C’est ce jeudi, sur la grille de départ du circuit de Silverstone, où aura lieu le Grand Prix de Grande-Bretagne ce week-end, que les organisateurs du Championnat du monde de Formule 1 ont présenté la maquette à l’échelle 1 de la monoplace 2022. Entourée des 20 pilotes formant la liste des inscrits de cette saison, la nouvelle monoplace est très différente de la F1 actuelle.

Le règlement 2022 devait initialement arriver cette année mais il a été repoussé d’un an en raison des bouleversements liés au Covid-19. L’objectif derrière cette toute nouvelle réglementation est d’offrir plus de spectacle - bien que la saison actuelle n’en manque pas - au-travers des monoplaces intégrant de nouveau l’effet de sol et permettant des manœuvres de dépassement plus aisées pour les pilotes.

Rappelons que l’effet de sol est apparu en F1 à la fin des années 1970, la Lotus 79 de la saison 1978 remportée par Mario Andretti fut la première monoplace championne du monde avec cet ajout. Mais à l’époque, l’effet de sol était généré par les fameuses jupes latérales et des châssis pensés comme une forme d'aile d'avion inversée, créant d'énormes quantités d'appui aérodynamique et se révélant particulièrement dangereuses en virage si jamais une jupe se bloquait.

Les voitures à effet de sol ont ensuite été interdites à la fin de la saison 1982. 40 ans plus tard, on ne peut pas dire que la voiture 2022 sera un retour aux années 1970, mais elle comporte des tunnels sous le fond plat entièrement façonnés plutôt que le plancher en escalier utilisé actuellement. On ne parle donc pas de jupes mais cela permettra aux équipes de générer de grandes quantités d'appuis par effet de sol avec cette mesure.

La perte d’appuis aérodynamiques derrière une autre voiture se veut donc réduite avec la monoplace 2022. Les F1 actuelles perdent de 35% à 50% de leur appui lorsqu'elles sont derrière une autre monoplace, rendant ainsi difficile les dépassements. La voiture 2022, grâce à l’effet de sol, réduira cette perte entre 4% et 20%, selon la distance avec la voiture qui précède.

La F1 version 2022 aura aussi des ailettes sur les roues et les enjoliveurs seront de retour, pour une première fois depuis 2009. Cela permettra d’ajouter un flux d'air à travers les roues et augmenter un peu plus encore leur appui.

2022 sera aussi l’introduction des roues de 18 pouces avec des pneus à profil bas, dont on parle depuis déjà un bon moment et pour lesquels les pilotes ont déjà fait de nombreux essais. Pirelli sera toujours le manufacturier unique de pneus et ces roues de 18 pouces ont été conçues dans le but de réduire la surchauffe des pneus lorsqu'ils glissent. Sécurité pour les longs relais sur un même train de pneus mais aussi meilleure tenue de route sont les objectifs visés avec cette composante.

Les pneus à profil plus bas ont également l'avantage de réduire les changements de déflexion des flancs. Les équipes consacrent beaucoup d'efforts à simuler les phases d'écoulement d'air autour des formes des pneus et les interactions avec la carrosserie de la voiture. La réduction de la sensibilité dans ce domaine sera un avantage à la fois dans la conception de la voiture et pour les ressources requises à sa construction, ce qui est particulièrement important à l'ère des budgets plafonnés.

En découvrant cette monoplace 2022, on note aussi que les ailerons avant, qui se sont progressivement simplifiées ces dernières saisons, présentera une toute nouvelle forme de cet important accessoire. L’objectif de ces nouveaux ailerons est à la fois de générer une force d'appui constante lorsque le pilote roule juste derrière une autre voiture, et de s'assurer que le sillage de la roue avant est bien contrôlé et dirigé vers la voiture de la manière la moins perturbatrice possible.

Quant à l’aileron arrière, il est différent des monoplaces 2021, dans sa forme et sa position, de manière à créer un flux d'air rotatif et non plus directement vers les voitures en arrière. Ce sillon plus étroit projettera l’air très haut dans les airs, permettant à la voiture qui suit de se retrouver dans un flux d’air moins perturbé. À noter que le DRS restera sur l'aileron arrière.

Le châssis dans son ensemble est prévu pour absorber 48% et 15% d'énergie en plus respectivement dans les tests de choc avant et arrière. Cette mesure st la leçon principale tirée par la FIA de l’accident de Romain Grosjean à Bahreïn, en novembre dernier.

Au niveau de la motorisation enfin, la Formule 1 conservera bien sûr les unités turbo-hybrides actuelles de 1,6 litre. Il y aura cependant des composants plus standard au niveau du carburant, ainsi que des capteurs supplémentaires pour permettre à la FIA de mieux surveiller les unités de moteur.

La réglementation actuelle prévoit que les voitures fonctionnent avec du carburant contenant 5,75 % de bio-composants. À compter de 2022, cela passera à 10% avant l’introduction éventuelle d’un carburant entièrement durable dans un avenir proche.