Une saison record de 23 Grands Prix est prévue cette année en Formule 1. Un record. Cette saison 2021 a débuté le week-end dernier à Bahreïn et, avec le retour des Pays-Bas (retour initialement prévu l’an dernier mais reporté à 2021) et l’ajout de l’Arabie saoudite, la F1 devrait visiter plus d'endroits que jamais auparavant.
Cela veut aussi dire que dans une année habituelle, ses dirigeants s'attendraient à récolter encore plus de gains financiers, mais l'incertitude mondiale engendrée par les restrictions gouvernementales liées au Covid-19 affecte grandement l’ensemble du sport automobile, et la F1 en particulier. La discipline fait face à une autre saison de revenus en baisse en raison essentiellement de l’absence de spectateurs dans les estrades.
Jake Kemp, analyste sportif de la compagnie britannique GlobalData, commente : « En regardant le prix moyen des billets et le nombre de spectateurs des courses de la saison 2019, la F1 pourrait avoir un manque de revenus provenant de la billetterie d’environ 296,49 millions de dollars US. Cela ne concerne que la ventes de billets et dans le cas où toutes les 23 courses devraient être présentées à huis clos. Cela place la perte moyenne par Grand Prix (provenant de la vente de billets) à environ 12,89 millions de dollars US ». Ce montant équivaut à 16,3 millions de dollars canadiens et les 296,49 millions US évoqués plus haut représentent 375 millions canadiens.
Précisons toutefois que lorsqu'on parle de pertes pour la F1, il faudrait plutôt dire que ce sont celles des promoteurs locaux puisque la vente de billets est leur seule source importante de revenus. N'ayant pas de revenus des contrats de télévision, les organisateurs locaux sont les principales victimes de la présentation des épreuves à huis clos.
« Les Grand Prix d'Australie et de Chine ayant déjà été reportés ou annulés, la F1 doit se préparer à une autre saison de perturbations. Bien que la situation apparaisse meilleure qu’en 2020, l'objectif de ses dirigeants est de réduire les pertes potentielles, y compris la possibilité de perdre des équipes en 2021 » ajoute Kemp. Cette dernière phrase semble toutefois alarmiste car présentement aucune écurie de F1 ne serait en voie de disparition, y compris Haas où la venue d’un puissant commanditaire russe lié à la présence dans l’équipe du débutant Nikita Mazepin procure de nouveaux revenus.
Le graphique de GlobalData présenté ci-dessous met en évidence la valeur des 16 principaux partenariats qui composent le portefeuille des commandites en Formule 1 cette année. Ces montants sont en millions de dollars américains. Lorsque l'on regarde les commandites les plus lucratives, on constate qu’à elles seules elles peuvent rapporter entre 40 et 50 millions de dollars US par an.
Kemp poursuit : « Avec son affiliation à la vitesse, la précision, le luxe et un calendrier mondial, la F1 est une compétition hautement commerciale qui peut offrir aux marques intéressées une publicité directe sur de grands marchés clés. Malgré la nature difficile de la saison 2020, la F1 a conservé bon nombre de ses partenaires actuels, tout en ayant également apporté une gamme de nouvelles offres qui, à leur tour, l'aideront à générer environ 230,5 millions de dollars auprès de ses 16 principaux partenaires ».
Il conclut en apportant une hypothèse à propos de la couverture télévisée : « Bien que certains accords avec les médias gratuits existent toujours, il y a certainement eu un fort virage vers le marché de la télévision payante au cours des dernières années. Avec cette stratégie, il semble probable que la F1 accélérera cette conversion vers la télé payante afin d'accélérer ses efforts de récupération des revenus perdus en raison de la crise du Covid-19 ».
Il est très probable que les Grands Prix qui doivent avoir lieu ce printemps seront présentés à huis clos, ou avec un très faible nombre de spectateurs admis. Seul le Grand Prix de Monaco pourrait, si rien ne change, attirer un nombre élevé de spectateurs. C’est en tout cas la volonté de ses organisateurs, tout comme pour le Grand Prix de Grande-Bretagne qui doit être présenté en juillet à Silverstone. Selon les prédictions les plus réalistes, la présence des fans en nombre élevé au bord des pistes ne serait envisagée qu’au retour de la pause estivale, soit fin août avec le Grand Prix de Belgique, puis des Pays-Bas et d’Italie.
Quant au Grand Prix du Canada, il est présentement toujours maintenu en date du 13 juin prochain. Il pourrait être annulé ou présenté à huis clos; cette seconde option apparaissant comme la plus réaliste à ce stade-ci. En revanche, son report à l’automne comme cela avait été planifié l’an dernier apparaît très peu probable pour l’instant, compte-tenu du nombre important de Grands Prix qui ont déjà leur date réservée dans le dernier tiers de la saison.