Le pilote écossais de rallye Colin McRae est devenu, le 22 novembre 1995, le plus jeune Champion du monde au terme d’un saison âprement disputée et hyper spectaculaire.
Né le 5 août 1968 à Lanark en Écosse, Colin McRae est né dans un univers de mécanique. On aurait dit que tous les membres de sa famille avaient un jour disputé au moins un rallye ! Même si sa voie était toute tracée d’avance pour qu’il travaille dans l’entreprise de plomberie de son père, Colin a vite pris le volant de voitures de rallyes et s’est inscrit à des épreuves régionales.
Colin possède beaucoup de talent et il décroche le titre de champion britannique des rallyes en 1991 et 1992 tout en effectuant ses débuts en Championnat du monde en courant pour des écuries privées. En 1993, il est recruté par David Richards qui l’intègre à la nouvelle écurie officielle Subaru.
Colin McRae pilote d’abord une Subaru Legacy de Groupe A avant de passer à une Impreza 555, toujours préparée par Prodrive. Il décroche sa première victoire lors de sa sixième épreuve de la saison, le Rallye de Nouvelle-Zélande. L’année suivante, il récolte deux victoires, en Nouvelle-Zélande encore une fois et au RAC en Grande-Bretagne pour se classer quatrième au championnat des pilotes.
Un début de saison 1995 difficile
McRae entreprend sa troisième saison en 1995 de façon décevante. Il abandonne au Monte-Carlo après avoir fait un mauvais choix de pneus sur une route verglacée, puis abandonne encore en Suède quand les trois Impreza cassent leurs moteurs.
Au Portugal, Carlos Sainz (sénior, le papa du pilote Ferrari de Formule 1), coéquipier de McRae chez Subaru, remporte la victoire, sa seconde de la saison après celle décrochée au Monte-Carlo. L’Écossais termine au troisième rang et se rend bien compte que son principal rival dans la course au titre sera le fier espagnol.
Les écuries se rendent ensuite sur l’île de Beauté, la Corse. Au final de cette épreuve difficile, un mince écart de seulement 25 secondes sépare les deux protagonistes. Sainz termine quatrième et McRae, cinquième. Durant les jours qui suivent, Sainz fait une vilaine chute à vélo de montagne (la rumeur veut que ce soit plutôt en motocross…) et se fracture une épaule. L’Espagnol rate donc le Rallye de Nouvelle-Zélande, épreuve que McRae remporte pour une troisième fois en carrière en gagnant 10 des 33 spéciales.
Son talent d’équilibriste explose alors au grand jour. Dominant sa voiture comme nul autre sur ces routes difficiles et piégeuses, McRae impose son style de pilotage ultra spectaculaire.
Lors du rallye suivant, en Australie, Colin, qui occupe le deuxième rang derrière Kenneth Eriksson, choisit sagement d’assurer cette place au lieu de risquer de sortir de route. Il encaisse les points de sa deuxième position tandis que Sainz est forcé à l’abandon. À ce moment, McRae est en tête du championnat avec cinq points de priorité sur Sainz. Il ne reste que deux épreuves à disputer : l’Espagne, patrie de Sainz, et la Grande-Bretagne, sur les terres de McRae.
Son patron entre dans une colère noire
David Richards désire par-dessus tout que Subaru décroche la couronne mondiale des constructeurs. En Espagne, il interdit à ses pilotes de prendre des risques et lors de l’avant-dernière journée de compétition, il fige les positions alors que Sainz est premier et McRae est second. Mais ce dernier ne l’entend pas de cette façon. Il pilote comme un déchaîné et prend la commande de l’épreuve alors que Richards lui a pourtant ordonné de ne pas attaquer…
Richards est en furie contre McRae et menace de ne pas lui faire disputer la dernière journée du rallye. McRae ravale finalement sa fierté et pointe en retard au matin de la dernière journée. Il prend une pénalité qui le fait chuter au deuxième rang et termine le rallye derrière Sainz, vainqueur.
Le titre va donc se jouer en Grande-Bretagne sur des routes étroites, rapides, bordées d’arbres et souvent boueuses à cause des nombreuses averses automnales. Les deux protagonistes sont à égalité avec 70 points. Ce qui s’est passé en Espagne n’a fait que décupler la volonté de McRae de gagner devant ses fans et de prouver qu’il est le meilleur.
À cause des averses, les conditions atmosphériques sont exécrables. Les routes en terre sont glissantes et il y a de profonds cours d’eau à traverser. Sainz occupe le premier rang, mais rencontre plusieurs soucis techniques. McRae est ralenti par une crevaison et endommage la suspension avant droite de sa Impreza, ce qui l’oblige, avec Derek Ringer son co-pilote, à effectuer une réparation d’urgence en bordure de la route.
Plus les conditions deviennent mauvaises, plus McRae attaque. Des dizaines de milliers de spectateurs l’encouragent. Pilotant comme un damné, il passe devant Sainz au classement général et ne cesse d’accroître son avance sur lui. Le rallye se termine avec la victoire de McRae qui termine avec 36 secondes d’avance sur Sainz.
À 27 ans et 109 jours, Colin McRae devient le plus jeune Champion du monde des rallyes et le premier Écossais à remporter ce titre. C’est un triplé Subaru Impreza 555 qui procure au constructeur automobile japonais son premier titre de champion du monde des constructeurs.
Bien que son extraordinaire talent n'ait jamais été remis en question, McRae était souvent trop impétueux, parfois colérique avec les médias et têtu comme une mule. Les grands champions ne sont pas tous parfaits !
Après avoir acquis deux titres de vice-champion et une troisième place au championnat avec Subaru, McRae a ensuite piloté pour Ford (vice-champion en 2001), puis pour Citroën et Skoda. On l’a aussi vu courir en série ASCAR, aux 24 Heures du Mans, au Rallye Dakar et participer aux fameux X-Games.
Colin McRae a perdu la vie le 15 septembre 2007 quand son hélicoptère s’est écrasé tout près de sa maison. Colin, son fils Johnny, un ami, Graeme Duncan et Ben Porcelli âgé de six ans, meurent dans l’écrasement. Le monde venait de perdre un pilote de rallye au style des plus flamboyants.