Plusieurs accidents très graves sont survenus au fil des ans sur le circuit Enzo & Dino Ferrari d’Imola. On n’a qu’à penser à ceux d’Ayrton Senna, Gerhard Berger, Nelson Piquet, Roland Ratzenberger et Gilles Villeneuve.
Le pilote québécois a bien failli y laisser sa peau lors du Grand Prix d’Italie de 1980 présenté, pour la première fois de l’histoire, à Imola et non pas au légendaire “temple de la vitesse ”qu’est Monza.
La raison était que des travaux majeurs de sécurité devaient être réalisés à Monza suite à l’accident qui avait coûté la vie à Ronnie Peterson au moment du départ du Grand Prix de 1978.
C’est à l’occasion de cette épreuve d’Imola en 1980 que Villeneuve fait débuter en public la toute nouvelle Ferrari turbo de Formule 1, la 126C. Bien que rapide, elle manque cruellement de fiabilité et la Ferrari turbo n’apparaît qu’une seule fois en piste avant de rentrer à Maranello dans un camion de la Scuderia.
Villeneuve et son coéquipier, Jody Scheckter, le Champion du monde en titre, poursuivent le week-end à bord des désastreuses 312 T5 à moteur atmosphérique 12 cylindres ; des voitures inefficaces à la tenue de route imprévisible.
Samedi, les qualifications commencent et Scheckter est victime d’un gros accident dans la grande courbe à droite qui précède le virage lent de Tosa. Le Sud-Africain était en train de chauffer ses pneus quand sa T5 lui a échappé des mains à 220 km/h et s’est fracassée contre le mur de béton.
Scheckter, qui est à trois courses de prendre sa retraite, est indemne, mais souffre d’un gros mal de tête. La Ferrari est détruite et Jody, courageux, s’installe au volant du mulet pour poursuivre la séance. Mais son cœur n’y est plus et il voudrait bien être ailleurs.
Villeneuve se qualifie au huitième rang au volant de sa T5, à près de deux secondes du détenteur de la pole position, René Arnoux, sur une Renault RE20 turbo.
Un impact violent
La course démarre et au quatrième tour, Villeneuve double l’Alfa Romeo 179 de Bruno Giacomelli pour lui prendre la quatrième place. L’ordre est donc Nelson Piquet (Brabham) en tête devant Jean-Pierre Jabouille (Renault), Arnoux et Villeneuve.
Nous en sommes au sixième tour. Au moment où la Ferrari de Villeneuve négocie le virage à droite avant Tosa à plus de 280 km/h, le pneu arrière droit se désagrège en une fraction de seconde. La Ferrari effectue un tête-à-queue sur la piste puis percute presque de face le mur, ironiquement au même endroit où Scheckter a eu son accident !
Le T5 explose en morceaux sous la force de l’impact. Si le moteur reste attaché à la coque, tout le train arrière se sépare du reste de la voiture. Villeneuve est assommé par la roue avant gauche arrachée. Après l’impact, ce qui reste de la monoplace rebondie et la coque s’immobilise en bordure de la piste où arrive le reste du peloton.
Très secoué, Villeneuve lève les bras au ciel pour montrer qu’il est conscient et pour signaler sa présence aux autres pilotes. Cependant, durant une trentaine de secondes, il ne voit plus rien, ce qui l’angoisse. Il a aussi très peur de se faire harponner par une autre voiture arrivant à pleine vitesse.
Les secours arrivent enfin sur place et aident l’infortuné pilote à s’extraire de l’épave. La visière de son casque est cassée d’un côté. Il est sérieusement sonné et va subir un premier examen à la clinique médicale du circuit. Par après, il se rend dans un hôpital pour y subir un scanner du cerveau qui ne révèle rien d’inquiétant.
Durant les semaines qui ont suivi, Villeneuve a toutefois eu du mal à dormir et plus tard, il aura besoion de porter des lunettes pour lire.
Le Québécois fut toutefois rassuré par la stupéfiante robustesse de la coque de la T5, car l’habitacle et le pédalier n’étaient presque pas endommagés. Cette solidité l’a fort probablement sauvé de graves blessures, tout comme ce fut le cas avec Jody Scheckter.