Après avoir fait l’historique de la création des circuits de Sanair à St-Pie et de Gilles-Villeneuve à Montréal, voici celui du tracé de Riverside Speedway Ste-Croix situé à Ste-Croix sur la rive sud du St-Laurent près de Québec.
Le premier projet de construire un circuit routier dans la région de la ville de Québec remonte à 1968, année du premier Grand Prix du Canada présentée sur le circuit du Mont-Tremblant dans les Laurentides.
Plusieurs sites ont été visités, notamment sur les bords du fleuve St-Laurent. Quelques mois plus tard, un site est trouvé sur un terrain escarpé à Ste-Croix et une compagnie est formée pour effectuer les travaux et trouver des investisseurs.
Un homme d’affaires de Victoriaville, Jacques Bourassa, le journaliste Jacques Rainville et J.A. Drouin de Québec Dragway dirigent la compagnie qui fait appel à des spécialistes de la course automobile tels John Ross et Jacques Duval pour prodiguer des conseils.
Après mûre réflexion, Bourassa décide de modifier son projet original et le rendre fort probablement plus "socialement acceptable". Ainsi, au circuit automobile s’ajoutent un centre de villégiature, un camping, une plage, un aérodrome, un terrain de golf, un centre équestre, une marina, un théâtre d’été et même une piste de motoneige. Bref, il n’y aura pas que des bolides de course, mais un peu de tout.
Malgré la mauvaise météo et la grève dans le secteur de construction, le circuit est construit en 1970. Il compte un circuit routier long de 2,8 km étalé sur trois niveaux à cause de la pente du terrain, auquel s’ajoutera un ovale 5/8 de mille, soit environ 0,9 km. Puisque la marée joue un rôle important dans la région, le niveau du sol près du fleuve a dû être haussé de quatre mètres.
La construction des bâtiments, des restaurants, des postes de péage aux entrées, de la tour de contrôle, l’enfouissement des tunnel et l’asphaltage de la piste furent réalisés à temps. Les gradins pouvaient accueillir 6000 spectateurs et le site offrait 3 000 espaces de camping et un stationnement pour 15 000 véhicules.
La première épreuve pour des voitures en circuit routier a eu lieu un an plus tard, en juillet 1971. Une manche de 70 tours du championnat canadien de Formule Atlantique y fut présentée le 23 juillet 1972 et remportée par Brian Robertson d'Ottawa au volant d’une Chevron B-20. En dépit de l’intérêt suscité à son ouverture, des soucis financiers causent vite beaucoup d’incertitude. Tout le reste du projet est donc abandonné : il n’y aura pas de centre de villégiature, de terrain de golf, de marina et autres. Au bord du gouffre financier, le circuit ferme ses portes en 1974 et est malheureusement laissé à l’abandon.
Au milieu des années 1980, l’ovale est à nouveau utilisé par un promoteur de la région de Québec et les courses de stock-cars qui y sont présentées connaissent un certain succès.
C’est en 1999 qu’un projet de relance est édifié par Denis Lachance. Le long circuit routier, très dénivelé, est abandonné. L’équipe se concentre à réduire sa longueur à 1,77 km sur le niveau le plus bas. Un an plus tard, en août 2000, une épreuve, le "Grand Prix de Québec", est finalement présentée sur ce circuit routier. Le Championnat américain de Formule 3 y est en vedette, mais seulement six voitures effectuent le déplacement. Le Brésilien Lucino Gomide, aux commandes de sa Dallara F300, signe le meilleur temps en 38”156 aux qualifications et remporte les deux manches. La série américaine SCCA World Challenge y a aussi présenté une épreuve en 2000. Peter Cunningham, sur une BMW M3, avait remporté la victoire en GT, le Brésilien Pierre Kleinubing en Touring, avec une Acura Type R.
Un an plus tard, la Formule 3 américaine avait prévue effectuer un retour au circuit de Ste-Croix, mais le déplacement fut finalement annulé. Une course eut lieu le 15 juillet, nommée le Grand Prix Via Rail Canada de Québec. On assista à des courses de la série ADL Tobacco de stock-car, de ChampCar Lights (avec une victoire de Claude Bourbonnais), FAQ Hankook Touring GT et Sedan GTO (course invitation gagnée par Jacques Guénette sur une Porsche 911 turbo) et des démonstrations d’autres voitures de course.
Le circuit ovale de Riverside Speedway Ste-Croix a continué de présenter des courses de stock-car avec les nombreuses visites de la Super Séries CASCAR et de l’American Canadian Tour avec ses séries ACT Pro Stock Tour, ACT Late Model Tour et la série ACT Québec. Jean-Paul Cabana a d’ailleurs décroché sa 500e victoire en carrière sur l’ovale de Ste-Croix en 1992.
En 2008, l’ancien pilote de stock-car Richard Foley et les frères Jean et Guillaume Bergeron ont fait l’acquisition du circuit de Ste-Croix qu’ils ont rebaptisé Riverside Speedway. La vocation de la piste a radicalement changé et est devenue disponible pour les courses entre amis, une école de pilotage de stock-car, des essais de motos et surtout des épreuves de drift de la série canadienne DMCC.
Le site a toutefois bien failli fermer pour de bon en 2018. Après un projet avorté de quartier résidentiel, le Circuit Ste-Croix, qui est de nouveau en vente depuis janvier 2017, devait être transformé en centre de villégiature et camping de luxe. Un investissement de 30 millions de dollars qui n’a jamais vu le jour en raison des difficultés de changement de zonage et de décontamination du sol.
Il est donc demeuré dans les mains des actuels propriétaires qui ont poursuivi les activités de sports motorisés et, en 2020, ont même demandé un permis à la ville de Ste-Croix pour effectuer des travaux, mais un regroupement de citoyens conteste ce qui a été fait.
En fait, ce bras de fer entre les gestionnaires du circuit et un groupe de citoyens date d’une bonne dizaine d’années. Comme ce fut le cas avec l’Autodrome St-Eustache, le circuit de Sanair et le circuit du Mont-Tremblant, les résidents habitant près du Riverside Speedway se plaignent du bruit des voitures de course et voudraient bien voir cette piste fermer pour de bon. Si les propriétaires du circuit ont l’intention de faire homologuer de nouveau la piste pour y tenir des épreuves nationales de circuit routier, on sait que le site est toujours à vendre. Que réserve l’avenir ?