Il y a des courses comme ça où tout devient mystérieusement facile et dominer ses rivaux ne cause aucun problème.

C’est ce qui est arrivé à Bertrand Godin le 13 juillet 1997 quand il a aisément remporté la victoire en Formule Atlantique sur les pistes de l’aéroport Burke Lakefront Airport à Cleveland.

Godin, deux fois vice-champion de France de Formule Ford 1800, avait remporté sa première victoire en Formule Atlantique un mois auparavant sur le circuit qui porte le nom de son idole, Gilles Villeneuve, à Montréal, à l’occasion du Grand Prix du Canada.

L’écurie Player’s de Formule Atlantique Toyota compte sur deux coqs, Godin et Alex Tagliani, deux anciens rivaux du karting F125. Ils réalisent les deux meilleurs chronos des qualifications, avec un mince avantage pour Tag qui signe la pole position.

« Je me suis qualifié en deuxième place, mais je crois que j’aurais pu battre le temps d’Alex, car un rapport ne s’était pas enclenché lors de mon meilleur tour et j’ai perdu une fraction de seconde » nous a récemment raconté Godin.

En préparation à la course, les 28 bolides effectuent deux tours de chauffe et le ciel tombe sur la tête de Tag. Il perd d’abord son capot moteur, puis sa boîte de vitesses grippe. Sa monoplace inopérante est évacuée de la grille de départ, ce qui place Godin en première place.

« Ç’a super mal été pour Tag durant le tour de chauffe et il n’a pas pu prendre le départ. J’ai bien démarré et réussi à garder tout le monde derrière moi au très large premier virage » poursuit Godin.

Memo Gidley de l’écurie Lynx le pourchasse, mais la course est vite neutralisée. « Il y a eu un jaune quand la voiture de Robert Sollenskog a violemment percuté le mur de béton. J’ai bien vu qu’il s’était fait mal et ça m’a un peu perturbé. On a donc longtemps roulé derrière la voiture de sécurité » explique-t-il.

L’épreuve est finalement relancée et Godin parvient à maintenir tous ses rivaux derrière lui. Si Godin parvient à s’échapper, l’action fait rage derrière lui pour la deuxième place. Gidley, Alex Barron, son coéquipier chez Lynx, et Case Montgomery ne se font pas de cadeaux et leurs bolides finissent par se toucher. Ils parviennent toutefois à repartir.

Un bris inhabituel

« Mon seul gros souci est venu du bris du levier de vitesses. Avec une dizaine de tours à faire, le pommeau a cassé net et est tombé dans le fond de la coque. Je craignais qu’il se coince sous la pédale de freins. Lors de certaines accélérations, j’ai tenté de l’attraper en m’étirant le bras, mais je n’ai pas été capable. J’ai ensuite commencé à avoir du mal à changer les vitesses, car le petit bout de métal coupant du levier avait déchiré mon gant et j’avais une grosse ampoule dans la paume de ma main ! » poursuit Godin.

À cause de la longue neutralisation et des impératifs de la retransmission télé, les officiels ont agité le drapeau à damier au 22e passage, confirmant la victoire de Godin qui possèdait alors une avance de 5”5 sur Montgomery. 

« J’étais super heureux d’avoir remporté deux victoires de suite, car mon début de saison avait été difficile. J’avais gaffé à Long Beach et connu deux accidents consécutifs. Je m’étais bien remis avec ces deux victoires. Tag et moi roulions avec les anciennes Ralt RT40 de Jacques Villeneuve et de Claude Bourbonnais ; des voitures de 1993. L’équipe Player’s avait toutefois effectué un superbe travail de développement. Cependant, l’écurie Lynx faisait rouler deux RT41 beaucoup plus récentes. Ses pilotes, Gidley et Barron, nous ont donné pas mal de fil de retordre! Ce fut une saison formidable. J’ai adoré ça » termine Godin.

Les monoplaces de la série CART étaient aussi en action ce même week-end à Cleveland. Alex Zanardi avait remporté la victoire pour l’écurie de Chip Ganassi tandis que les Canadiens connaissaient une course sans éclat. Paul Tracy terminait en septième place tandis que Greg Moore était forcé à l’abandon sur un bris de moteur et que Patrick Carpentier, pilote recrue chez Bettenhausen, se classait 12e.

Par contre, au classement des pilotes, on retrouvait deux Canadiens aux deux premières places. Paul Tracy occupait la tête avec 106 points devant Greg Moore, second avec 95 points. Patrick Carpentier termina la saison en 17e place au classement général et premier au championnat des recrues. Patrick avait réalisé un joli coup d’éclat à Gateway en se classant deuxième derrière le vainqueur, son compatriote Tracy !