Plusieurs films ont été tournés ayant comme sujet principal le sport automobile, que ce soit la Formule 1, le stock-car, l’endurance ou l’IndyCar. Quelques-uns ont été très bons, mais d’autres ont été des réels navets. Vous savez lesquels.
L’un des mieux réussi est sans contredit le long métrage “Grand Prix” qui fut produit au milieu des années 60 et projeté pour la première fois en public à New York le 21 décembre 1966 dans sa version originale de deux heures et 59 minutes.
Afin de plaire à un grand public, un film de course automobile ne doit pas montrer que des scènes d’action et de la mécanique. Les auteurs doivent absolument pimenter le tout avec des intrigues, des histoires d’amour, des accidents et des relations complexes entre les personnages. À dire vrai, un film de course démarre habituellement d’une histoire banale transposée dans le monde du sport automobile.
Dirigé par John Frankenheimer, le film “Grand Prix”, son premier long métrage filmé en couleurs, mélange de façon très habile la réalité et la fiction. Il raconte la lutte que se font quatre pilotes de Formule 1 dans leur quête du titre mondial.
Il y a d’abord Jean-Pierre Sarti, Français et pilote de la Scuderia Ferrari, deux fois Champion du monde, mais qui est en fin de carrière. Il est de plus en plus désillusionné par le sport automobile. Puis, il y a l’Américain Pete Aron ; un fonceur qui tente de refaire sa réputation et qui signe avec une écurie japonaise, Yamura Motors. Scott Stoddard est un pilote britannique qui a du mal à récupérer d’un gros accident. De plus, son mariage bat de l’aile. Le quatrième personnage est l’Italien Nino Barlini, un pilote charismatique, mais arrogant. Ancien champion à moto, il est le pilote No. 2 de l’écurie Ferrari.
L’action du film se déplace d’un Grand Prix à un autre, nous laissant découvrir la complexité des personnages et leur motivation profonde à pratiquer un sport aussi dangereux. Car c’est bien l’une des beautés de ce film, celle de réaliser à quel point la F1 était peu sécuritaire à cette époque et comment les pilotes risquaient leur vie sur des circuits hyper dangereux.
Des scènes de vraies courses sont habilement incorporées avec d’autres scénarisées et mettant en vedette les acteurs professionnels. Plusieurs véritables pilotes de l’époque jouent leur propre rôle : Phil Hill, Graham Hill, Juan Manuel Fangio, Jim Clark, Jochen Rindt, Jack Brabham, Dan Gurney, Ludovico Scarfiotti, Richie Ginther, Joakim Bonnier, Bruce McLaren et Jo Siffert.
Il faut noter la grande qualité des images tournées en format 65mm et enregistrées avec toutes les caméras Panavision disponibles au moment des tournages. Comment ne pas admirer l’étonnante stabilité des images des caméras embarquées ? Il s’agit sans contredit des meilleures images d'action de F1 de cette époque.
Plusieurs anecdotes entourent ce film qui fut tourné, rappelons-le, il y a 55 ans de cela.
C’est d’abord Steve McQueen qui fut contacté pour jouer le premier rôle. Mais une réunion de travail houleuse a mis fin aux discussions et McQueen n’a plus été intéressé par le film.
John Frankenheimer a refusé de filmer des voitures de course roulant au ralenti puis d’accélérer le tout. Il voulait filmer des voitures roulant à pleine vitesse afin de ne pas berner les spectateurs.
Si James Garner a lui-même piloté les voitures de courses, avec un certain talent paraît-il, Yves Montand a cessé de le faire après avoir effectué un tête-à-queue qui l’a terrifié. Par après, Montand fut assis dans une réplique de voiture tractée par la Ford GT40 (conduite par Phil Hill) sur laquelle la caméra était fixée. L’ensemble pouvait rouler jusqu’à 210 km/h.
Les voitures utilisées lors du tournage sont en réalité des monoplaces de Formule 3 munies de carrosseries les faisant ressembler à des F1. Le film contient évidemment des images de F1 réelles.
Les voitures de F3 ne possédaient pas assez de puissance pour faire patiner leurs roues arrière lors des départs de course. Les pneus étaient alors couverts d’essence juste avant les tournages. Ainsi, ils patinaient et fumaient, comme les vrais.
L’acteur James Gardner porte un casque à la décoration identique à celle de Chris Amon, sans toutefois l’oiseau kiwi qui arborait les côtés du sien.
Quant à l’acteur Brian Bedford qui joue le rôle de Scott Stoddard, il porte un casque identique à celui de Jackie Stewart. Des quatre acteurs principaux, Bedford est le seul qui ne conduit pas sa voiture de course. C’est pour cette raison que les scènes qui le montrent au volant, il est impossible de l’identifier, car sa cagoule est remontée jusqu’à ses lunettes de protection.
Le casque de l’acteur Yves Montand est celui de John Surtees qui pilotait pour Ferrari au début de la saison 1966. Mais Surtees a quitté Ferrari après deux courses, et l’équipe de production n’a plus disposé d’images de Surtees dans une Ferrari après cela. Puisque Mike Parkes avait remplacé Surtees chez Ferrari, le casque que porte Montand fut changé pour celui de Parkes.
Malgré son âge, le film “Grand Prix” reste un des meilleurs et des mieux produits sur le monde de la course automobile. Si le synopsis ne vous intéresse pas, regardez le film afin d’apprécier les images de grande qualité des voitures de F1 des années 60.