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7 mai : Le GP de Monaco de 1967 marqué par le décès de Lorenzo Bandini

7 mai : Le GP de Monaco de 1967 marqué par le décès de Lorenzo Bandini

Vendredi 7 mai 2021 par René Fagnan
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

Pilote Ferrari, Lorenzo Bandini a perdu la vie durant le Grand Prix de Monaco de 1967. Évidemment, ce n’était pas la première fois qu’un pilote de Formule 1 perdait la vie sur un circuit automobile, mais ce fut la première fois que l’accident était retransmis en direct à la télévision.

Auparavant, la mort d’un coureur automobile faisait les manchettes des quotidiens durant une journée ou deux, puis c’était terminé. Mais dans le cas de Bandini, des centaines de milliers de téléspectateurs ont été choqués d’assister en direct à la mort d’un pilote.

Bandini était âgé de 31 ans et avait remporté une victoire en F1 à l’occasion du Grand Prix d’Autriche en 1964. Excellent pilote d’endurance, il venait de gagner les 24 Heures de Daytona en compagnie de Chris Amon sur une Ferrari 330 P3/4 Spyder.

Dans les rues étroites et sinueuses de Monaco, il installe sa Ferrari 312/67 en deuxième place sur la grille de départ derrière la Brabham BT19-Repco de Jack Brabham.

L’épreuve de Monaco est très longue. Disputée sur 100 tours, la course dure habituellement un peu plus de deux heures trente. La direction et les freins n’étant pas assistés et les pilotes devant manipuler un levier de vitesses récalcitrant, cette course réclame de l'endurance, énormément de concentration et des gestes d'une grande précision.

Dimanche, il fait beau et chaud. Bandini boucle le premier tour de course en tête, puis repasse en troisième place. Au 15e passage, l’italien remonte en seconde place et roule derrière le meneur, Danny Hulme aux commandes d’une Brabham BT20-Repco.

Soudain, tout bascule

Au 82e tour, Bandini commet une petite erreur de pilotage qui a de gigantesques répercussions. Quelle en fut la cause ? Encore aujourd’hui, on ne sait pas avec certitude. Chris Amon a avancé que Bandini était peut-être fatigué, moins attentif, moins précis. A-t-il connu des ennuis avec sa voiture ? Certains suggèrent une perte de pression d’air dans son pneu avant droit, un bris de suspension ou son incapacité à sélectionner le bon rapport au freinage de la chicane.

Quoi qu’il en soit, la roue avant gauche de sa Ferrari aurait touché l’intérieur du premier virage de la chicane qui, à cette époque, était assez rapide. La voiture a alors filé tout droit sur les bottes de foin placées au bord de la piste, en bordure du port, car il n’y avait pas de glissière de sécurité à cet endroit !

La Ferrari se disloque quand elle percute une tête d'amarrage de bateau cachée par les bottes de foin. Cela arrache les durites d’essence et perfore un des réservoirs de carburant. L’épave en feu de la Ferrari se retrouve à l’envers au milieu de la piste, emprisonnant le malheureux pilote. Les images sont retransmises en direct à la télévision et la plupart des commentateurs croient que Bandini a été éjecté de sa voiture et qu'il n’est pas blessé. Ils sont malheureusement dans l’erreur.

Bandini est certes grièvement blessé, mais il est encore conscient. Le feu est d’une rare intensité. La voiture et des centaines de bottes de foin brûlent hors contrôle. La course n’est même pas arrêtée et les bolides frôlent l’épave et quelques commissaires et pompiers tentent de secourir le pilote emprisonné sous sa voiture. La chaleur est si intense que l’asphalte commence à fondre...

Les commissaires ne sont pas habillés convenablement et ne disposent pas d’équipement adéquat. Les extincteurs qui utilisent sont désuets et ils n’ont que quelques cordes pour tenter de retourner la voiture. Cinq longues minutes passent avant qu’ils parviennent enfin à accéder au bolide.

Par malheur, un hélicoptère survole la scène et passe trop bas. Le souffle des pales rallume l’incendie. Encore du retard. Bandini est enfin extrait de sa voiture. L’ambulance ne peut pas rouler sur la piste, alors les brancardiers le transportent à pied vers le port où on l’installe dans un petit bateau à moteur qui l’amène à l’hôpital. Tout ceci est vu en direct sur les chaînes de télévision.

Souffrant de brûlures au troisième degré sur presque tout son corps, Bandini succube de ses blessures trois jours après son admission à l’hôpital Princesse Grace de Monaco.

Cette catastrophe a été un véritable électrochoc dans le monde de la F1. Plusieurs pilotes, dont Jackie Stewart, se sont sérieusement questionnés sur la sécurité des pilotes, des voitures et des circuits.

L’année suivante, des rails de sécurité ont été installés le long du port de Monaco pour le Grand Prix. Mais c’était trop tard pour Bandini... Au moins, la croisade pour une meilleure sécurité était en marche.