Alors que la saison 1984 approche de sa conclusion, le Français Alain Prost pense bien réaliser son rêve et devenir Champion de Formule 1. Eh bien, non. Tout s’écroule en fin de parcours.Encore une fois.
C'est un peu une répétiion de ce qui s'était produit l’année précédente. La lutte était serrée entre Prost et Nelson Piquet en 1983. Mais la machine Renault s’est enrayée en fin de parcours et Piquet, aux commandes d’une Brabham-BMW, a finalement décroché le titre devant Prost.
Fin 1984, la lutte au titre oppose les deux pilotes McLaren : Alain Prost et Niki Lauda, ce dernier ayant déjà été sacré Champion du monde à deux reprises avec Ferrari en 1975 et 1977. Après le Grand Prix du Canada, Prost menait Lauda au championnat, 32,5 points contre 24. Ah oui, ce fameux demi-point provenait de la victoire de Prost à Monaco sous le déluge. Puisque la course avait été stoppée avant 75% de sa distance prévue, Prost avait reçu non pas neuf points pour sa victoire, mais la moitié, soit 4,5 points.
Après le Grand Prix d’Allemagne, Prost avait 44,5 points contre 39 à Lauda. Puis deux faits majeurs sont survenus : Lauda a gagné deux fois de suite, en Autriche et en Italie, tandis que Prost abandonnait en Autriche (tête-à-queue sur une flaque d’huile) et aussi en Italie (bris de moteur). Puis, Prost a remporté l’avant-dernier Grand Prix, celui d’Europe au Nürburgring alors que Lauda finissait quatrième. Le décor était planté pour une finale spectaculaire au Portugal sur le tracé d’Estoril.
Lauda occupe alors le premier rang au classement avec 66 points, 3,5 unités devant Prost (62,5). Pour être sacré champion, Prost doit gagner au Portugal tandis que Lauda ne fasse pas mieux que troisième.
Piquet décroche la pole position devant Prost, Ayrton Senna (Toleman-Hart), Keke Rosberg (Williams-Honda), Elio de Angelis (Lotus-Renault), Nigel Mansell (Lotus) et Patrick Tambay (Renault), Mais où est Lauda ? Loin derrière, en 11e place. Tout a été de travers pour l’Autrichien en qualification. Il a effectué un tout-droit alors qu'il utilisait son meilleur train de pneus, puis a connu un ennui de moteur lors du second. Il lui fallait donc prendre le départ en milieu de peloton, là où les contacts et les accrochages sont fréquents.
Au feu vert, Rosberg et Mansell démarrent comme des balles tandis que Piquet effectue un tête-à-queue et chute en dernière place. Lauda est loin derrière, en 13e position. Rosberg mène la course au volant d’une Williams hyper brutale aux réactions imprévisibles. D’ailleurs, Prost le double au 9e passage. Au 12e tour, Mansell monte à la deuxième place devant Senna.
Au fil des tours, Lauda, calme et calculateur, mais incisif, effectue une spectaculaire remontée. Dixième au troisième passage, il figure au septième rang au 18e tour, puis est troisième au 31e tour après avoir doublé Rosberg. L’ordre est donc Prost, Mansell, Lauda et Senna. Seul Mansell sépare Lauda de son troisième titre mondial. Du même coup, seule la place qu’occupe Mansell permet à Prost de remporter sa première couronne mondiale.
Au 50e tour sur 70, Prost mène la course avec 17”9 sur Mansell et 47”7 sur Lauda. Prost croit bien que l’affaire est conclue. Mais tout s’écroule pour lui lors du 52e tour quand la Lotus de Mansell sort de piste ! Les freins, trop sollicités, ont fini par lâcher, ce qui force le Britannique à l’abandon. Et du coup, Lauda grimpe au second rang, et sourit sous son casque...
Prost coupe l’arrivée en première place et remporte sa septième victoire de la saison. Lauda arrive second, à 13”4 du Français et décroche son troisième titre en carrière par un tout petit demi-point. Pour Prost, la défaite est difficile à encaisser. Il termine la saison avec six victoires contre cinq pour Lauda. La moitié des points accordés à Monaco le pénalise terriblement.
Sur le podium, Lauda réconforte son rival en lui disant que ce n’est que partie remise. Il a parfaitement raison et il est visionnaire, car Prost sera sacré quatre fois champion du monde au cours des huit saisons suivantes auxquelles il aura participé !