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Rétro : Stewart Grand Prix, l’écurie de F1 devenue Red Bull Racing

Rétro : Stewart Grand Prix, l’écurie de F1 devenue Red Bull Racing

Mardi 4 janvier 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Rick Dikeman Wikimedia Commons

Crédit photo: Rick Dikeman Wikimedia Commons

L’écurie de Formule 1 Red Bull Racing est en fait née en 1997 lors de la mise sur pied de Stewart Grand Prix, la structure créée par Jackie Stewart et son fils Paul.

Car contrairement à plusieurs autres équipes de Formule 1, Red Bull Racing n’est pas partie de zéro. Son histoire commence au début des années 60 quand un jeune Écossais nommé Jackie Stewart dispute ses premières courses automobiles. Extrêmement talentueux, Stewart grimpe vite en F1 et décroche 27 victoires en 99 Grands Prix en plus de récolter trois titres de Champion du monde.

Ayant pris sa retraite en 1973, Jackie crée une petite structure pour faire courir son fils Paul en Formule Ford 1600. Puis, Paul grimpe en Formule 2000, puis en Formule 3 avec l’aide d’une commandite de Camel.

L’écurie Paul Stewart Racing, née du rachat de Gary Evans Motorsport Team, continue à grimper les échelons. Avec sa poignée d’employés, elle est inscrite dans trois championnats : Eurosérie Vauxhall Lotus, Formule 3 et Formule 3000. L’équipe est désormais basée dans la ville de Milton Keynes au Royaume-Uni.

En 1990, le pilote canadien John Jones de Thunder Bay dispute le Championnat international de F3000 avec l’écurie Stewart et un an plus tard, le Québécois Christian Vandal, qui a impressionné en F2000 canadienne, court pour Paul Stewart Racing en Eurosérie Vauxhall Lotus grâce à une commandite de Labatt.

L’écurie de Jackie et Paul accumule les succès. Au fil des ans, elle remporte 119 courses et récole 12 titres. En 1995, père et fils songent à un projet un peu fou : celui de grimper en F1. Mais les récentes déconfitures encaissées par les nouvelles écuries Simtek et Pacific les découragent rapidement. Et surtout, les millions de dollars requis ne sont pas faciles à trouver.

Ford à la rescousse

Quelques mois plus tard, usant de ses contacts privilégiés, Jackie Stewart rencontre les grands dirigeants de Ford aux États-Unis. Il leur propose l’idée de financer une écurie de F1 qui serait construite sur la structure de Paul Stewart Racing. Le plan de cinq ans est finalement accepté par Ford qui voit en cette écurie une façon de faire de la publicité internationale pour sa nouvelle gamme de moteurs “Zetec”.

Le staff technique est étoffé et Stewart engage Alan Jenkins comme directeur technique de son écurie de F1. Andy le Flemming s’occupe du design de cette SF01 tandis qu’Eghbal Hamidy dirige le département d’aérodynamique. Les principaux commanditaires sont la Malaisie, la banque HSBC, Texaco, Sanyo et… Ford.

Pour la saison 1997, les pilotes sont Rubens Barrichello et Jan Magnussen. La SF01 est abonnée aux places de milieu de peloton et est fragile comme du verre. Elle abandonne 21 fois en 34 participations à cause de bris mécaniques.

La SF02 n’est guère meilleure. Magnussen est congédié et remplacé par Jos Verstappen, le papa de Max. Elle casse souvent et ne déroche que deux cinquièmes places comme meilleur résultat.

Les choses s’améliorent toutefois avec la SF03. Barrichello décroche la pole position en France et Johnny Herbert remporte la victoire lors du Grand Prix d’Europe au Nürburgring. L’écurie de Jackie et Paul Stewart se classe quatrième au Championnat des constructeurs.

En septembre 1999, Ford change ses plans, achète l’écurie Stewart Grand Prix et annonce en grandes pompes le retour de Jaguar en F1 dès la saison 2000. La fameuse Jaguar R1 de 2000 n’est autre chose qu’une SF04 peinte en vert et renommée R1. Pas meilleure que ses prédécesseurs, elle est constamment handicapée par des ennuis techniques. Seul exploit : Eddie Irvine termine quatrième à Monaco.

En 2001, Paul Stewart apprend qu’il est atteint d'un cancer, et doit laisser sa place de dirigeant. Jaguar le remplace par l’ancien pilote d’IndyCar Bobby Rahal. Et comme si on ne lui faisait pas confiance, Ford recrute aussi Niki Lauda. Rahal et Lauda ne s’entendent pas du tout et cela provoque de graves tensions chez Jaguar F1. Ironiquement, les deux hommes sont renvoyés.

Les deux dernières saisons de Jaguar en F1, 2003 et 2004, ne sont pas glorieuses. Les pilotes se succèdent. Justin Wilson, Mark Webber, Antonio Pizzonia et Christian Klien ne font pas vraiment d’étincelles, à part une poignée de sixièmes places obtenues sporadiquement.

Septembre 2004, l’état-major de Ford en a assez. Pour eux, tout cet argent est gaspillé et n’apporte aucun résultat, aucune crédibilité. Quelques semaines plus tard, Ford annonce son retrait de la F1 et met en vente l’usine de Milton Keynes, les plans de la future voiture, les moteurs V10 trois litres Cosworth TJ 2005, les brevets et l’inscription au Championnat du monde. Qui va bien acheter ça ?

Qui ? Il y a bel et bien un acheteur… discret. Il s’agit du milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz, patron des boissons Red Bull. L’entreprise autrichienne est entrée en F1 en commanditant Gerhard Berger, alors pilote de chez Ferrari. Puis, le logo au taureau rouge s’est retrouvé affiché sur les Sauber F1 de 1995 à 2004.

Mateschitz voulait toutefois tout contrôler, surtout l’image de sa boisson. Le dernier jour de la vente, le 15 novembre 2004, l’entrepreneur autrichien accepte d’acheter Jaguar Racing pour, selon la BBC, la somme symbolique d’un dollar en échange d'un engagement à investir 400 millions de dollars dans l'équipe au cours des trois saisons à venir.

Mateschitz engage un certain Christian Horner, un ancien pilote et dirigeant d’une écurie de F3000, pour diriger Red Bull Racing. Il y place aussi son homme de confiance, Helmut Marko, pour tout surveiller et recrute un directeur technique de génie, Adrian Newey.

On connaît la suite de l’histoire.