Annoncée en 2018, la voiture de nouvelle génération (Next Gen) représente un virage vers la modernité des voitures de la série reine de NASCAR pour ramener les amateurs aux pistes et à la télé, répondre aux priorités des grands fabricants, mousser l’aspect vert de la course et… réduire les coûts.

Le groupe technique du centre de recherche et développement de NASCAR a réussi selon les premières présences en piste de la nouvelle voiture à créer une machine à la fois séduisante pour les fans et bien née au point de vue technique. Le tout devant fournir une base saine pour le développement de la série au fil des années.

NASCAR devait agir à l’époque de l’annonce de la nouvelle machine : le nombre de spectateurs dans les estrades et à la télé baissait d’année en année, les équipes se plaignaient des coûts trop élevés et des bourses de moins en moins alléchantes, et les manufacturiers impliqués voulaient des voitures plus proches de l’apparence de leurs modèles de série et dotées de technologies plus modernes.

De plus, NASCAR cherchait à attirer de nouveaux fabricants à ses séries, une tâche loin d’être aisée avec les anciennes voitures et leur pont arrière rigide, leur gros moteur V8 culbuté, abandonné sur les voitures de série, l’absence d’éléments dits verts crédibles et l’incertitude quant à la direction technique de l’industrie automobile pour les moteurs (électricité, hybride, hybride combiné, hydrogène et autres).

Cette réalité a amené l’organisme américain à des principes de base à utiliser pour le projet de la voiture de nouvelle génération. Parmi ceux-ci :

- Utiliser des approches et solutions bien comprises du marché même si NASCAR n’y connaissait rien ou très peu.

- Prendre tout le temps nécessaire pour bien tester les solutions avant de se lancer en production ou sur la piste.

- Vendre en direct les composantes majeures (châssis, suspensions, boîte, différentiel, carrosserie) homologuées.

- Faciliter et simplifier les contrôles techniques lors des événements afin d’accélérer les inspections pré-course.

- Concevoir une voiture qui offre plus de choix et de facilité pour les réglages effectués à la piste et réduire les besoins à l’atelier, en soufflerie et en simulation. Soit les méthodes plus chères, plus difficiles à contrôler par NASCAR et qui ne contribuent pas au spectacle en piste.

Les nouvelles composantes

NASCAR a su choisir quelles composantes trainaient de la patte et les remplacer avec des équipements éprouvés conçus par des fournisseurs déjà reconnus. Ainsi, les voitures que les fans découvrent en ce début de saison 2022 disposent d’un châssis en acier tubulaire en trois pièces majeures (avant, coque centrale et arrière) renforcé par des pièces en composite comme la fibre de carbone. Ces châssis, moins chers, sont aussi plus solides et faciles à réparer ou à remonter avec des pièces neuves après un incident que les anciens en acier. Ces carrosseries sont fabriquées par Five Star Fabricating Inc., qui produit les carrosseries similaires pour la série Xfinity depuis 2017.

On retrouve aussi deux caméras embarquées afin d’aider à analyser le comportement et les performances, capter plus d’images tout autour de la voiture et plus de données pour contribuer au spectacle et aider à rectifier les problèmes qui surviennent souvent en course.

Les voitures Next Gen ont deux configurations mécanique et aérodynamique : Une avec appui et trainée plus faible, plus de puissance, pour les pistes courtes ou routières, et la seconde avec appui et trainée plus forte et moteur moins puissant pour les pistes intermédiaires (2,4 km et plus).

On retrouve aussi une boîte séquentielle à 5 rapports intégrée au différentiel et à la suspension arrière indépendante, et prête pour l’ajout de puissance produite par un éventuel système hybride, le cas échéant. L’ensemble mécanique monté à l’arrière permettra aussi d’alléger le centre et l’avant de la voiture et ajouter du poids, et donc de la motricité à l’arrière pour de meilleures sorties de virage.

Enfin, une suspension arrière indépendante remplace le pont arrière solide, et des amortisseurs réglables et un limitateur de débattement pour maintenir une hauteur de caisse plus élevée.

La nouvelle voiture passe par ailleurs d'une jante de 15 pouces à une de 18 pouces de diamètre, en aluminium forgé plutôt que l'acier et avec un seul écrou central. Les pneus passent quant à eux de 10 à 12 pouces de largeur, avec un flanc plus bas. Les freins eux, seront plus grands avec une meilleure capacité thermique, d'une direction à crémaillère et d'un réservoir à essence de 20 gallons US, soit environ deux gallons de plus que le modèle 2021.

Au niveau de l’aide au pilotage, avec la ligne de toit plus basse et la possibilité d'une diminution de la visibilité arrière, les pilotes disposent désormais d’une caméra montée à l’arrière et un petit écran rectangulaire placé sur le tableau de bord pour mieux voir ce qui se passe à l’arrière de la voiture.

En revanche, l’annonce de 2018 parlait d’une propulsion hybride grâce à un moteur moderne léger et plus performant, et commun à tous les grands fabricants. Au final, la décision d’aller de l’avant n’est pas encore prise… ni abandonnée pour autant. Apparaîtra-t-il en 2023, 2024 ou plus tard encore ? Entretemps, le moteur culbuté de la version précédente est encore utilisé, avec la puissance ajustée selon la conception de la nouvelle voiture.

Que donneront les voitures de nouvelle génération, en peloton de 40, à Daytona ? Réponse dimanche ! D’ici là, ne manquez pas la qualification par tour chronométré ce soir, à compter de 20 heures, suivie par les deux traditionnelles courses qualificatives, les Duels, demain en soirée. Pour la liste des inscrits à cette édition 2022 du Daytona 500, cliquez ici.