Le pilote québécois Bruno Spengler a décroché sa première victoire en DTM allemand le 23 juillet 2006 sur le circuit urbain du Norisring aux commandes d’une Mercedes Classe-C officielle.
Si Bruno Spengler est assez méconnu ici au pays, c’est parce qu’il a essentiellement couru en Europe, que ce soit en karting ou en automobiles, mais toujours avec une licence de compétition canadienne.
Né en Alsace en France en 1983, Bruno et ses parents, Alexis et Corinne, sont venus s’établir à Montebello quand Bruno était tout petit. Casse-cou, il a trouvé son bonheur en courant en karting et a été sacré deux fois champion de France. Puis, il passe à la monoplace et devient champion de la Fran-Am nord-américaine puis vice-champion de la Formule Renault 2.0 européenne. La Formule 3 ne lui procure pas beaucoup de succès, faute de piloter des voitures vraiment compétitives.
Mercedes le recrute et le fait courir en DTM. Après une première saison remplie de promesses, il passe dans l’écurie officielle Mercedes HWA pour la saison 2006 aux côtés de Bernd Schneider, Mika Häkkinen et Jamie Green. Après avoir terminé en deuxième place sur le tracé d’Oschersleben (ce qui le place au quatrième rang du championnat DTM), Spengler revient au Québec et assiste au Grand Prix du Canada avec l’écurie McLaren-Mercedes.
Puis, c’est le retour en Allemagne à Nuremberg où se déroulera l’épreuve de Norisring disputé dans les rues de la ville; une sorte de Grand Prix de Trois-Rivières allemand.
L’événement phare de la saison
Avec ses 147 000 spectateurs, le Norisring est de loin la course la plus populaire de la saison du DTM. C’est le joyau de l’année, comme l’est le Grand Prix de Monaco en Formule 1, les 500 Milles d’Indianapolis en IndyCar et les 24 Heures du Mans en Endurance.
Le tracé de 2,3 km du Norisring n’est pas tellement compliqué, mais il est bordé de murets de béton et avec ses deux virages en épingle et il est terriblement exigeant pour les freins.
Aux commandes de sa AMG-Mercedes Classe-C No. 9 commanditée par DaimlerChrysler Bank, Spengler signe le meilleur chrono des premiers essais libres et le deuxième temps lors des suivants. Les chronos sont très serrés, car les 18 premiers pilotes sont groupés en seulement 0”6 !
Samedi matin, le Québécois réalise encore une fois le meilleur chrono des essais, puis ce sont les qualifications en après-midi. Il réalise le troisième temps à seulement 0”133 du détenteur de la pole position, Jamie Green. Bernd Schneider s’est inséré entre eux deux tandis que Jean Alesi est quatrième devant Mika Häkkinen et Mattias Ekström.
Son ingénieur de piste, Thomas Strick, établit une stratégie de course particulièrement osée. Il décale le moment du ravitaillement en pneus et en essence pour que son pilote profite d’une piste dégagée et signe des tours extrêmement rapides.
C’est ce qui survient. Une fois tous les pit stops effectués, Spengler est en tête de la course, mais Schneider, ancien pilote de Formule 1 et quadruple champion du DTM, roule accroché à son pare-chocs arrière et lui met une pression énorme.
Spengler n’a pas le droit à l’erreur. Avec tous ces murs, un simple écart de trajectoire se paie cher. En cas de faute, le champion allemand n’hésitera pas un instant à doubler son coéquipier, car il n’y a pas de consignes d’équipe.
Le 74e et dernier tour de piste est angoissant. Le dernier freinage l’est tout autant. Le drapeau à damier est finalement déployé et salue la première victoire en DTM de Bruno Spengler. En fin de parcours, il a roulé si vite qu’il a battu le record du tour réalisé l'année précédente par Gary Paffett.
Aucun pilote canadien, ni nord-américain, avait encore remporté une victoire dans cet illustre championnat européen de voitures de tourisme. Deux de ses idoles, Schneider et Mika Häkkinen, l’accompagnent sur le podium.
Bruno Spengler va remporter quatre victoires en 2006 et se classera second au championnat, avec seulement huit petits points de retard sur Schneider qui récolte son cinquième et dernier titre en DTM.