Louis-Philippe Dumoulin, qui fête en 2022 ses 30 années en sport automobile, possède une feuille de route remarquable qui comprend trois titres NASCAR Pinty’s remportés avec des équipes québécoises : King Autosport avec Martin Roy et Mario Gosselin en 2014, puis deux avec son équipe éponyme Dumoulin Compétition en 2018 et 2021.
Lors de sa troisième saison complète en série caandienne de NASCAR, en 2014, le pilote trifluvien remportait son premier titre, démontrant sa capacité à apprendre rapidement en collaboration étroite avec son chef d’équipe à l’époque, Mario Gosselin. Cela fait penser à Gilles Villeneuve, un autre pilote analytique qui en était seulement à sa 60ème course automobile lors de ses débuts en Formule 1, chez McLaren en 1977. Notons aussi qu’aucun autre pilote de la série Pinty's n’a réussi à remporter plus d’un titre de 2014 à 2021, contre les trois de Dumoulin durant la même période.
Louis-Philippe Dumoulin sera de retour en série NASCAR Pinty’s ce printemps. Il y appliquera la méthode de travail qui l’a bien servi depuis ses débuts en 1992, puis à l’école Jim Russell en 1995 ou encore lors de son titre de champion en F1600 en 2002, et maintenant en NASCAR Pinty’s où il évolue avec la voiture numéro 47 aux couleurs de WeatherTech Canada et Groupe Bellemare.
Son approche de la course inclue ses connaissances mécaniques mais également la mise en application des écrits du docteur Jacques Dallaire, l’un des fondateurs du Groupe de recherches médicales de l’Université McGill (voir article à ce sujet dans l’édition présentement en kiosque du magazine Pole-Position).
La connaissance approfondie des éléments mécaniques clés et de leurs effets est essentielle pour performer : amortisseurs, flexibilité du châssis, des ressorts et barres antiroulis (de mous à rigides), chaîne de transmission de la puissance (embrayage, boîte de vitesses, arbre de transmission et différentiel autobloquant ou non, pont arrière, freins), carrossage des pneus, et autres. Ces paramètres doivent être optimisés afin de permettre au pilote et aux pneus de donner leur meilleur.
Ce qui nous amène à un élément capital du pilotage : comment optimiser la performance des pneus du début à la fin d’une course ? Un pneu de course neuf n’est pas complètement cuit à l’usine. Le pilote doit faire monter un pneu neuf en température de façon progressive, même en course, afin que la chaleur générée par le glissement et la flexion de la semelle puisse se propager graduellement vers l’intérieur du pneu sans créer des bulles et "brûler" la surface de la semelle.
Ce pneu doit être maintenu par le pilote dans une fourchette de température serrée, disons à l’intérieur de 10 degrés. Trop froid, il glisse sans mordre dans la piste, et trop chaud il patine et use rapidement plutôt qu’adhérer. Monter un pneu en température idéale prend quelques tours de plus en plus rapides en course. Lors de la qualification, on augmente la pression des pneus à froid afin d’accélérer leur montée vers la température idéale pour les deux tours de qualification; une science à laquelle les pilotes d’expérience excellent.
Enfin, un pneu est aussi un ressort qui durcit à mesure que la pression monte et affecte donc le comportement des suspensions. Mais attention de ne pas trop faire monter la pression et brûler le pneu si la course continue trop longtemps au rythme maximum ou si vous poussez trop fort dans une bataille avec un adversaire.
En course, on voit souvent des pilotes ralentir quelques tours afin de laisser la température des pneus baisser après un effort important, ce que l’on appelle "économiser ses gommes" puis reprendre un rythme élevé, souvent dans les derniers tours de course.
Le style de pilotage, plutôt en douceur, de Louis-Philippe Dumoulin en surprend plusieurs par sa vitesse pure en piste, combinée avec son économie des pneus et freins. Sa patience en piste réduit le nombre de contacts et lui permet de terminer ses courses avec une voiture souvent intacte qui laisse à l’équipe plus de temps pour travailler à la rendre plus rapide et fiable plutôt qu’à débosseler.
L’objectif du Triflvien pour 2022 ? Tenter de décrocher un 4ème titre en NASCAR Pinty’s. 13 courses sont au programme. Le tout débutera le 14 mai au Sunset Speedway avant de se poursuivre par une des deux visites à Mosport, le 22 mai. L’Autodrome Chaudière de Vallée-Jonction (11 juin), le Grand Prix de Trois-Rivières (7 août) et le Complexe ICAR (27 août) sont les trois événements au Québec.
Découvrez aussi notre article sur la saison 2021 de la série NASCAR Pinty's et le titre de Louis-Philippe Dumoulin dans le magazine Pole-Position, en cliquant ici.