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Gilles Villeneuve pilote la première Ferrari turbo en public à Imola en 1980

Gilles Villeneuve pilote la première Ferrari turbo en public à Imola en 1980

Mercredi 27 octobre 2021 par René Fagnan
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

La saison 1980 fut terriblement occupée pour tous les membres de la Scuderia Ferrari à Fiorano. Les ingénieurs, techniciens, usineurs et mécaniciens ont travaillé incroyablement dur afin de tenter de faire évoluer l’épouvantable 312 T5 et de créer la première Ferrari de Formule 1 à moteur turbo, la 126C.

En effet, la 312 T5 a été un désastre total. Si la T4 de 1979 était fiable et efficace, la T5 était tout le contraire. Avant la tenue du Grand Prix d’Italie, mi-septembre 1980, Gilles Villeneuve n’avait marqué que quatre maigres points au championnat en trois occasions. Le reste du temps, il surpilotait et sortait de piste, ou son moteur 12 cylindres explosait. Les choses étaient encore pires pour son coéquipier, Jody Scheckter, le Champion du monde en titre, qui n’avait marqué que deux petits points en une seule occasion.

Le Grand Prix d’Italie se déroule à la mi-septembre sur le circuit Enzo e Dino Ferrari d’Imola et non pas sur le tracé ultra rapide de Monza comme d’habitude par suite d’un conflit entre la F1 et les dirigeants du tracé italien à propos de travaux de rénovation qui n’ont pas encore été effectués.

Durant la semaine qui précède le Grand Prix, Gilles Villeneuve effectue des essais sur le circuit de Fiorano aux commandes de la toute nouvelle 126C, la première Ferrari F1 à moteur turbo et la première F1 turbo à paraître depuis la Renault.

Le châssis monocoque de la 126C, réalisé en feuilles d’aluminium rivetées, est assez similaire à celui de la T5. Pour son concepteur, Mauro Forgheri, cela importe peu, car pour lui, il ne s’agit que d’une voiture-laboratoire destinée à préparer la voiture turbo de 1981.

Le moteur Typo 021 est un V6 de 1496,4cc gavé par deux turbos KKK logés au centre du V du bloc moteur et muni d’une seule soupape de décharge. Le bloc est fabriqué en acier tandis que les culasses sont en alliage d’aluminium. Il peut tourner à un régime maximal de 11 000 tours/minute et produire la puissance de 540 chevaux avec une pression de suralimentation de 1,5 bar. Le moteur pèse 170 kilos avec les turbos et les échappements.

La boîte de vitesses en toujours transversale à six rapports. Le réservoir peut contenir 215 litres d’essence. La voiture ne pèse que 600 kilos ; un exploit pour une voiture de F1 turbo de cette époque.

Ferrari avait produit deux 126C : une première destinée à valider son assemblable et seulement montrée en statique, et le châssis 049, celui qui roule en essais privés.

Quelques tours de piste pour faire plaisir aux fans

Les essais de Fiorano sont perturbés par des ennuis de moteur. Ce dernier pousse parfois très fort, perd ensuite toute puissance avant que celle-ci ne revienne brutalement. Les essais se terminent, car Villeneuve doit se rendre à Imola.

Vendredi, le Québécois roule avec son abominable T5 habituelle et signe un temps de 1’36”350. En fin d’après-midi, un des anciens camions de la Scuderia Ferrari arrive dans le paddock du circuit avec, dans ses entrailles, la 126C qui vient de tourner à Fiorano.

Samedi se déroule la seconde séance d’essais libres et Villeneuve s’installe au volant de la 126C frappée du numéro 2. Il fait démarrer le V6 au son rauque et prend la piste, au grand plaisir des dizaines de milliers de tifosi.

Le Québécois effectue trois tours et revient aux puits. Il demande d’ajouter un peu d’appui aérodynamique, puis reprend la piste avec Scheckter derrière lui aux commandes de sa 312 T5.

Le chronométreur Longines avait installé des cellules de chronométrage pour obtenir les vitesses des voitures devant les stands. Les monoplaces à moteur Cosworth DFV plafonnent à 210 km/h. Scheckter enregistre une vitesse de 210 km/h tandis que les Renault turbo et les Alfa Romeo à V12 atmosphériques roulent à 214 km/h. Pour sa part, Villeneuve déboule à 222, puis 223 km/h.

Villeneuve effectue 15 tours du circuit d’Imola et signe un bon chrono de 1’35”751, soit six dixièmes de seconde plus vite qu’avec sa T5. Toutefois, en fin de séance, la pression de suralimentation chute brutalement, conséquence probable d’un piston percé.

La 126C disparaît dans le camion de l’écurie pour le reste du week-end et les deux dernières courses de la saison, Montréal et Watkins Glen. Villeneuve se qualifie éventuellement en huitième place aux commandes de sa désastreuse T5 pour ce Grand Prix d’Italie.

En course, il est victime d’une très violente sortie de piste dans le long droit qui précède le virage Tosa, conséquence de l’éclatement du pneu arrière droit survenu plus de 280 km/h. Sa Ferrari percute le mur de béton à haute vitesse. Le choc arrache tout le train arrière de la monoplace. Villeneuve est sérieusement sonné, a même perdu la vision durant quelques secondes. Heureusement, il ne souffre d’aucune blessure sérieuse.