye dans la nuit, c’est certain que ce fut une déception de ne pas pouvoir la vivre.

Dimanche matin, Michael et toi êtes reparti avec une boîte de vitesses et un différentiel de série. 4 spéciales : deux Top 6, un Top 5 mais aussi une petite excursion hors route. Que s’est-il passé ?

Par rapport à la boîte séquentielle, on perdait environ 1 seconde au kilomètre. C’était vraiment différent à piloter mais la sortie dans Snigole Nord, c’est mon erreur. La note disait gauche 4 mais c’était un gauche 3 et on a planté la voiture dans un fossé un peu sablonneux. Aucun dommage à l’auto mais on a perdu 20 minutes pour sortir de là, et toute chance d’être classés. Ensuite, dans Snigole Sud, on a fait une crevaison mais on ne s’est pas arrêtés. On a fait les 7 derniers kilomètres avec un pneu à plat et quand même réalisé le 6ème meilleur temps. Cela nous a permis de finir le rallye, ce que je voulais absolument.


** Lisez la seconde partie de cette entrevue exclusive de Kuno Wittmer en cliquant ici...

Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay