Un jeune pilote de stock-car, Jeff Gordon, a remporté son premier Daytona 500 en 1997 après s’être frotté à "The Intimidator", Dale Earnhardt père, sur le super ovale de Daytona. À seulement 25 ans, Jeff Gordon, qui avait commencé sa carrière en sport automobile à peine dix ans auparavant en 1986, est alors devenu le plus jeune pilote à gagner le prestigieux Daytona 500.

Gordon était un jeune homme pressé. Après avoir effectué ses débuts en Sprint Cars, il dispute sa première course en série NASCAR Busch en 1990. Deux ans plus tard, il goûte à la Cup avec l’écurie Hendrick Motorsports. Un an plus tard, il remporte déjà deux victoires en Cup. Et en 1995, il décroche son premier titre en Cup en amassant sept victoires.

En 1996, il récolte 10 victoires durant la saison, mais se classe deuxième au championnat. Un trophée manque encore à son palmarès : celui du Daytona 500, l’épreuve reine de la série NASCAR Cup.

La saison 1997 débute comme à l’habitude sur l’intimidant ovale de Daytona et ses virages fortement inclinés. Une recrue, Mike Skinner, décroche la pole position à bord de la Chevrolet No.31 l’écurie de Richard Childress. Jeff Gordon aux commandes de sa fameuse Monte Carlo No.24 de Hendrick Motorsports, prend le départ en sixième position. Gordon peut compter sur un des meilleurs chefs d’équipes et stratèges en NASCAR, Ray Evernham.

La course démarre et dès le huitième tour, le jaune est agité. La Chevrolet de Robert Pressley a effectué un dérapage et s’est envolée pour atterrir durement au sol, blessant son pilote au bassin et au dos. Dale Earnhardt père mène alors la course et plusieurs croient qu’il est (enfin) en route vers sa première victoire à Daytona, mais Gordon roule sagement dans le Top 10. Les choses se compliquent toutefois pour Earnhardt lors de son premier arrêt aux puits. Le changement de pneus s’éternise, faisant perdre de précieuses positions à son pilote moustachu. Mystérieusement, tous les arrêts d’Earnhardt seront compliqués cette journée-là.

Ernie Irvan se retrouve en tête pour quelques tours jusqu’à ce que Jeff Gordon le double dans le virage 1. Gordon mène la course jusqu’au 90ème passage quand une autre neutralisation provoque des changements dans le peloton. Mark Martin prend alors la commande.

Une trentaine de boucles plus tard, Gordon croit bien avoir tout perdu. Il roule sur un débris qui coupe un de ses pneus. Il doit s’arrêter sous le vert et perd beaucoup de temps. Il revient en piste juste devant le meneur, Mark Martin. Gordon pousse au maximum pour ne pas se faire prendre un tour par le groupe de tête. Lui et Evernham espèrent qu’une neutralisation survienne rapidement afin de demeurer sur le tour des meneurs. Leur souhait est exaucé au 122ème passage.

Les voitures Ford mènent la course et une sixième neutralisation permet à plusieurs pilotes, dont Jeff Gordon, de reprendre du terrain sur les premiers. Certains concurrents prennent quatre pneus neufs tandis que d’autres n’en prennent que deux. Il ne reste que 20 tours à parcourir et la bataille pour la tête implique Sterling Marlin, Bill Elliott et Ernie Irvan. Derrière eux, et roulant à fond de train, se trouvent Earnhardt et Gordon.

Il ne reste que 10 tours à faire quand le groupe des meneurs, avec Bill Elliott en tête maintenant, roule sur la ligne droite arrière. Gordon, troisième, parvient à doubler Earnhardt, deuxième, mais ce dernier sort large du virage et décape le côté droit de son bolide contre le muret de protection.

Déséquilibrée, la Chevrolet noire No.3 perd soudainement un peu de vitesse et est touchée à l’arrière par la voiture de Dale Jarrett. La Chevrolet effectue un dérapage, puis un tonneau et termine sa course sur le gazon intérieur du tracé.

Les dizaines de milliers de fans d’Earnhardt sifflent et crient des injures à Gordon; jugeant, à tort, que ce dernier a poussé leur idole en dérapage. Le plus incroyable est qu’Earnhardt, après s’être assis un court moment dans l’ambulance, a vu que sa voiture reposait encore ses quatre pneus gonflés. Il a remis son casque, démarré le moteur et est revenu dans les puits pour y faire effectuer les réparations nécessaires et reprendre la piste !

Le vert est agité une dernière fois au 195ème tour avec Elliott en tête, mais pourchassé par trois voitures Hendrick : Jeff Godon, Terry Labonte et Ricky Craven. Ces trois-là doublent facilement le meneur grâce au phénomène d’aspiration. Deux tours plus tard, un gros carambolage survient derrière eux, ce qui cause un autre jaune. La course prend fin derrière la voiture de tête avec la victoire de Jeff Gordon. La puissante écurie Hendrick Motorsports signe alors un triplé au Daytona 500, exploit qui ne s’était jamais vu auparavant.

Au cours de sa carrière, Jeff Gordon a remporté 81 pole positions et 93 victoires en NASCAR Cup, incluant deux autres Daytona 500. Il a aussi été sacré champion de la Winston Cup à quatre reprises : en 1995, 1997, 1998 et 2001. Il a disputé sa dernière course de NASCAR Cup en 2016.

Traditionnelle épreuve d'ouverture de la saison de la série NASCAR Cup, le Daytona 500, édition 2022, aura lieu ce dimanche. Jacques Villeneuve tentera de s'y qualifier alors que 42 pilotes sont engagés pour 40 places sur la grille de départ.