Le 30 août 1992, Michael Schumacher est devenu le premier pilote de nationalité allemande à remporter une victoire dans un Grand Prix de Formule 1 depuis Jochen Mass sur une McLaren en Espagne en 1975.
Tout porte à croire que l’Allemagne vient alors de trouver la perle rare. Car plusieurs pilotes allemands ont couru en F1 avant Michael Schumacher, des coureurs comme Mass, Hans-Joachim Stück, Rolf Stommelen, Christian Danner, et Manfred Winkelhock. Un jeune prodige avait effectué ses débuts en F1 en 1984 : Stefan Bellof. Le surdoué si prometteur a tragiquement trouvé la mort sur le tracé de Spa-Francorchamps durant l’été 1985 au volant d’une Porsche 956B d’Endurance.
C’est à ce moment qu’un jeune Allemand fait des ravages en karting, en Formule Ford, puis en Formule 3. Il s’agit de Michael Schumacher. Bien guidé par son mentor et agent d’affaires Willi Weber, Schumacher effectue des débuts spectaculaires en F1 lors du Grand Prix de Belgique en 1991 au volant d’une Jordan à moteur Ford.
Schumacher est alors immédiatement et habilement récupéré par l’écurie Benetton de Flavio Briatore et Tom Walkinshaw. L'Allemand devient le coéquipier de Martin Brundle chez Camel Benetton en 1992. Les deux conduisent des Benetton-Ford B192 propulsées par des moteurs V8 atmosphériques Ford HB Série 5.
Cette Benetton est l’œuvre de Ross Brawn, Rory Byrne, Willem Toet, Frank Dernie et Pat Symonds. Que des ingénieurs de grand talent. Cependant, la B192 ne dispose pas des aides électroniques au pilotage qui permettent à la Williams-Renault FW14B d’être nettement au-dessus du lot. On parle ici d’une transmission semi-automatique, d’une suspension active, de freins ABS et autres.
Le Britannique Nigel Mansell démonte la nette supériorité de la Williams en s’appropriant la pilote position du Grand Prix de Belgique avec un chrono de 1’50”545. Ayrton Senna, au volant s’une McLaren-Honda MP4/7A, est relégué è 2”198 (pas deux dixièmes de seconde, mais bien deux secondes pleines !) avec un temps de 1’52”743. Schumacher s’est classé troisième en 1’53”221, juste devant le coéquipier de Mansell, Riccardo Patrese en 1’53”557.
Jusqu’ici, Schumacher avait démontré beaucoup de vitesse, mais avait aussi commis quelques grosses erreurs, comme celle d’avoir raté son premier freinage en France et harponné la McLaren de Senna. “Schumi” avait accumulé plusieurs deuxièmes et troisièmes places et marqué des points à huit reprises lors des 11 courses précédentes.
Nuage sombres et pluie au menu
Le départ du Grand Prix de Belgique est donné sous un ciel menaçant. Tout le monde sait qu’il va pleuvoir, mais quand ? Le début de la course de 44 tours est une lutte pour la tête entre Mansell et Senna. Puis, quelques gouttes de pluie commencent à tomber, et une partie du long circuit devient mouillée et glissante, mais pas l’autre où l’asphalte demeure sec. Mansell mène tandis que Schumacher attaque Senna.
La pluie s’intensifie et il est nécessaire de faire monter des pneus pluie. Certains s’arrêtent tandis que d’autres choisissent de rester en piste en espérant que l’averse cesse rapidement. Senna occupe la tête un moment, mais Mansell prend la commande quand Senna s’immobilise enfin après avoir attendu la fin de la pluie, pour rien.
Vers la mi-course, la pluie cesse et la trajectoire commence à s’assécher. Mansell est loin devant la bataille pour la seconde place qui oppose Patrese à Schumacher. L’Allemand glisse dans un virage et sa Benetton saute par-dessus les vibreurs, sans conséquence. Son coéquipier, Martin Brundle le double au 30e tour, ce qui permet à Schumacher de constater l’état déplorable des pneus pluie de la Benetton de son équipier.
Schumacher décide donc de s’arrêter tout de suite aux puits pour faire monter un train de pneus lisses. Mystérieusement, l’écurie Williams ne réagit pas et laisse ses deux pilotes en piste aux prises avec des pneus pluie détruits.
Au 38e tour, Mansell stoppe enfin et revient en piste avec des pneus lisses. Mais le mal est fait : Schumacher vole littéralement ! Pire, il s’éloigne progressivement de Mansell. Avec quatre tours à faire, l’Allemand possède 24 secondes d’avance sur le moustachu Mansell dont la Williams souffre d’une rangée d’échappements cassés. Un an seulement après avoir effectué ses débuts en F1 à bord d’une Jordan, Michael Schumacher récolte sa première victoire !
Nigel Mansell se classe second, puis suivent Riccardo Patrese, Martin Brundle, Ayrton Senna et un tout jeune Mika Häkkinen aux commandes d’une Lotus-Ford 107.
Cette victoire de Schumacher représente aussi la dernière d’une transmission manuelle en F1 ! Par la suite, toutes les victoires acquises le seront avec des transmissions robotisées activées par des palettes au volant.