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Commentaire : La Formule 1 devrait-elle permettre l’utilisation des mulets, ces voitures de réserve ?

Commentaire : La Formule 1 devrait-elle permettre l’utilisation des mulets, ces voitures de réserve ?

Lundi 23 août 2021 par René Fagnan
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

C’est en 2004 que la FIA a interdit aux écuries de Formule 1 d’utiliser, même en cas d’urgence, un “mulet”, le surnom donné auparavant à la troisième voiture de secours d’une équipe, prête à rouler.

Avant cette date, les pilotes pouvaient, durant les essais et même les séances de qualifications, changer de monoplaces, sauter de leur voiture habituelle à celle de réserve et vice-versa, sans problème. L’utilisation du mulet était aussi permise en course, mais uniquement si un drapeau rouge était déployé avant la fin du deuxième tour de l’épreuve.

Ainsi, un pilote dont la voiture principale avait été accidentée au départ ou avant la fin du deuxième tour pouvait, si la course était arrêtée, prendre le second départ aux commandes du mulet.

Il est impossible de dresser la liste complète de toutes les occasions où un mulet fut utilisé en F1, mais cette voiture de réserve a quand même tiré du pétrin bien des pilotes… On peut noter que le grand Juan Manuel Fangio a changé de voitures en course à six reprises entre 1951 et 1956.

Un gigantesque carambolage survenu à la fin du premier tour du Grand Prix de Grande-Bretagne en 1973, résultant en un drapeau rouge, a permis à bien des pilotes de profiter des mulets. Au départ du Grand Prix du Canada en 1980, un autre carambolage a forcé l’interruption de la course. Quatre pilotes, dont Gilles Villeneuve, ont alors sauté dans leurs mulets.

À l’occasion du Grand Prix de Grande-Bretagne en 1986, un arbre de transmission de la Williams-Honda de Nigel Mansell a cassé net quelques mètres après le départ. Un carambolage s’en est suivi, ainsi qu’une interruption de la course. Mansell s’est glissé dans le mulet, pris le deuxième départ, doublé son coéquipier et rival Nelson Piquet pour remporter la victoire.

En Autriche en 1987, trois départs ont été nécessaires, car les deux premiers avaient tourné au désastre. Neuf pilotes ont abandonné leurs voitures endommagées pour les mulets à cette occasion. À Montréal en 1998, Jean Alesi, Jarno Trulli et Alex Würz ont dû prendre les mulets après leurs pirouettes au départ. Et que dire du télescopage géant survenu au départ du Grand Prix de Belgique en 1998 sur la piste de Spa-Francorchamps inondée par un déluge.

Cette bouée de sauvetage est interdite depuis le 1er janvier 2004. Un autre règlement fut adopté cette même date, celui qui oblige l’utilisation d'un seul moteur par voiture par week-end de Grand Prix. Pourquoi ? Pour des raisons de coûts, tout simplement. La FIA voulait ainsi réduire le budget des écuries, mais il faut avouer que les équipes majeures ont continué à dépenser sans compter jusqu’à l’adoption récente d’un plafond budgétaire.

Depuis 2004, les écuries peuvent apporter avec elles une troisième coque nue, c’est-à-dire totalement dépourvue de suspensions, moteur, freins, ailerons, etc. Elle ne peut servir que si une des deux voitures principales est totalement inutilisable par suite d’un accident survenu au cours des essais libres ou des qualifications. Mais pas en cas de drapeau rouge en course. Et c’est bien là que la F1 fait fausse route selon moi.

Disposer de l’accès à une voiture de réserve prête à rouler permettrait à un pilote dont la voiture principale a été accidentée au départ et avant la fin du deuxième tour de pouvoir prendre part à l’épreuve, même s’il doit démarrer depuis la voie des puits.

On peut comprendre l’immense frustration des amateurs qui ont payé de grosses sommes d’argent pour acheter des billets afin d’admirer et d’encourager leurs pilotes favoris et dont la course est ruinée après seulement quelques secondes.

Récemment, lors des Grands Prix de Grande-Bretagne et de Hongrie, les fans néerlandais ont été âprement déçus de voir leur idole, Max Verstappen, éliminé de la course dès le premier tour à Silverstone et rouler en milieu de peloton avec une voiture endommagée au Hungaroring.

Et que dire des fans de Ferrari qui ont vu Charles Leclerc incapable de prendre le départ du Grand Prix de Monaco et éliminé dès le premier virage en Hongrie cette année. La liste peut être vraiment longue.

L’utilisation du mulet pourrait être réservée aux pilotes qui ne sont pas directement responsables des accidents. Ainsi, Lance Stroll et Valtteri Bottas n’auraient pas pu prendre leurs mulets après les accidents survenus au départ du Grand Prix de Hongrie début août. Les autres pilotes impliqués, des “victimes” de leurs manœuvres carrément optimistes, auraient ainsi pu sauter dans les mulets si l’épreuve avait été arrêtée au drapeau rouge.

Mais chaque écurie n’ayant droit qu’à une seule voiture de réserve, cela peut mener à devoir faire des choix difficiles. Comme ce fut le cas en Hongrie au début du mois quand les deux Red Bull ont été endommagées au départ. L’écurie devait-elle accorder le mulet à Verstappen ou à son coéquipier, Sergio Pérez ? Ce choix pénible s’est souvent posé dans le passé, car les équipes ne pouvaient compter que sur une seule voiture de réserve. Dans la plupart des cas, c’est le pilote le mieux classé au championnat du monde qui pouvait en profiter.

Si la FIA permet aux écuries d’apporter avec elles une coque nue de secours sur les circuits, alors pourquoi ne pas permettre de la préparer, prête à rouler, et ainsi sauver le spectacle quand il est possible de le faire ? On leur interdit de le faire simplement pour une affaire de budget ? Il vaudrait mieux couper sur d’autres choses qui représentent un véritable gaspillage, comme ces gigantesques motorhomes qui trônent dans les paddocks ou ces milliers de pneus utilisés ou flambant neufs qui doivent être recyclés.