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10 juin : Brian Redman grièvement blessé lors d’un accident à bord d’une Can-Am au Mont-Tremblant en 1977

10 juin : Brian Redman grièvement blessé lors d’un accident à bord d’une Can-Am au Mont-Tremblant en 1977

Jeudi 10 juin 2021 par René Fagnan
Crédit photo: Facebook Brian Redman

Crédit photo: Facebook Brian Redman

Une grosse voiture de type Can-Am, avec son moteur V8 de plus de 650 chevaux, file à toute vitesse sur la longue ligne droite. Soudain, le train avant se soulève légèrement, puis les pneus quittent le sol. Une gigantesque quantité d’air s’engouffre sous le bolide qui, brusquement, s’élève à la verticale et s’envole presque comme une feuille soufflée par le vent.

Après avoir effectué un saut périlleux arrière dans les airs, la voiture s’écrase violemment à l’envers au sol, projetant une pluie de morceaux de fibre de verre. La voiture retournée glisse sur la piste, projetant d’impressionnantes gerbes d’étincelles. Tout s’arrête enfin. Dans ce tas d’aluminium froissé se trouve un pilote fortement amoché, mais encore en vie. Il s’agit de Brian Redman.

Ce spectaculaire accident est survenu le vendredi 10 juin 1977 sur le circuit du Mont-Tremblant dans les Laurentides. Il s’agissait du retour de la populaire série Can-Am sur les pistes nord-américaines après des années d’interruption. Le SCCA avait décidé de remplacer les Formule 5000 par ces nouvelles Can-Am qui étaient en fait des F5000 carrossées. Peu d’écuries s’y étaient intéressées, à l’exception de celle de Carl Haas et Jim Hall qui avait rapidement reçu le kit de conversion pour modifier leur Lola T333CS.

Le pilote de l’écurie Haas/Hall, Brian Redman, s’est toutefois vite rendu compte que le nouveau museau de la voiture, qui enveloppait les pneus avant, ne générait pas suffisamment d’appui. L’écurie a donc modifié un ancien nez muni d’ailerons pour tenter de résoudre le problème.

L’épreuve du Mont-Tremblant marque le début de la saison 1977. Avant d’avoir été refait à neuf, le circuit possédait un dos d’âne situé sur la longue ligne droite arrière du circuit. Durant les essais du vendredi, Elliott Forbes-Robinson passe sur cette bosse à plein régime. Sa Can-Am s’envole, effectue un tonneau dans les airs et retombe miraculeusement sur ses quatre roues. “EFR” est sonné, mais il ne souffre d’aucune blessure. C’est un premier avertissement.

Un trou dans son casque

Quelques heures plus tard, Brian Redman est beaucoup moins chanceux. Il est le plus rapide quand il s’arrête aux puits et demande à Jim Hall qu’on abaisse les ailerons avant d’un quart de pouce afin de gagner un peu de vitesse maximale.

De retour en piste, lui aussi passe sur la fameuse bosse avec son pied droit soudé sur l’accélérateur. La Lola file à plus de 240 km/h quand l’avant, qui ne génère toujours pas assez d’appui aérodynamique, se soulève. Le bolide s’envole à plus de dix mètres dans les airs. Il s’écrase à l’envers et sous la force du choc, l’arceau de sécurité, censé protéger la tête du pilote, plie. Le casque de Redman racle l’asphalte à haute vitesse et la friction finit par le perforer.

Les secours arrivent sur place, retournent la voiture à l’endroit et s’affairent à immobiliser le pilote. Ce dernier, excellent pilote d’endurance, trois fois champion de F5000 qui a aussi couru en F1, est dans un état critique et souffre d’une clavicule gauche cassée, d’un sternum fendu, de deux côtes cassées et, pire, d’une vertèbre du cou fracturée.

Le docteur Jacques Bouchard, l’actuel médecin en chef au Grand Prix F1 du Canada, était en fonction au circuit cette journée-là et il nous raconte la suite des événements. « C’était ma toute première journée ; ma toute première expérience à titre de médecin lors d’une course automobile » nous a-t-il raconté.

« Pour moi, ce fut toute une entrée en matière ! Il faut se souvenir que nous en étions au tout début de la médecine sur un circuit de courses. Nous n’étions pas organisés comme nous le sommes aujourd’hui. Je suis arrivé sur place et nous avons étendu Redman sur une planche d’immobilisation en prévision de son évacuation vers l’hôpital de Ste-Agathe. J’ai pris place dans l’ambulance et c’est vrai que nous avons eu une crevaison en nous rendant à Ste-Agathe. Une fois à l’hôpital, les médecins ont perfusé Redman, installé une minerve pour stabiliser sa tête et ont pris des radiographies de son cou et de sa colonne vertébrale avant de le transférer à l’Institut neurologique de Montréal. »

Dans sa chambre d’hôpital à Montréal, Redman alité, porte une orthèse cervicale de type Halo (celle avec le cerceau métallique autour de la tête et les vis...). Il est sous l’effet de puissants sédatifs, le temps que le gonflement et la contraction de l'épiderme de son cerveau suivent leur cours et que les médecins évaluent les dommages causés à son cerveau et à son système nerveux.

Fort heureusement, Redman ne souffre d’aucune blessure permanente. Il ne lui faut que du temps. Après un mois passé à Montréal, il reçoit son congé de l’hôpital et retourne chez lui au Royaume-Uni, en première classe. Après plus de cinq mois de rééducation et de soins, Redman marche enfin normalement, puis recommence la course à pied.

Le 18 mars 1978, neuf mois après son terrible accident, il remporte les 12 Heures de Sebring au volant d’une Porsche 935 de l’écurie de Dick Barbour qu’il partage avec Charles Mendez et Bob Garretson. Impressionnant !