Deuxième au championnat de la série IMSA Michelin Pilot Challenge après deux courses disputées, Kuno Wittmer a récolté la victoire à Daytona en ouverture de saison, avant de se classer neuvième, suite à une crevaison lente, à Sebring il y a 10 jours. En compagnie d’Orey Fidani sur la McLaren 570s GT4 de l’équipe ontarienne AWA, Kuno est confiant pour le reste de la saison.

Nous sommes revenus avec lui sur l’événement de Sebring, en plus de parler de la Balance des Performances et de la manière dont il voit la suite de la saison…

Kuno, petite statistique pour débuter : tu as gagné 5 fois à Daytona*** et jamais encore à Sebring. Comment expliques-tu cela ?

« Sebring, c’est toujours un peu compliqué. Depuis ma 1ère course là-bas en 1999, je n’y ai jamais gagné. Mais, contrairement à Daytona où ça a toujours été la victoire ou rien, à Sebring j’ai 5 deuxièmes places. La plus belle de ces deuxièmes places est sans nul doute 2014 en GTLM où avec la Viper GTS-R on avait fini à 1,5 seconde de la Porsche officielle après une belle bataille… Sebring est une piste technique, qui fait beaucoup souffrir les mécaniques, mais j’aime quand même ce circuit. Il est évidemment très bosselé et pour les GT de 2021, c’est une torture. On n’est plus aux GT quasiment de série des années 1970, avec toute la technologie embarquée, c’est une piste qui se révèle très cassante.»

Parlons de l’épreuve de l’IMSA Michelin Pilot Challenge d’il y a 10 jours : malgré la Balance des Performances peu favorable à la McLaren, vous avez quand même été très compétitifs. Le fait que ton équipier Orey Fidani se qualifie deuxième, était-ce une surprise pour toi ?

« Oui et non ! On est arrivés sans avoir tourné sur cette piste depuis 2019 et il y avait seulement deux séances d’essais avant la qualif. Nous avons donc décidé d’économiser les pneus (le règlement nous autorise 5 sets pour l’ensemble de la fin de semaine), c’est pour cela que l’on était premiers de la 1ère séance puis 9èmes de la seconde car nous roulions sur de vieux pneus et cherchions les meilleurs réglages de suspension en fonction des bosses. En qualification, Orey a fait un excellent travail mais, si l’on regarde les progrès qu’il a accompli depuis l’an dernier en CTCC, je ne suis pas surpris. L’an passé, nous étions la seule GT4 en CTCC mais ce n’était pas grave car nous avons travaillé vraiment fort pour qu’il progresse à chaque séance, chaque course. Il supporte bien la pression, il est super calme et on en a le résultat cette saison. Je pense aujourd’hui qu’on est avec Orey une coche plus haut que les pilotes amateurs des autres équipes.»

En course, votre équipage a débuté en 1ère ligne mais vous finissez neuvièmes suite à une crevaison lente. On imagine que tu es déçu du résultat…

« Je m’attendais à une course compliquée car je savais que les BMW, les Aston Martin et les Porsche en gardaient beaucoup en réserve depuis Daytona. On l’a vu en course : quand une BMW tourne une seconde et demi plus vite en course qu’en qualif, c’est parce qu’ils ont bien caché leur jeu avec la Balance des Performances (BoP). C’est de bonne guerre, j’ai piloté pour BMW dans le passé, je sais comment ça marche ! Nous de notre côté, on est au maximum de nos performances, donc voir les deux McLaren inscrites finir 8ème et 9ème est normal avec la BoP actuelle. La crevaison lente à l’avant-droit nous a bien sûr coûté du temps et quelques positions car elle nous a obligé à un second arrêt alors que la stratégie à la base était de ne s’arrêter qu’une fois mais cela aurait été impossible de se battre pour la victoire de toute façon.»

N'es-tu pas tanné de ces discussions politiques autour de la BoP, année après année ?

« Si j’avais dû répondre à ça il y a 10 ans, je ne serais pas content ! Mais depuis, je m’y suis fait et ce programme de balance des performances n’est pas la pire chose au monde non plus. Dans la situation actuelle, l’IMSA et McLaren ont déjà eu mon rapport de ce qu’il faut faire pour équilibrer davantage les voitures mais ce sont les manufacturiers et l’IMSA qui discutent de tout cela, ça ne se décide pas avec les équipes ou les pilotes. On verra ce qui va arriver d’ici la prochaine course, le 15 mai à Mid-Ohio, mais je serais surpris que la BoP change radicalement.»

Orey et toi êtes désormais deuxièmes au championnat. Allez-vous être en mesure de faire toute la saison pour viser le titre ?

« À part si tout à coup il y avait des restrictions de voyage encore plus grandes, nous serons là à toutes les courses pour nous battre pour le championnat. Mais pour l’instant, la formule de nous (tous les membres de l’équipe AWA) déplacer aux événements sans prendre l’avion fonctionne, on n’a même eu aucune question à la frontière en revenant de Sebring ! Ça, ça m’a surpris plus que la course ! C’est long de voyager par la route mais comme nous sommes considérés comme travailleurs essentiels, on évite la quarantaine au retour et on va donc pouvoir disputer tous les événements de la saison. En étant deuxièmes au championnat, on a bien sûr l’ambition de nous battre pour gagner d’autres courses tout en continuant à nous développer comme une petite équipe très structurée, qui a de bonnes ressources et qui peut se battre avec des grosses écuries. Orey performe super bien, on communique très bien ensemble et l’équipe est très soudée. Je suis confiant pour le reste de la saison…»
 

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