La piste de karting de Mont-Hilaire a joué un rôle majeur dans la formation de nombreux jeunes pilotes québécois et canadiens qui ont gravi les échelons du sport automobile par la suite. Parmi eux, on peut nommer Jacques Villeneuve (le fils de Gilles), Patrick Carpentier, Jeff Girard et Jean-François Lussier (deux champions canadiens de F2000), Andrew Ranger, Bertrand Godin, Bruno Spengler, Marc-Antoine Camirand, Martin Roy, Kevin Lacroix, Lance Stroll et des dizaines d’autres.
Le projet de construire une piste de karting en bordure de l’autoroute 20 à St-Hilaire a été celui de Clément "Clem" Duriez, un pilote de karting qui a opéré quelques petites pistes au Québec au début de années 1970 avant de réaliser son rêve. « Je faisais partie d’un petit groupe de passionnés de karting. Nous courrions en Ontario et aux États-Unis à bord de karts de type enduros (des "laydown" karts où les pilotes sont très allongés sur le dos) » m’a récemment raconté Duriez, maintenant à la retraite. « À cette époque, il y avait un nombre impressionnant de petites pistes de go-karts au Québec. Il s’agissait de pistes très courtes pour des karts de location sur lesquelles nous organisions aussi des courses » ajoute Clément Duriez.
Duriez gère sa première piste de karts de location dans les Cantons de l’Est en 1972 : « Elle était située à Bondville, tout près de Knowlton en bordure du Lac Brome. Elle était très courte et nous demandions 50 sous par séance en piste ! À la fête du Travail, nous n’avions plus de clients et nous avons loué une autre piste située sur le boulevard Henri-Bourassa à Montréal pour l’automne ».
Puis, les choses évoluent et Clem désire réaliser son rêve de posséder sa propre piste. « L’été suivant, nous avons loué une piste à St-Bruno. Ce fut un très bel été avec beaucoup de clients. Nous cherchions un terrain pour faire construire notre piste, mais ne pouvions pas obtenir de permis, que ce soit à Montréal, Laval ou en périphérie. Après avoir fait pas mal de recherches, on a trouvé un terrain en bordure de l'autoroute 20 - des anciens champs de pommes de terre appartenant à un monsieur Comptois - à St-Charles, tout près de St-Hilaire. À cette époque, nous habitions à Dorval. Tout le monde connaissait où était St-Hilaire. Nous avions vu un terrain potable à St-Luc, mais personne ne savait où c’était ! Nous avons donc choisi St-Hilaire » confie Duriez, qui avoue aussi que la présence, juste à côté, d’un ciné-parc a pesé dans la balance, car un tel achalandage allait sûrement amener des clients.
Un grosse surprise au printemps…
« J’ai vendu ma voiture et nous avons donc acheté ce terrain à St-Charles à l’automne 1973. Quand nous y sommes allés au printemps [1974], le terrain était complètement inondé ! Ce sont nous, les pilotes, qui ont dessiné le premier tracé en regardant où le terrain était le plus surélevé. Les travaux ont commencé et Gilles Brodeur m’a aidé à financer la piste originale. Le circuit fut inauguré au printemps 1975 et le 17 juillet, SH Karting a accueilli ses premiers clients » poursuit Duriez, qui précise : « le terrain était très mal drainé et lors d’un printemps, nous avons subi une grosse inondation. Sous la terre de surface, il y avait près de 135 pieds de glaise. Alors c’était assez instable et sur la piste des bosses apparaissaient au printemps, puis disparaissaient au fil des mois ».
Ceux et celles qui ont roulé avec les karts de location ou disputé des courses à ce moment se rappelleront sûrement du premier bâtiment construit : le fameux dôme métallique en demi-lune situé juste à côté de la piste. Originalement peint en blanc, puis repeint en bleu avant de reprendre la couleur blanche, il a longtemps servi d’atelier, de bureau des ventes et de salle de montre.
Clem raconte comment ce bâtiment a été érigé. « On l’a acheté en pièces détachées à un gars de l’Île-Perrot. Avec un vieux camion et une remorque, nous avons effectué une bonne dizaine de voyages pour amener le tout au circuit et le remonter » raconte-t-il. « Nous n’avions à peu près pas de chauffage à l’intérieur. Lors du premier hiver, l’eau s’est infiltrée et a gelé par terre. Nous avions une petite patinoire intérieure ! »
La piste de SH Karting était destinée à la location et à la compétition. « Nous, les pilotes, voulions courir sur une piste plus longue que celles qu’on retrouvait à ce moment-là. Le circuit original de St-Hilaire était long de 675 mètres. Nous pilotions des petits karts à moteurs 100cc McCulloch. Quand nous sommes passés aux moteurs Honda à quatre-temps, ce fut un changement majeur et la piste n’était plus adaptée. Il a fallu l’allonger » explique Clem. Un jeune coureur, Gary Werve, qui était tout jeune, a aidé au dessin du prolongement de la piste, puis c’est Raymond Laberge qui a dessiné la troisième version de la piste, encore plus longue.
Clem et les officiels de SH Karting ont alors organisé un championnat de club qui a servi de tremplin à plusieurs jeunes pilotes. « À ce moment, Roberto Dionisi et Charles ["Charlie"] Lorca poussaient très fort pour imposer les karts européens à moteurs deux-temps 100cc sans embrayage. Mais ils étaient bruyants ! À SH Karting, nous sommes concentrés sur les karts Honda junior, sénior et lourds, les karts à deux moteurs et les F100 Yamaha. Nous avions beaucoup de participants, parfois plus de 100 inscrits. Ce furent des années excitantes. J’ai rencontré tellement de personnes passionnées ! » termine Clem Duriez.
En 2012, Clem a tiré sa révérence et a laissé les clés de SH Karting à d’autres passionnés qui ont pris le relais. La photo ci-dessous montre Clément Duriez posant fièrement aux côtés de son deuxième kart de compétition à Ste-Martine en 1971.