Le pilote canadien Nicholas Latifi, qui dispute sa première saison en Formule 1, poursuit son apprentissage au volant d’une Williams FW43 à moteur turbo hybride Mercedes.
Latifi ne dispose pas de la meilleure voiture, c’est évident, mais il accumule les kilomètres et se sent de plus en plus à l’aise à son bord, ce qui lui permet de rouler un peu plus vite et de pousser un peu plus fort sans commettre trop d’erreurs.
Lors du plus récent Grand Prix, celui d’Émilie-Romagne tenu sur le tracé d’Imola, Latifi a récolté sa troisième 11e place de la saison. Il a décroché ce résultat avec honneur, ayant croisé l’arrivée devant certains gros noms comme Sebastian Vettel, son compatriote Lance Stroll, Romain Grosjean et Alexander Albon.
« Course après course, j’ai de plus en plus confiance en moi et en la voiture » nous a expliqué Latifi depuis Istanbul où il se prépare à disputer le Grand Prix de Turquie cette fin de semaine.
« À force de d’accumuler les tours de piste, dans toutes sortes de conditions, comme des simulations de qualifications avec le réservoir vide puis des simulations de courses avec le plein d’essence, et savoir gérer l’usure des pneus, tout cela me rend plus confiant. Depuis le début de la saison, l’équipe produit de nouvelles pièces mécaniques et aérodynamiques et j’ai appris à mieux comprendre le fonctionnement des réglages, ce qu’il faut faire pour extraire un peu plus de performance de la voiture et l’adapter un peu mieux à mon style de pilotage. Parfois, on teste un truc qui donne de bons résultats dans tel type de virages tandis que d’autres fois, c’est l’opposé, alors avec plus d’expérience, je peux commencer à guider les ingénieurs avec plus d’efficacité. »
À sa première saison en F1, il a fallu que le Torontois de 25 ans apprenne tout, très vite. « Il y a tellement de choses que l’on peut modifier ou ajuster sur une voiture de F1... C’est très différent des catégories juniors où on retrouve habituellement des voitures monotypes et où tout le monde a pratiquement le même matériel. En F1, de nouvelles pièces sont souvent apportées et je dois parvenir à les évaluer » explique-t-il.
Le fameux virage 8
Latifi précise n’avoir jamais roulé sur le tracé d’Istanbul, même pas dans une voiture de série. Il nous parle ici de sa préparation pour cette course et du retour de la F1 en Turquie. « La Grande-Bretagne vit désormais dans le confinement et mes visites à l’usine Williams, ainsi que mon travail en simulateur, ont été fortement règlementés par les précautions sanitaires strictes » précise Latifi.
« De tous les circuits ajoutés au calendrier cette année, celui d’Istanbul est celui qui m’attire le plus. Son tracé, un des rares qui tournent vers la gauche, semble être très excitant. Les données techniques que les écuries possèdent de ce circuit datent de 2011. Elles sont donc dépassées et probablement inutilisables. Pour cette raison, toutes les écuries devraient être un peu plus sur un pied d’égalité ce week-end. »
A-t-il hâte d’affronter le fameux virage 8 aux commandes d’une voiture de F1 ? « Oui, car tout le monde parle de ce célèbre virage 8. C’est un long virage à gauche, presque à 180 degrés et qui possède quatre points de corde et qui prend entre quatre et six secondes à négocier. À réservoir d’essence vide, on pourra le prendre facilement à fond. Nous allons encaisser beaucoup de forces latérales durant un long moment. Pour les pneus, ce sera une torture, surtout pour le pneu avant droit. En course, il faudra faire attention de ne pas trop taxer les pneus, surtout avec le réservoir plein, mais tout dépendra aussi de la stratégie de nous adopterons. »
Nous avons terminé l’interview en demandant à Nicholas ce qui avait changé au sein de l’écurie Williams depuis son rachat en mai dernier par le fonds d’investissements américain Dorilton Capital.
« Ce fut un peu triste et quelque peu inattendu de voir Claire et Frank [Williams] devoir quitter les commandes de l’écurie. L’atmosphère qui règne au sein de l’équipe a certainement un peu changé. Il manque quelque chose, comme une présence rassurante, disons-le » affirme-t-il.
« Par contre, cela n’a pas changé mon rôle et mon boulot dans l’équipe. Même chose ce qui a trait aux ingénieurs et aux mécaniciens. Mais derrière les portes closes, il se passe beaucoup de choses. Les nouveaux propriétaires ont assisté à deux Grands Prix et sont venus à l’usine. Ils portent beaucoup d’attention à la façon de bien investir dans l’usine, car c’est justement là qu’on va pouvoir produire une voiture plus rapide. L’arrivée de nouveaux investisseurs en milieu de saison a apporté de la stabilité à l’équipe. Il ne reste que quatre courses à disputer cette saison et soyons honnêtes, nous ne verrons pas de grands changements ou d’importantes améliorations d’ici la fin de 2020. Par contre, pour l’année prochaine et les suivantes, nous devrions certainement constater le fruit de leurs investissements. »