C’est en ce 2 août 1964 que fut organisé le premier week-end de courses automobiles sur le nouveau circuit routier du Mont-Tremblant, construit près du village de St-Jovite dans les Laurentides.
L’histoire du circuit et de ce lieu de villégiature commence en 1938 quand un explorateur et chercheur d’or de Philadelphie, Joe Ryan, vient prospecter la montagne pour y trouver des filons. En atteignant le sommet avec ses amis Harry Wheeler et Lowell Thomas, Ryan a une vision, celle de transformer ce lieu en une station de ski.
Au début des années 60, un aubergiste de la région, Léo Samson, amateur de sport automobile qui assistait à plusieurs courses du Montreal Motor Racing Club, a l’idée de faire construire un circuit presque au pied de la montagne. Ses efforts échouent à plusieurs occasions, mais Samson s’obstine et intéresse un autre citoyen de la région, Maurice Paquin, à son projet. À eux deux, ils réussirent enfin à amasser la somme de 50 000$ nécessaire pour faire construire la piste.
Le tracé original est beaucoup plus court que la piste actuelle. Il s’agit en fait de la petite piste nord de 2,41 km, communément appelée “tic-tac-toe”, qui coupe court après les Esses et rejoint le virage 10 avant le Gulch. Après seulement huit mois de travaux, la piste est enfin asphaltée et prête à accueillir les premiers compétiteurs.
La première épreuve, organisée par le Montreal Motor Racing Club, a lieu les 1er et 2 août 1964. Une foule estimée à quelque 15 000 spectateurs se rendent au circuit, achètent le programme souvenir vendu vingt-cinq sous (25 cents!) et logent sous des tentes plantées dans les nombreuses zones de camping éparpillées sur le site.
Durant la journée, le rocher, qui surplombe le virage en épingle Namerow, est pris d’assaut, car il offre une superbe vue sur une bonne partie du circuit. Près de 150 compétiteurs sont inscrits, trop heureux de pouvoir affronter un nouveau tracé vallonné et parsemé de virages difficiles.
Samedi le 1er août, le premier pilote à recevoir un drapeau à damier au circuit Mont-Tremblant est George Pepper d’Ottawa qui gagne la course de monoplaces aux commandes de l’ancienne Whitton-Chevrolet de Jacques Couture (qui devint plus tard l’instructeur en chef de l’école de pilotage Jim Russell).
La classe Novice compte trois participants. Charlie Kelly sur une Astor remporte la victoire. En catégorie Sport 2.5, victoire d’Al Pease sur MGB (qui tentera sa chance en Formule 1 quelques années plus tard) devant George Brocklehurst sur une Lotus Elan, Ross de St. Croix sur une MGB et Barry Martin sur une Triumph TR4.
En classe Sport 2.5+, victoire de Rudy Bartling sur une Porsche 718 RS 61 devant Jean Ouellet de Rimouski au volant d’une AC Cobra 289 achetée de Comstock Racing. En catégories FL 1.3 et Invitation, Ian McAuley impose sa Astur.
La course principale, le Labatt 50, est présentée par un beau dimanche après-midi 2 août sur une distance de 32 tours. Né en Allemagne en 1934 et immigré au Canada en 1956, Ludwig Heimrath se montre intraitable et remporte facilement la course aux commandes de sa Cooper Monaco T61 à moteur Ford 289.
Il parcourt la distance de 82,3 km en 43’05”7 et boucle son meilleur tour en 1’19”0. Rudy Bartling termine au second rang aux commandes de sa Porsche 718 devant Jean Ouellet et Al Pease.
Heimrath a été l’un des meilleurs pilotes de circuit routier au pays, ayant même tenté sa chance en Formule 1. Il s’est brillamment illustré lors de prestigieuses courses d’endurance et a aussi remporté le titre de la série SCCA Trans-Am à deux reprises. Il est le père de Ludwig Heimrath Jr qui a couru en série CART IndyCar entre 1987 et 1989.
La photo originale de Ludwig Heimrath a été prise par Lionel Birnbom d’Ottawa.