Après une carrière bien remplie, le pilote écossais Jackie Stewart n’a pas participé au dernier Grand Prix de la saison 1973 et a immédiatement pris sa retraite sportive, trop affecté par la mort tragique de son ami et coéquipier au sein de l’écurie Tyrrell, François Cevert.

Stewart avait connu une carrière remarquable avec trois titres de Champion du monde, 27 victoires en Grand Prix (on se demandait bien qui allait être capable de battre un tel record !) et de juteux contrats publicitaires avec des entreprises comme Ford, Rolex et Goodyear.

L’Écossais avait pris la décision d’arrêter de courir. Il avait perdu plusieurs amis en course et la coupe était peine. De plus, il voyait en Cevert son digne successeur.

Le 24 avril 1973, après les Grands Prix d’Argentine (où il a terminé en troisième place), du Brésil (une deuxième position) et d’Afrique du Sud (où il a remporté la victoire), Stewart convoque le grand patron de l’écurie Tyrrell, Ken Tyrrell, ainsi que deux très hauts gradés de chez Ford, Walter Hayes et John Waddell, au Mark’s Club de l’hôtel Mayfair à Londres. Stewart leur annonce sa décision d’arrêter de courir en F1 à la fin de la saison et de prendre sa retraite sportive.

Sir Jackie n’en dit pas un mot à son épouse Helen, car il ne désire pas qu’elle se mette à décompter les courses qu’il reste à disputer d’ici la fin de la saison.

Stewart a commencé à courir en F1 en 1965 au volant d’une BRM et il a décroché sa première victoire dès cette première saison. Il a passé trois années chez BRM, puis a changé de camp et rejoint Ken Tyrrell dont l’écurie faisait courir des Matra. Il a décroché son premier titre mondial en 1969 et en 1970 est apparue la première monoplace Tyrrell, la 001 à moteur V8 Ford Cosworth.

Stewart a obtienu un second sacre en 1971 et la saison 1973 s’est déroulée de belle façon pour lui avec cinq victoires au cours des 11 premières épreuves.

Un troisième titre bien triste

En cette fin de saison 1973, Stewart est heureux, car il sait qu’il file vers un troisième titre, qu’il va bientôt prendre sa retraite et qu’il termine de former le Français François Cevert, un jeune pilote plein de talent et promis à un très bel avenir.

Cervert est beaucoup plus qu’un élève appliqué ; c’est presque le jeune frère de Sir Jackie. Ce dernier lui montre toutes les ficelles du métier et les trucs à connaître. À quelques courses de sa retraite, Stewart sait pertinemment que l’élève a surpassé le maître.

Lors du Grand Prix d’Italie à Monza, la Tyrrell 006 de Stewart souffre d’une crevaison en début de course. Le changement de pneus lui fait perdre plusieurs positions. Il revient en course au 20e rang, mais effectue une chevauché d’anthologie et termine au quatrième rang, ce qui lui procure sa troisième couronne mondiale.

À Mosport Park au Canada, Stewart, très relax, termine en cinquième place. Le dernier Grand Prix de la saison est disputé sur le tracé de Watkins Glen dans l’état de New York. C’est le 100e Grand Prix de Stewart.

Il ne reste que six minutes à la séance de qualification. Cevert occupe le quatrième rang tandis que Stewart est sixième. Le Français reprend la piste, mais il ne reviendra jamais.

Un silence lugubre s’abat sur le circuit et les voitures rentrent aux puits très au ralenti. Cevert a été victime d’un terrible accident. Au passage de la chicane, sa Tyrrell est partie en glissade, a rebondi et s’est retournée sur le rail de sécurité. Le pauvre Cevert n’a eu aucune chance de s’en sortir.

Stewart est inconsolable. Il vient d’encaisser un choc terrible. En soirée, il prend la décision de stopper sa carrière immédiatement et à ne pas disputer ce 100e Grand Prix. Certaines personnes affirment que Sir Jackie voulait courir, mais que son épouse Helen, très en colère, l’en a dissuadé.

Dimanche matin, avant le départ de l’épreuve, Stewart va à la rencontre des autres pilotes, leur serre la main et leur affirme que c’est terminé pour lui. Sa retraite, c’est maintenant. Plus jamais il ne participera à une course de F1.

Au cours des années qui ont suivi, Jackie Stewart a poursuivi ses activités commerciales, a été analyste de F1 à la télé américaine et a fondé sa propre écurie de F1, Stewart Grand Prix, devenue… Red Bull Racing !