Gunnar qui ? Peu de gens, même des grands amateurs de Formule 1, connaissent le pilote suédois Gunnar Nilsson qui a toujours un peu été dans l’ombre de son célèbre compatriote, Ronnie Peterson. Pourtant, Nilsson a connu une carrière spectaculaire en F1. Il n’a disputé que 31 Grands Prix, mais a remporté une victoire et est monté sur le podium à quatre reprises en plus de marquer 31 points à une époque où une victoire ne valait que neuf points…
Il a disputé sa courte carrière en F1 au sein du Team Lotus à titre de coéquipier de Mario Andretti. Aux commandes d’une Lotus 77-Ford noire JPS, il a remporté une superbe victoire lors du Grand Prix de Belgique en 1977 sur une piste mouillée allant en s’asséchant. Nilsson, qui avait pris le départ de cette course aux avant-postes, a doublé la Ferrari du meneur, Niki Lauda, pour s’envoler vers une victoire pleinement méritée.
Nilsson est né le 20 novembre 1948 en Suède et commence à courir en Championnat allemand de Super Vee en 1973, se classant au cinquième rang. En fin de saison, il effectue une pige en Formule 2 au Norisring aux commandes d’une GRD techniquement dépassée. Il termine néanmoins en quatrième place.
L’année suivante, il court en Championnat allemand de F3, mais il décroche ses premiers grands succès en 1975 en remportant le Championnat britannique de F3 au volant d’une March-Toyota devant le Brésilien Alex Ribeiro et l’Américain Danny Sullivan. Nilsson décroche aussi quatre victoires en Championnat britannique Southern Organs de Formule Atlantique, au volant d’une Chevron-Ford.
Il grimpe en F1 sans faire de la Formule 2
Gunnar Nilsson signe alors un contrat avec March pour courir à temps plein en F2 en 1976. Dans le même temps, Ronnie Peterson claque la porte du Team Lotus pour joindre les rangs de l’écurie March de F1. Ainsi, March et Lotus s’entendent pour que Nilsson prenne la place de Peterson chez Lotus.
Dès sa troisième course et malgré son inexpérience, Nilsson obtient une belle troisième place en Espagne. Sa Lotus 77 n’est pas un modèle de fiabilité, mais le Suédois termine à nouveau troisième en Autriche.
Pour 1977, Colin Chapman et le Team Lotus font rouler une nouvelle voiture : la Lotus 78, première monoplace de F1 à exploiter l’effet de sol. Nilsson termine deux fois cinquième puis remporte cette superbe victoire à Zolder en Belgique.
En France, il se classe quatrième, puis troisième en Grande-Bretagne lors de ce Grand Prix qui a vu débuter un jeune Québécois en F1, Gilles Villeneuve, aux commandes d’une McLaren-Ford.
Bizarrement, ses sept courses suivantes ne lui apportent aucun succès, ni satisfaction. Il casse deux moteurs Cosworth, une boîte de vitesses, une suspension et sort de piste à deux reprises. Chapman le trouve trop irrégulier et décide de rappeler Ronnie Peterson pour la saison 1978 afin d’épauler Mario Andretti.
Ce que personne ne sait est que Nilsson a été diagnostiqué d’un cancer avancé des testicules. Cela explique en partie ses performances en dents de scie lors des derniers Grands Prix de 1977. Le Suédois n’a rien dit à propos de sa condition et a poursuivi comme si de rien n’était. Il a même signé un contrat avec la toute nouvelle écurie de F1 Arrows qui compte effectuer ses débuts en 1978. Mais ses traitements de chimiothérapie l’affaiblissent énormément, et Nilsson doit finalement renoncer à piloter pour Arrows aux côtés de Riccardo Patrese. Sa place est prise par l’Allemand Rolf Stommelen.
Lors du Grand Prix de Grande-Bretagne de 1978, tenu sur le circuit de Brands Hatch, presque personne ne reconnaît cet homme amaigri, chauve et qui porte un blouson doré Warsteiner, commanditaire de l’écurie Arrows. Il s’agit de Gunnar Nilsson qui, tout sourire, est venu rendre visite à ses copains. Nilsson sait qu’il est condamné à moyen terme.
Il s’éteint à Londres le 20 octobre 1978. Peu de temps auparavant, Gunnar et sa mère Elisabeth Nilsson, avaient créé la "Fondation Gunnar Nilsson" destinée à amasser des fonds pour financer la lutte contre le cancer.
Triste sort pour la Suède qui a perdu tragiquement ses deux pilotes de F1 en l’espace de seulement 39 jours. En effet, le 11 septembre, Ronnie Peterson perdait la vie, des suites de ses blessures subies dans le carambolage du départ du Grand Prix d’Italie à Monza.
La photo ci-dessus montre les deux pilotes suédois de F1 en pleine conversation avec Gunnar Nilsson (à gauche) et Ronnie Peterson. Et ci-dessous, Nilsson en action avec la Lotus au Grand Prix d'Argentine 1977.