Triple champion de la série NASCAR Pinty's en 2014, 2018 et 2021, le Trifluvien Louis-Philippe Dumoulin a débuté sa carrière à bord de monoplaces avant de passer aux voitures fermées en 2004.
Celui qu’on appelle affectueusement "LP" nous raconte qu’il a commencé à courir en courses sur glace à bord d’une Renault 5. « Après, en 1995, à 16 ans, j’ai gagné le championnat des mécaniciens de l’école de pilotage Jim Russel au Mont-Tremblant. On [sa famille] a ensuite acheté une Van Diemen 90 et j’ai commencé à courir en Formule Ford régionale avant de monter en championnat national en 1998. J’ai décroché des podiums. On a couru en faisant des soupers spaghetti, en récupérant des pneus et des plaquettes de freins usagés des grosses équipes, bref avec des bouts de ficelle. Heureusement, beaucoup de gens de Trois-Rivières nous ont aidé » nous raconte Dumoulin.
Au Grand Prix de Trois-Rivières de 2001, LP, au volant de la Van Diemen familiale, réalise une solide performance en terminant les deux courses en troisième et deuxième places. « Dimanche soir au pub Le Temple, mon agent Paul Corbeil a eu bien du fun avec Ian et Keith Willis [ingénieurs et propriétaires de la puissante écurie AIM Autosport]. » En fin de saison, Corbeil a contacté les Willis en leur expliquant que j'avais réellement besoin d’intégrer une équipe professionnelle pour progresser.
« Paul [Corbeil] a demandé aux Willis s’il y avait une façon de me mettre à bord d’une des deux monoplaces Aero 2 pour disputer quelques courses en 2002. Ashley Taws avait déjà signé avec AIM et l’autre voiture était disponible. Mais les Willis ont répondu qu’ils étaient intéressés à moi qu’à condition que je dispute la saison complète. Nous sommes finalement parvenus à une entente. On a hypothéqué la maison pour assurer le “crash damage” [la somme à payer si la voiture est endommagée]. Mais en réalité, nous avions juste assez d’argent pour disputer une course et demie… » précise Dumoulin, le sourire en coin.
Il ajoute : « Je n’avais donc pas le choix. Il fallait que je gagne des courses. Je passais d’une vieille Van Diemen à LA voiture qui gagnait tout en Formule Ford, l’Aero 2. J’avais une grosse pression sur les épaules ».
Un départ canon
La première course de la saison a lieu sur le rapide circuit de Mosport Park en Ontario, la piste d’essais de AIM Autosport. « J’ai décroché la pole position et gagné la course avec 0”8 d’avance sur Chris Guerrieri [sur une Vector]. Avec l’argent de la bourse, on a pu participer à la deuxième course à Montréal. Puis ainsi de suite. Et d’autres personnes m’ont appuyé en cours de saison. Ç’a été une année de rêve. On a gagné six courses sur huit et décroché le titre ».
Cependant, la saison de Dumoulin a bien failli être compromise durant la nuit de dimanche à lundi après le Grand Prix de Trois-Rivières. « Je venais de gagner les deux courses et lundi matin, on cogne à ma porte et on me dit “On s’est fait voler la remorque avec les voitures !” Moi, je crois que c’est une farce… “Non, non. La SQ est là. Les voitures ont disparu !” On s’en allait courir à Mosport 15 jours plus tard et l’Aero 2 était super efficace à Mosport. Heureusement, avec l’aide du public, la Sûreté du Québec a retrouvé les voitures et la remorque dans un champ de blé d’inde en moins de 24 heures…»
Bien que mathématiquement champion de la série à Mosport le 17 août 2002, Louis-Philippe a vraiment célébré son titre sur le circuit du Mont-Tremblant le 28 septembre, mais pas de la façon qu’il l'avait souhaité. « Je me suis qualifié en pole position et vers la fin du premier tour de la course, au bout de la ligne droite, l’embout d’une tige de suspension arrière a cassé net. J’ai tenté de doucement mettre la voiture en tête-à-queue pour la ralentir, mais j’ai traversé le Gulch et elle s’est arrêtée juste devant le muret de protection » raconte Dumoulin qui, en bordure de la piste, a vu Chris Green gagner la course, mais lui était heureux, car enfin champion !
Louis-Philippe avoue que cette saison 2002 fut réellement importante dans son développement de coureur automobile. « J’ai énormément appris avec les frères Willis. On a fait de l’acquisition de données, de la vidéo, affiné mon pilotage et procédé à des ajustements sur ma voiture. Ils ont vraiment réglé l’auto à mon style de pilotage. Ce fut une expérience formidable qui m’a aidé à travailler avec des équipes professionnelles durant la suite de ma carrière » termine L-P qui dit ne conserver que d’excellents souvenirs de cette époque.
« Nous sommes beaucoup trop occupés en ce moment avec la série Pinty’s, mais j’aimerais vraiment disputer une course de F1600 pour le fun au Mont-Tremblant, juste pour cette sensation extraordinaire de prendre le virage 1 le pied à fond sur l’accélérateur ! » termine-t-il.