C’est en 1974 qu’est officiellement née la série de Formule Atlantique au Canada et qui a vu Gilles Villeneuve effectuer ses débuts à bord de ces monoplaces munies d’ailerons et de pneus lisses.
Effectuons un petit rétropédalage afin de voir comment cette série a débuté. En 1965, le SCCA américain met sur pied un championnat réservé à des monoplaces de Formule B ; des voitures issues de la Formule Junior et dont les performances se situaient entre celles la Formule 3 et la Formule 2 de l’époque.
La règlementation exigeait des monoplaces de 968 livres (440 kilos), propulsées par des moteurs quatre cylindres variant entre 1,1 et 1,6 litre, sans suralimentation et dotés de double arbres à cames en tête. La boîte de vitesses était à cinq rapports et le réservoir d’essence ne devait pas contenir plus de 15 gallons, soit 57 litres. On y retrouvait des Lotus-Alfa Romeo, des Lotus-Ford, des Cooper-Ford et Cooper-Alfa. D’autres moteurs étaient permis, mais ils étaient très peu populaires. On parle ici des blocs BMW, Datsun, Fiat et Porsche.
La Formule B, qui se voulait être relativement économique, a commencé aux États-Unis, puis elle a émigré au Canada et au Royaume-Uni en 1971. C’est à ce moment que le moteur Ford est devenu extrêmement populaire en Formule B.
En 1971, la Formule B est devenue un championnat national canadien grâce à la commandite de Player’s. À cause de la similitude qu’elle avait avec les Formules 2 et 3, il était relativement “facile” de se procurer un de ces châssis et de l’adapter aux moteurs éligibles. Ainsi, les constructeurs Brabham, Lotus, March et Chevron ont fourni des dizaines et des dizaines de châssis aux compétiteurs de Formule B.
Ainsi, durant trois saisons, de 1971 à 1973, le Challenge Player’s a été présenté sous la gouverne du règlement de la Formule B. Les trois champions ont été Jacques Couture, Brian Robertson et Bill Brack.
Face à la popularité grandissante de cette catégorie de monoplaces, les organisateurs ont décidé, en 1974, de moderniser le règlement technique et d’obliger l’utilisation d’un moteur monotype, le Cosworth BDA, une évolution du moteur Ford désormais munie de quatre soupapes par cylindre et préparée par Cosworth.
La saison 1974 fut disputée en sept manches présentées dans six provinces canadiennes (incluant Sanair au Québec avec 33 participants !) et d’une course hors-championnat tenue à l’occasion du Grand Prix de Trois-Rivières et qui a accueilli 37 pilotes dans le paddock !
La série canadienne constituait une excellente vitrine médiatique. Elle offrait l’immense avantage de présenter des résumés des épreuves à la télévision à TVA et dans le cadre de l’émission “Wide World of Sports” présentée sur les ondes de CTV. De plus, la série distribuait d’intéressantes bourses en argent.
L’arrivée en scène de Gilles Villeneuve
La première course de Formule Atlantique - le nouveau nom de cette série désormais sanctionnée par le CASC, la fédération canadienne du sport automobile - fut présentée le 26 mai 1974 sur le circuit routier de Westwood à Port Coquitlam en Colombie-Britannique.
Aux commandes d’une Chevron B27, Allan Lader avait remporté la victoire devant Bobby Brown et un certain Gilles Villeneuve qui pilotait une March 74B d’Écurie Canada commanditée par Schweppes.
Puis, le Torontois Bill Brack a gagné la course de 40 tours tenue à Edmonton le 2 juin. Le 16 juin, Tom Klauser, sur une Lola, a remporté la victoire à Gimli. À Mosport le 2 juillet, Brack a obtenu une seconde victoire alors que Villeneuve se fracturait une jambe dans un accident survenu dans le virage 3.
L’épreuve de 79 tours présentée sur le petit circuit routier de Sanair fut remportée par Brack tandis que Klauser amassait une seconde victoire à St. John's (Terre-Neuve) et que Brack gagnait une autre fois à Halifax. Cette course marquait le retour de Villeneuve à la compétition, terminant en neuvième place.
Présentée le 1er septembre, la course du Grand Prix de Trois-Rivières, une épreuve hors-championnat, a vu Klauser remporter une autre victoire devant deux pilotes français, Jean-Pierre Jaussaud et Patrick Depailler. À cette occasion, Villeneuve n’avait pas complété un tour en course, ayant été victime d’un accident.
Brack, qui a piloté une Lotus 59/69-Ford DBA et une Chevron B27-Ford cette saison-là, a décroché le premier titre de la Formule Atlantique.
Les premières années de la Formule Atlantique ont permis à plusieurs pilotes canadiens de s’illustrer. On peut penser à Gilles Villeneuve, Craig Hill, Peter Broeker, Bill Brack, Bruce Jensen, Marcel Talbot, Gilles Léger, Mauro Lanaro et Richard Spénard.
La photo ci-dessus montre Gilles Villeneuve qui sort des puits au circuit du Mont-Tremblant aux commandes de sa March 75B lors de l’épreuve présentée le 6 juillet 1975.