Disputée ce week-end, la 90ème édition des 24 Heures du Mans a logiquement vu Toyota signer un nouveau doublé au classement général, au terme d’une course qui passera à l’histoire comme l’une des moins spectaculaires jamais vues.
Il faut dire que les organisateurs avaient d’une certaine manière fait le nécessaire, avant même le départ, pour priver les fans du moindre rebondissement, décidant de pénaliser de pas moins de 13% de puissance la seule voiture qui pouvait réellement contester la victoire aux Toyota, l’Alpine A480 lauréate en début de saison à Sebring et qualifiée 3ème. Une Balance des Performances (BoP) décidée entre les qualifications et la course, qui n’a certainement pas aidé à la crédibilité de cette épreuve pourtant légendaire.
Dès le départ de la course, les Toyota GR010 Hybrid se sont donc envolées en tête, sans le moindre souci et sans forcer la mécanique. Une véritable promenade a suivi, sous une météo parfaite avec du soleil et une nuit clame sous des températures optimales pour les mécaniques (24 degrés le jour, 16 la nuit).
Retardée par une petite sortie de José-Maria Lopéz et des soucis mécaniques au lever du jour, la Toyota No.7 a cédé la victoire à la No.8, celle que Sébastien Buemi avait qualifiée en pole position avant de mener les premières heures. À la ligne d’arrivée, un peu moins d’un tour sépare la Toyota du trio lauréat, Buemi/Hartley/Hirakawa, de Lopez associé à Mike Conway et Kamui Kobayashi. Pour le Suisse Sébastien Buemi, c’est la 4ème victoire, pour le Néo-Zélandais Brendon Hartley sa 3ème et pour le Japonais Ryo Hirakawa la 1ère, dès ses débuts aux 24 Heures du Mans. C’est aussi le 5ème triomphe consécutif de Toyota.
Le podium est complété par la première Glickenhaus, celle de Ryan Briscoe, Franck Mailleux et Richard Westbrook. Ce prototype finit à 5 tours des Toyota et précède la voiture-sœur, la Glickenhaus de Pipo Derani, Romain Dumas et Olivier Pla. Retardée par deux excursions hors-piste de Mathieu Vaxivière et des soucis mécaniques, l’Alpine est classée seulement 23ème toutes-catégories.
5ème au général et lauréat en classe LMP2, l’Oreca-Gibson du Jota Sport pilotée par Roberto Gonzalez, Antonio Félix da Costa et Will Stevens a dominé du début à la fin sa catégorie, surprenant ainsi les favoris que sont les équipes WRT, Prema (2ème) et Penske.
En classe GTE Pro, les Chevrolet Corvette C8.R étaient avantagées par la BoP pour cette 90ème édition mais des soucis mécaniques sur la No.63 et un accident avec une LMP2 pour la No.64 les ont contraintes à l’abandon. Une Porsche officielle, la 911 RSR No.91 de Fred Makowiecki, Gianmaria Bruni et Richard Lietz, s’impose et finit 27ème toutes-catégories. Deux Ferrari complètent le podium.
En GTE Am, la victoire revient à l’Aston Martin de l’écurie TF Sport pilotée par Ben Keating, Henrique Chaves et Marco Sorensen, devant la Porsche 911 RSR du trio Cooper MacNeil, Thomas Merrill et Julien Andlauer.
Les deux pilotes canadiens au départ de cette édition 2022 évoluaient dans cette classe. Paul Dalla Lana, dont nous vous invitons à lire le portrait dans la nouvelle édition du magazine Pole-Position (cliquez ici pour profiter de notre promotion spéciale), a été constamment dans le Top 5. Il amène son Aston Martin Vantage partagée avec Nicki Thiim et David Pittard en 3ème place.
Moins de succès en revanche pour Zach Robichon, qui débutait à l’événement. Engagé sur l’une des Porsche du Proton Compétition, il avait pour équipiers Matt Campbell, pilote officiel Porsche, et l’acteur Michael Fassbender. Ce dernier débutait lui aussi au Mans mais contrairement à Zach, il n’a jamais été dans le bon rythme. Pire encore, il a endommagé par deux fois (aux essais libres puis en course), la 911 RSR No.93, privant ainsi l’équipage de tout bon classement. Le trio Campbell/Robichon/Fassbinder termine 16ème des GTE Am, 51ème toutes-catégories.
On peut comprendre que les organisateurs cherchent à attirer des vedettes médiatiques comme Fassbender à leur épreuve. Après tout, Le Mans, dans l’attente du retour de constructeurs l’an prochain, a grand besoin de visibilité, mais ce genre de pilote est dangereux pour lui come pour les autres. Fassbender n’est certes pas un mauvais pilote mais il n’est tout simplement pas encore au niveau requis pour une telle épreuve. Le voir évoluer en piste plus lentement de 10 à 12 secondes par tour que Campbell et Robichon était quelque peu… gênant !
Des pilotes amateurs en Endurance, il y en a toujours eu. Certains comme Paul Dalla Lana ou le trio de l’équipe Iron Dames (Rahel Frey, Michelle Gatting, Sarah Bovy) sont très talentueux, d’autres doivent impérativement progresser avant de se lancer dans des courses où ils vont devoir se mêler à un trafic de prototypes qui roulent parfois 100 km/h plus vite !
Pour revenir à cette édition 2022 des 24 Heures du Mans, signalons qu’il a fallu attendre la 19ème heure pour voir la direction de course devoir neutraliser l’épreuve, suite à la sortie de piste de Robin Frijns avec l’une des trois Oreca de l’équipe WRT. Cette voiture a abandonné suite à cet accident au virage d’Indianapolis.
Pour le classement complet, cliquez ici. La prochaine course du Championnat du monde d’Endurance aura lieu le 10 juillet, lors des 6 Heures de Monza.