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Rétro 2006 : La tentative de record de vitesse de 400 km/h d’une monoplace Honda de F1 !

Rétro 2006 : La tentative de record de vitesse de 400 km/h d’une monoplace Honda de F1 !

Mercredi 5 octobre 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Honda

Crédit photo: Honda

En 2006, l’équipe du département de marketing de Honda a eu une idée un peu folle, celle de faire rouler une monoplace de Formule 1 le plus rapidement possible et tenter de fracasser la barre des 400 km/h.

Fin 2005, après une saison décevante, l’écurie British American Racing est vendue au constructeur automobile japonais Honda. L’entreprise récupère ainsi les anciennes voitures BAR et quelques personnes ont cette idée de faire parler de Honda en tentant d’établir un record de vitesse.

Selon le site officiel de la F1, Juan-Pablo Montoya a atteint la vitesse maximale de 372,6 km/h durant le Grand Prix d’Italie de 2005 à Monza à bord de sa McLaren MP4/20 à moteur Mercedes. Plus tard en 2016, l’équipe Williams affirme que Valtteri Bottas a roulé à 378 km/h aux commandes de sa Williams sur le circuit de Baku.

Les gens de Honda créent ce projet de “Bonneville 400”, qui est d’atteindre la vitesse moyenne de 400 km/h sur une distance d’un mille (1609m) afin que cette performance soit homologuée par la FIA. Le record serait tenté sur le fameux “lac de sel” ultra plat de Bonneville dans le Utah.

Cette année-là, le pilote d’essais de l’écurie Honda est Alan van der Merwe. Lui et les ingénieurs savent fort bien qu’une voiture de F1 est limitée à une vitesse maximale de 360 ou 370 km/h avec une bonne aspiration et sur un circuit routier. Ainsi, augmenter la puissance du moteur et retirer les ailerons ne constituent pas une solution valable. La tentative doit donc être effectuée à un endroit désertique, approprié à ce genre d’exploit et possédant beaucoup de dégagement.

Les premiers essais sont effectués avec une Honda RA106 - une ancienne BAR 007 en fait - munie d’un moteur V10 Honda. Les ingénieurs optent d’abord pour une configuration aérodynamique de style Monza générant très peu d’appui. Et rien ne fonctionne. La voiture est beaucoup trop légère, la gestion électronique du moteur ne peut gérer autant de patinage des pneus arrière, trop gros et pas assez adhérent sur le sel compacté. “Je n’arrivais même pas à passer le second rapport…” a raconté van der Merwe dans une interview. Grosse déception…

La voiture est ensuite ramenée en Grande-Bretagne où elle est modifiée, améliorée. Puis, van der Merwe effectue des essais de vitesse maximale sur une des pistes de la base aérienne militaire de Lyneham.

Des sensations altérées

Il roule de plus en plus vite, progressivement à l’aise aux commandes d’une monoplace un peu instable. Fait cocasse : à un moment, l’ingénieur demande à van der Merwe d’effectuer un essai à 280 km/h. Assis dans le cockpit de la BAR, le pilote n’a pas d’indicateur de vitesse. À son retour, son ingénieur lui dit qu’il a roulé à… 360 km/h ! Van der Merwe avait probablement oublié que les rapports de la boîte de vitesses étaient effroyablement longs et qu’il roulait beaucoup plus vite qu’il ne le croyait.

Durant ces essais, l’aileron arrière est retiré et remplacé par une petite dérive verticale destinée à stabiliser l’arrière de la monoplace. La voiture et tout l’équipement sont retournés au Utah en juin et les véritables tentatives de record reprennent.

Le pilote précise que la “piste” fait 200 mètres de large et presque 18 km de long. `Tout est plat et blanc. Il n’existe aucun repère. La seule chose qui indique qu’on roule à fond est le hurlement du moteur et le puissant vent qui tente d’arracher votre casque” ajoute van der Merwe. « Nous pensions pouvoir faire le record sur une ligne droite de 4,8 km, mais à cause du patinage des pneus, nous avons eu besoin de 8 km. Un tout petit patinage des pneus arrière pouvait facilement nous faire perdre entre cinq et 10 km/h sur la distance chronométrée.

Les essais se poursuivent et van der Merwe, aux commandes de lafrêle monoplace instable, effectue quelques beaux dérapages et même des tête-à-queue.

Afin d’homologuer le record de vitesse sur terre, la FIA exige que le mile ou le kilomètre doit être parcouru dans les deux sens et de faire une moyenne afin d’éliminer toute aide que le vent peut procurer. Lors d’un essai non-officiel, van der Merwe atteint une vitesse de 413.205 km/h (soit 256.753 m/h), mais ce chiffre n’est pas homologué.

Le matin du 21 juillet 2006, la BAR 007 atteint la vitesse de 400,454 km/h dans une direction, mais elle ne peut faire aussi bien dans la direction opposée. D’autres tentatives sont infructueuses et Honda doit se contenter d’une vitesse maximale officielle de 397,360 km/h.

La barre des 400 km/h n’a pas été battue, mais l’expérience a, semble-t-il, été très profitable à Alan van der Merwe et à l’équipe technique de l’écurie Honda F1, dirigée alors par Gary Savage.