Seul pilote canadien inscrit à temps plein en IMSA WeatherTech SportsCar cette saison, le Québécois Bruno Spengler vit une année 2020 bien remplie jusqu’à présent. Et ça ne va pas s'arrêter alors que la fin de saison en IMSA s'annonce intense avec 6 courses en deux mois et demi, en plus des 24 Heures du Mans que Bruno va disputer pour une toute première fois, sur prototype LMP1, dans 3 semaines.
L'ancien champion de DTM a aussi piloté épisodiquement en GT3 cet été, pour le compte de son employeur BMW Motorsport, et il continue de participer à des courses virtuells sur iRacing. Un pilote occupé Bruno Spengler ? Il a tout de même pris le temps de répondre à nos questions dans cette entrevue exclusive...
Bruno, commençons par l'actualité la plus récente : au Virginia International Raceway, toi et ton équipier Connor De Phillippi avez signé votre premier podium cette saison en IMSA GTLM avec la BMW M8 GTE No.25. Peux-tu nous parler de cette course, conclue en deuxième position ?
« Tout a été très vite là-bas. Nous avons eu deux séances d’essais, ce qui n’est pas beaucoup puisque que nous sommes deux pilotes par auto et qu’il faut donc se partager le temps de piste. Je n'ai bouclé que 12 tours avant la course, car lors de la deuxième séance d’essais, il a beaucoup plu donc nous n’avons pas pu aller en piste. Lors de la course, nous sommes partis troisièmes et nous avons terminé au deuxième rang, pas très loin de la Corvette qui a gagné. C’est moi qui ai fait le dernier relais cette fois, habituellement je prends le départ. Je remontais un petit peu sur la Corvette qui avait un petit problème, mais j'ai surtout eu à me battre avec la Porsche en arrière. Ils avaient dû faire un arrêt en plus, car ils avaient des problèmes de pneus, donc ils se sont retrouvés derrière moi mais en pneus moins usés. J’ai tout de même réussi à garder Nick Tandy derrière moi durant les derniers tours. J'ai vraiment fermé toutes les portes ! Nous étions très contents de ce podium car nous avons eu beaucoup de malchance et d'ennuis avant cela cette saison. Nous aurions dû avoir un ou deux podiums de plus depuis le début de l'année.»
Toi et ton co-équipier Connor De Phillippi êtes maintenant sixièmes au classement des pilotes, à 23 points des meneurs. Est-ce impossible à rattraper pour espérer le titre ?
« Non, je ne dirais pas que c’est insurmontable. Ça va dépendre de nos performances sur les prochains circuits, donc si Porsche a toujours un avantage de performance sur nous comme ils ont eu lors des dernières courses, ça va être compliqué. Et les Corvette sont très constantes, ils n’ont pas eu de problèmes et leur nouvelle voiture est très rapide. S’ils continuent sur cette lancée ça sera compliqué. Mais on peut encore espérer gagner de splaces au classement.»
L'IMSA a remanié profondément son calendrier initial et cela implique que les classes GTLM et GTD iront rouler sur le Roval de Charlotte, dans un wek-end NASCAR. Cette nouveauté te plaît-elle ?
« C'est évident que ce sera une première pour moi, mais une première pour la plupart des autres pilotes de la série. Donc je vois cela comme intéressant car je serai à force égale avec les autres. Jusqu'à présent, en venant du DTM' je dois apprendr epresque tous les circuits cette saison, donc j'apprécie l'idée de rouler à Charlotte pour cela. Je connais tout de même un peu le tracé en l'ayant utilisé sur iRacing, mais ça se limite à cela.»
Après Ford l'an dernier, Porsche a annoncé quitter la classe GTLM à la fin de cette saison. Avec seulement Corvette, une ou deux Ferrari privées et votre équipe, BMW Motorsport, cette catégorie a-t-elle encore de l'avenir selon toi ?
« C’est encore trop tôt pour le dire. On est tous en attente d’avoir des nouvelles et de savoir ce qui va se passer avec cette catégorie GTLM. Porsche a surpris tout le monde en annonçant son retrait fin d'année. On ne s’y attendait pas, c’est dommage car c’est une marque très importante dans ce championnat. Mais pour l'instant, je n'en sais pas plus quant au futur des autres concurrents, y compris celui de notre équipe.»
