C’est en janvier 1973 que la FIA, la Fédération internationale de l’automobile, a implanté le tout nouveau Championnat du monde des rallyes, connu aussi sous l’appellation de WRC (World Rally Championship) en anglais.
Car avant cette date, les rallyes étaient organisés sans grande cohésion jusqu’à ce que la FIA rassemble certaines épreuves afin de créer les premiers championnats locaux, d'abord au niveau européen en 1953 avec la création du Championnat d'Europe des pilotes. En 1968, la FIA instaure le Championnat d'Europe des marques.
La popularité des rallyes s’accroît rapidement à travers le monde et en 1970, on assiste à la création du Championnat international des marques. Porsche récolte le premier titre en 1970, suivit l’année suivante par Alpine puis par Lancia. Et on en arrive à 1973 quand la FIA crée le Championnat du monde des rallyes, dont le titre est réservé au constructeur automobile et non pas au pilote. Il faudra attendre à 1979 pour voir enfin apparaître le Championnat des pilotes et celui des copilotes.
Des épreuves mythiques
Cette première saison de championnat mondial de 1973 comptait 13 événements, chacun tenu dans un pays différent. Plusieurs de ces rallyes sont devenus des incontournables au fil des ans. On n’a qu’à penser aux prestigieux Monte Carlo, Tour de Corse, 1000 Lacs, le Safari et le RAC au Royaume Uni. Des noms qui ont fait rêver des amateurs durant des décennies.
La majorité des épreuves de 1973 étaient disputées sur des routes de gravier. On ne comptait qu’un rallye présenté sur asphalte (la Corse), un seul sur la neige (la Suède) et trois tenus sur des routes présentant des surfaces mixtes. Les constructeurs Alpine Renault, Saab, FIAT, Ford, Datsun et Citroën se sont livré de beaux duels durant cette saison inaugurale.
Le Rallye Monte Carlo, première épreuve du nouveau championnat en 1973, fut disputé du 19 au 29 janvier 1973 sur une distance totale de 1800 km divisée en 18 étapes totalisant 420 km de parcours chronométré. Au départ, 278 équipages sont autorisés à participer à ce 42ème Rallye Automobile de Monte-Carlo qui présente aux participants des routes sinueuses asphaltées et sèches, et d’autres complètement enneigés et verglaçées, surtout en altitude.
Les conditions sont difficiles en début d’épreuve et un incident, survenu dans les montagnes de l’Ardèche, a bien failli tout compromettre. Sur ces routes glissantes, une voiture a dérapé et, immobilisée en travers, a bloqué la route à quelque 140 concurrents qui suivaient. La direction de course prend alors de décision d’exclure tous ces participants retardés par l’incident, ce qui provoque, évidemment leur colère.
Certains exclus prennent alors la décision de bloquer la route au départ de la spéciale suivante. Jean-Claude Andruet, qui mène le rallye à bord de son Alpine Renault A110 1800, décide de contourner le blocus en coupant à travers un champ enneigé ! Un peu plus tard, Andruet évite la catastrophe en parvenant la maintenir son Alpine sur la route durant un tête-à-queue des plus impressionnants.
Au final, Andruet et sa copilote, Michèle Petit, surnommée “Biche”, terminent en première place. Le Suédois Ove Andersson (qui dirigera le programme de Toyota en Formule 1 au début des années 2000) et Jean Todt (oui, oui, ce même Jean Todt maintenant à la présidence de la FIA) se classent seconds dans leur petite Alpine, à seulement 26 secondes des vainqueurs. Une touchette avec un rail de sécurité au Col de la Couillole leur a fait perdre 45 secondes et possiblement la victoire.
Alpine avait fait fort à cette occasion avec un triplé, car les Français Jean-Pierre Nicolas et Michel Vial s’étaient classés troisièmes devant Hannu Mikkola et Jim Porter à bord d'une Ford Escort RS 1600. Quarante-quatre équipages avaient terminé l’épreuve. Alpine-Renault a décroché ce premier titre mondial en 1973 avec 147 points, ayant récolté six victoires en 13 épreuves.