Le pilote français Patrick Depailler était bien connu des amateurs de courses automobiles québécois. Il est souvent venu courir au Grand Prix de Trois-Rivières et ailleurs en Amérique du Nord, en Formule Atlantique ainsi qu’en Can-Am.

À l’image de Gilles Villeneuve, Depailler ne venait pas d’une riche famille et il s’est construit lui-même en dépit des épreuves et des difficultés. Sa carrière a d'ailleurs été soudainement stoppée à cause d’un grave accident survenu non pas au volant d’une voiture de course, mais en pratiquant une activité certes risquée, mais très relaxante pour lui.

Né à Chamalières en Auvergne, Patrick Depailler a commencé à courir à moto avant de devenir champion de France de Formule 3 en 1971 et de gagner le Grand Prix de Monaco F3. Il court aussi en Endurance avec Alpine, Renault, Matra et Ligier et en 1974, il débute en Grand Prix avec l’écurie Tyrrell et devient champion d’Europe de Formule 2.

Son premier triomphe mettra du temps à se concrétiser. Il accumule les deuxièmes places - huit en fait - avant de gagner (enfin) dans les rues de Monaco en mai 1978. Guy Ligier désire alors aligner une équipe à deux voitures pour la saison 1979 et cherche un coéquipier à Jacques Laffite. Il nomme Depailler.

Vite, des frictions ruinent l’harmonie qui règne entre Laffite et Depailler. Laffite considérait l’écurie Ligier comme "son" équipe et aurait probablement préféré que Guy Ligier impose des consignes afin de le faire gagner au détriment de Depailler. Quand ce dernier gagne le Grand Prix d’Espagne à Jarama après un abandon de Laffite sur bris de moteur, la situation devient encore plus tendue.

Après le Grand Prix de Monaco 1979, Depailler prend quelques jours de repos afin de pratiquer un sport de grandes sensations qu’il affectionne : le deltaplane. À ce moment, le Français apparaît au troisième rang au classement des pilotes, ex-aequo avec Carlos Reutemann et Gilles Villeneuve.

Une activité risquée

Le dimanche 3 juin, Depailler profite d’une magnifique journée pour voler près du Puy-de-Dôme.

Vers 19h, en début de soirée, il survole un versant quand un courant d’air rabattant projette le deltaplane contre une paroi rocheuse à près de 70 km/h. Le choc est terrible.

Heureusement, des amis ont vu ce qui s’est passé et contactent immédiatement les secours. Depailler est évacué par hélicoptère vers la clinique de la Chataigneraie à Clermont-Ferrand. Il ne s’est passé qu’une heure trente entre le moment de l’accident et la prise de radiographies.

Le pilote Ligier souffre de multiples fractures au tibia et au péroné de la jambe droite, de l’écrasement du talon du pied gauche et d’une fêlure du scaphoïde de la main gauche. Il subit une opération chirurgicale de cinq heures afin de tout remettre en place et le plâtrer.

Après deux semaines de stabilisation à Clermont-Ferrand, il prend la direction de Paris pour y subir d’autres soins. Après une seconde opération qui dure trois heures et effectuée le 22 juin, il est couché dans un dans un lit d’eau. En revanche, le lit est instable, ce qui provoque deux hématomes dont on a craint qu’ils provoquent une infection. Heureusement, ses plaies se referment.

Par la suite, Depailler est opéré à deux autres reprises et il commence à effectuer les exercices de rééducation : redonner de la force à ses jambes et augmenter la mobilité de ses deux chevilles, essentiel pour effectuer le talon-pointe dans le cockpit d’une F1.

Ironiquement, Depailler s’était déjà infligé des blessures semblables en septembre 1973 quand il avait percuté de face un arbre à 80 km/h lors d’une sortie à moto tout terrain.

En ce début d’été 1979, Patrick pense être de retour en action pour le Grand Prix de Hollande, présenté fin août. Malgré la douleur, il serre les dents et effectue tous les exercices requis. Mais sa masse musculaire a fondu et il manque terriblement de force dans les jambes. Pendant ce temps, Guy Ligier a fait appel à Jacky Ickx pour remplacer Patrick Depailler aux commandes de la Ligier No.25.

Depailler ne reviendra en F1 qu’au début de la saison suivante, en 1980, très affaibli et amaigri, avec l’écurie officielle Alfa Romeo.

Il a tragiquement perdu la vie lors d'essais privés sur le circuit d'Hockenheim, le 1er août 1980, quand sa Alfa F1 est violemment sortie de piste à 280 km/h dans le virage Ostkurve.