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Rétro 1990 : Le terrible accident qui a mis fin à la carrière du pilote Lotus F1 Martin Donnelly

Rétro 1990 : Le terrible accident qui a mis fin à la carrière du pilote Lotus F1 Martin Donnelly

Jeudi 29 septembre 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Dailymotion

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Pilote de grande taille, vainqueur du Grand Prix F3 de Macao en 1987 et excellent pilote d’endurance et de Formule 3000, le Nord-Irlandais Martin Donnelly a vu sa carrière sportive s’arrêter net en une fraction de seconde quand sa Lotus de Formule 1 a percuté le rail de sécurité à haute vitesse lors des premiers essais qualificatifs du Grand Prix d’Espagne fin septembre en 1990.

Donnelly, comme son coéquipier Derek Warwick, était au volant d’une Lotus 102 à moteur V12 Lamborghini toute jaune, car commanditée par Camel. Cette Lotus n’est pas super fiable et la saison de Donnelly se résume à une série d’abandons, à l’exception d’une septième place et de deux huitièmes places quand le monde de F1 s’est rendu au circuit de Jerez en Espagne.

Il est 13h52 quand les écrans de télévision montrent un corps désarticulé habillé de jaune qui git sur la piste. Immédiatement, le souvenir du corps inanimé de Gilles Villeneuve en Belgique en 1982 revient dans les mémoires et toute le monde craint le pire.

Par suite de ce qui de toute évidence est une rupture de suspension, la Lotus n’a pas ralenti et a filé tout droit à l’approche du virage No. 12. Elle a percuté avec violence le rail double à 270 km/h, avec une force de 42 g, ce qui enfoncé les rails de près de 50 cm. La force de l’impact a éclaté la monocoque à la hauteur de la jonction entre le réservoir et le cockpit. Le pauvre Donnelly a été éjecté et a glissé sur la piste, toujours retenu à son siège par les ceintures de sécurité.

Le corps disloqué du pilote repose sur l’asphalte, une jambe complètement retournée, tandis que les autres voitures passent à côté de lui à faible vitesse malgré le déploiement du drapeau rouge. La piste est jonchée de débris. La partie centrale de la coque montre que le panneau de carbone là où est fixé le siège a été arraché, exposant l’outre de carburant en caoutchouc militaire !

Seulement 30 secondes à vivre

Les premiers secouristes n’osent pas toucher au corps de Donnelly. Le Dr Sid Watkins, médecin en chef de la F1, arrive sur place, pas assez vite à son goût. Il soulève la visière du casque du pilote et constate immédiatement que son visage est bleui par le manque d’air. Il coupe la mentonnière du casque et lui retire.

« Sid m'a dit plus tard que lorsqu'il est arrivé sur place, il me restait environ 30 secondes à vivre » a raconté Donnelly dans une interview. « Je suffoquais et j'étais en train de mourir. Il a dû agir rapidement pour libérer ma langue en passant par mes narines. »

Watkins recouvre ensuite le visage de Donnelly avec un masque à oxygène et ce dernier reprend une couleur normale. Son fémur gauche facturé a sectionné une artère et il saigne abondamment. Il est transporté au centre médical du circuit. Il souffre de deux jambes fracturées, d’un traumatisme crânien, de fractures au nez, pommette et clavicule, et d’un poumon perforé. Sa poitrine porte les marques du harnais de sécurité comme un tatouage. Et il perd encore beaucoup de sang.

Il est transporté par hélicoptère vers l'hôpital Virgen del Rocio de Séville ; voyage durant lequel son cœur cesse de battre à trois reprises. Les chirurgiens procèdent aux premières opérations de stabilisation, puis le pilote est transféré par avion vers la Grande-Bretagne. Deux jours plus tard, il est placé dans un coma “artificiel” qui durera sept semaines afin de contrôler son traumatisme crânien et éviter que son corps l’abandonne.

Donnelly souffre ensuite d’un problème rénal qui nécessitera six semaines de traitements. Les médecins s’inquiètent aussi d’une énorme hémorragie près de sa fracture du fémur. Bien que cela ressemble aux blessures qu’a subies Ronnie Peterson en 1978, le Dr Watkins interdit aux médecins anglais d'amputer sa jambe droite.

Après une longue rééducation qui dure des mois auprès de Willy Dungl (celui qui s’est occupé de Niki Lauda après son accident en 1976), Donnelly peut enfin se tenir debout. Cependant, sa jambe gauche est plus courte que l’autre, ce qui lui exige de porter un soulier avec un talon compensé.

Un autre accident

Martin Donnelly n’a plus jamais couru en F1. Il a pris le volant de quelques voitures de course pour se faire plaisir et a fondé sa propre écurie de Formule Vauxhall et de Formule 3. Il a aussi travaillé encore comme instructeur de pilotage et de conduite haute performance chez Lotus Cars.

En 2019, Donnelly a été victime d’un accident stupide lors d’une course de scooters destinée à amasser des fonds pour une œuvre caritative. Il a chuté à 30 km/h et sa jambe gauche a été percutée par le scooter d’un autre participant. Le pauvre pilote a souffert d’une nouvelle fracture du fémur et a dû lutter contre une septicémie. Il s’en est remis, mais puisqu’il n’a pas pu travailler durant de longs mois, ses confrères pilotes ont effectué une levée de fonds pour qu’il paie les factures de ses traitements.

Donnelly va maintenant mieux et a repris le travail. Quel courage quand même !