Tel que souligné dans notre précédente nouvelle à ce sujet, le Lavallois Yves Barbe est le seul pilote engagé à l’édition 2022 du Rallye Perce-Neige, l’épreuve d’ouverture du Championnat canadien, qui a déjà gagné l’événement au siècle dernier, en 1993 plus précisément.
Vétéran de la discipline, Barbe n’est pas revenu uniquement pour le plaisir de la compétition en 2019, après une quinzaine d’années d’absence. Il avait pour objectif de s’établir parmi les pilotes ayant acquis le statut Grand Maître de la discipline au Canada.
Mais le rallye a changé depuis une dizaine d’années, les budgets et les performances sont à la hausse. Y-a-t-il encore place pour cette génération des pilotes amateurs, passionnés et talentueux ? Sans doute, à condition d’être réaliste ! « Lors de mon retour au Rallye Baie-des-Chaleurs en 2019, je ne pensais pas que ce serait si difficile d’amasser des points au Championnat canadien des rallyes, afin de me hisser au niveau Grand Maître » reconnaît Yves Barbe.
Bien plus que l’âge, ce sont les méthodes du rallye moderne qui lui ont rendu la vie difficile : « il faut savoir s’adapter rapidement aux nouveaux rallyes de performance, notamment la précision des notes et les nouvelles configurations des voitures de rallye ». L’annulation de la saison 2020 et les restrictions gouvernementales ayant entraîné le report et parfois le retrait de certains événements l’an dernier n’ont pas non plus aidé la cause des concurrents ces deux dernières années.
Yves Barbe doit encore marquer 240 points, selon le barème spécifique de pointage à vie des pilotes et co-pilotes au Canada, pour acquérir le statut Grand Maître. Cela signifie qu’il doit se classer sixième ou mieux d’un événement. « Aurais-je le temps avant que la vieillesse me rendre incapable de continuer ? Dieu seul le sait et le diable s’en doute, comme dirait ma défunte mère » ironise Yves, qui reconnaît cependant que 2022 est une année charnière : « J’ai 5 rallyes dans la mire et il faut maintenant espérer que les efforts mis lors des 3 dernières années vont rapporter cette saison ».
Barbe se présentera au Rallye Perce-Neige avec un nouveau copilote, Matthieu Toupin, bien décidé à relever le défi. « Je suis bien content de son arrivée à mes côtés. Nous allons tenter de créer une complicité dès la première étape, pour ensuite être efficaces le plus rapidement possible » confie le pilote qui a animé les pelotons du Championnat canadien des Rallyes sans interruption de 1989 à 2004.
Il sera de nouveau aux commandes d’une Subaru WRX STI de l’écurie Test Racing, double championne (2018-19) avec Karel Carré, en plus de compter sur plusieurs partenaires : « nous accueillons cette saison le Restaurant Allegro – Bar L’Étage, ainsi que Clermont Chrysler, deux belles entreprises de la région de Charlevoix, représentées par des passionnés d’automobile que sont Jean-François Dumais et Marc-André Jean. Canmar Transport sera aussi de retour, tout comme DMJ Racing (merci David Martin !) ».
Yves Marquis, fidèle collaborateur d’Yves aux événements, et bien sûr Mathieu Dubé, le propriétaire de l’équipe Test Racing, comptent aussi beaucoup pour le pilote de 69 ans. « Sans Mathieu Dubé, qui nous facilite la vie depuis mon retour en compétition et prépare avec Test Racing une voiture impeccable, il me serait difficile, voire impossible, de rouler aujourd’hui en Championnat canadien » souligne Barbe.
30 équipages sont inscrits au Rallye Perce-Neige, présenté ce samedi 2 avril (découvrez la liste dans la nouvelle présentant l'ordre de départ et l'itinéraire des spéciales, ici). Sur des routes qui seront évidemment différentes de celles maîtrisées par les concurrents lorsque l’événement se dispute en hiver, de nombreuses surprises sont possibles.
Le fait que la très talentueuse jeune génération de pilotes et co-pilotes québécois parte elle aussi sur des bases moins familières pour cet événement sera-t-il un avantage pour Yves Barbe ? « C’est la première fois que ce rallye se déroule au printemps. Tout le monde est habitué aux gros bancs de neige et surfaces neigeuses et glacées. Mais cette fois, nous serons vraisemblablement confrontés à de la boue parsemée de quelques plaques de glace, aux trous et ornières de routes - étroites - de fin d'hiver. Bien sûr que cela change la donne » confie Yves Barbe, qui conclue : « Le choix des pneus sera crucial. Mais ce sera la même chose pour tout le monde. Il faudra éviter les pièges. Facile à dire, jusqu’à ce qu’on se fasse surprendre ! Une chose est certaine, le suspense sera intense jusqu’à l’arrivée. En hiver, c’est déjà un rallye où tout peut se produire alors cette fois, sans repère préalable, je suis convaincu que l’action ne va pas manquer ».