As-tu tout de même déjà concrétisé certains plans pour 2021 ?
« Mon programme course va se concrétiser dès qu’il y aura une annonce faite par IMSA et par rapport à l’avenir du GTLM.»
Tu aimes l’IMSA, tu veux y rester ou tu préférerais retourner rouler dans des séries en Europe ?
« J’aime bien l'IMSA. Si en 2021, je pouvais refaire une seconde saison complète en connaissant cette fois bien les circuits, ça serait vraiment bien. Et si je peux faire une autre série en plus, ce serait encore mieux. J'aime piloter partout et j’ai découvert des circuits qui me plaisent beaucoup cette année. Ceci dit, j’aime l’équipe BMW Team RLL, je connais les gens et je me sens bien là donc j'espère poursuivre ma carrière au sein de cette équipe.»
Tu as également roulé en prototype LMP1 pour la première fois aux 6 Heures de Spa-Francorchamps le mois dernier, avec l’écurie ByKolles. Comment s’est déroulé cette expérience ?
« Nous n’avons pas eu de chance… À un moment donné nous étions troisièmes sous la pluie, mais nous avons eu beaucoup de problèmes électroniques par la suite. Puis, dans les derniers relais que j’ai faits, le pot d’échappement a cassé. Donc nous avons dû nous arrêter 15 minutes au garage pour réparer et après quand on est reparti, c’était terminé pour nous. Nous avons continué de rouler pour prendre de l’expérience.»
C’était surtout un événement préparatoire aux 24 Heures du Mans ?
« Oui exactement, pour nous c’était important de se préparer pour les 24 Heures et pour moi de prendre de l’expérience, car c’est une voiture que je ne connaissais pas du tout. Je n’avais jamais roulé dans des prototypes avant cela. Donc l’important c’était d'avoir du temps de piste et me familiariser avec l’auto, me sentir en confiance pour Le Mans, car c’est un autre circuit que je n’ai jamais fait. Ça sera une première pour moi, mais je suis convaincu que ce sera une belle expérience. 2020 est, dans son ensemble, une année condensée de premières !»
Comment te prépares-tu en vue de tes premières 24 Heures du Mans ?
« J’essaye de faire le plus d’entraînement physique possible, mais avec le voyagement chaque semaine ce n’est pas facile. Ma préparation, ce sont les courses qui s’enchaînent week-end après week-end. Pendant le confinement au printemps dernir, j’ai fait beaucoup de simulateur et ça m’a tenu en forme en termes de réflexes et de concentration. Je ne suis pas parti de zéro à la reprise.»
Parlant de ces courses virteulles, est-ce que tu t’attendais à ce que le cru de pilotes soit aussi fort ?
« Oui je m’y attendais, je savais qu’il y avait de très bons pilotes qui y participaient. J’ai passé beaucoup d’heures d’entraînement sur iRacing et on avait une équipe qui s’occupait de nous pendant le championnat en ligne IMSA. J’ai appris beaucoup de choses avec eux. Dès que la vraie saison s’arrête, je vais m’y remettre.»
Tu as été couronné champion d’IMSA sur iRacing, mais ce ne fut pas une dernière épreuve facile…
« Le problème c’est que je me suis fait mettre dehors au premier virage alors ma course s’est terminée là. Ma voiture était endommagée alors je suis rentré aux puits, j’ai pu réparer, mais je suis retourné en piste 45ème ou 50ème et j’ai terminé 14ème. C’était une remontée intéressante, mais ça ne m’a pas donné de point. Il fallait que Nick Catsburg gagne et que je ne marque pas de points pour perdre le championnat... et il n’a pas gagné ! Cette dernière course a été un peu décevante car au départ j’étais 5ème et ça aurait été une tout autre épreuve si je n’avais pas eu l’accident. Il y en a eu beaucoup de crashes dans ces courses sur simulateur, mais ça fait partie du spectacle !»
Bruno Spengler sera en piste ce week-end à Road Atlanta, pour une course de 6 heures de la série IMSA WeatherTech SportsCar. Les 24 Heures du Mans auront lieu deux semaines plus tard, les 19-20 septembre.