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Rétro 1957 : L’époustouflante remontée de Juan Manuel Fangio au Grand Prix d’Allemagne sur le Nürburgring

Rétro 1957 : L’époustouflante remontée de Juan Manuel Fangio au Grand Prix d’Allemagne sur le Nürburgring

Samedi 17 septembre 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Certains pilotes talentueux ont effectué des remontées spectaculaires dans le peloton pour grimper sur le podium ou même remporter la victoire. Cette année, on a pu assister à des progressions spectaculaires dans le peloton, comme celles de Max Verstappen, Carlos Sainz ou Lewis Hamilton. Dans cette veine, l’exploit réalisé par Juan Manuel Fangio en 1957 fut tout simplement époustouflant.

Retour en 1957. Le Championnat du monde de Formule 1 ne compte que huit manches si on inclut les 500 Milles d’Indianapolis qui faisaient partie du calendrier à ce moment. Le Grand Prix d’Allemagne, sixième étape, est disputé sur le long et terrifiant Nordschleife du Nürburgring le 4 août.

Lors des qualifications, Juan Manuel Fangio, déjà quatre fois Champion du monde, réalise la pole position avec un temps de 9’25”6 aux commandes de sa Maserati 250F. Second sur la grille de départ on retrouve Mike Hawthorn sur une Ferrari 801 en 9’28”4, puis viennent Jean Behra à bord d’une autre Maserati 250F avec un chrono de 9’30”5 et ensuite Peter Collins sur une Ferrari 801 en 9’34”7.

Avant le départ de la course, Fangio et ses mécanos chez Maserati observent avec attention ce qui se passe chez leurs rivaux de Ferrari. Ils comprennent que la Scuderia va faire prendre le départ à ses monoplaces avec le plein d’essence et des pneus durs afin d’éviter de devoir ravitailler durant la course.

Fangio décide alors de faire le contraire et de prendre le départ avec sa Maserati chaussée de pneus tendres et le réservoir rempli qu'à moitié. Plus rapide et plus agile, la Maserati pourra s’arrêter pour ravitailler et revenir en course beaucoup plus performante pour la seconde moitié de l’épreuve.

La course de 22 tours démarre et Hawthorn prend immédiatement la tête.  Mais au cours du troisième tour, Fangio se glisse en tête et commence à s’éloigner du reste du peloton. Fangio dispose d’une avance d’une trentaine de secondes sur Hawthorn et Peter Collins quand il s’arrête au 13e tour. Et là, c’est la catastrophe…

Le responsable du changement la roue arrière droite de la Maserati défait l’écrou qui tombe par terre et roule plus loin sous le bolide ! La nouvelle roue est mise en place et le mécano perd de précieuses secondes à chercher désespérément le fameux écrou ! Il le trouve finalement, le serre en place et Fangio revient dans l’action en troisième position à 48 secondes de Collins qui occupe le second rang.

Fangio fracasse les records

L'Argentin n’a pas d’autre choix que de pousser sa machine au maximum de ses possibilités et d’aligner les tours de qualification dans l’espoir de rejoindre ses deux rivaux et peut-être les doubler.

Au cours de son premier tour après son arrêt catastrophique, Fangio retranche 15”5 à l’avance que détient Hawthorn en première place. Au tour suivant, c’est un autre 8”5 qu’il lui prend. L’Argentin est déchaîné et prend des risques. Au cours des 10 tours qui suivent son arrêt, il fracasse le record du tour à neuf reprises dont sept fois consécutives.

Au cours du 21e tour, Fangio rejoint enfin la Ferrari de Collins et il la double à l’intérieur du virage de la terrasse Esso. Un peu plus tard durant le même tour, Fangio plonge à l’intérieur du virage droite-gauche qui précèdent le pont de Breidscheid. Fangio négocie les virages avec deux roues sur l’asphalte et les deux autres dans le gazon, et double Hawthorn.

Toutefois, le Britannique ne capitule pas. Il attaque Fangio quelques virages plus tard, mais rate son dépassement de peu. Les deux bolides sont soudés ensemble quand ils amorcent le dernier tour. Fangio a poussé très fort pour effectuer sa remontée et il ne parvient pas à se débarrasser de Hawthorn.

La Maserati de Fangio croise l’arrivée en première place après 3h30’38”8 d’efforts prodigieux. Hawthorn se classe second et n’accuse qu’un retard de trois secondes. Collins est troisième devant Luigi Musso sur une autre Ferrari (mais à trois minutes et 37 secondes de Fangio !)

Le grand Fangio décroche donc sa 24e et dernière victoire en Formule 1. Il remporte aussi du coup son cinquième et dernier titre mondial des pilotes. Il a pris tous les risques pour gagner cette course et il n’a pas du tout l’intention de répéter une telle folie. D’ailleurs, il ne participera qu’à deux Grands Prix en 1958 avant de tirer sa révérence et de profiter de sa retraite.