L’écurie partiellement canadienne Racing Point a reçu la semaine dernière une amende ainsi qu’une perte de points au championnat des constructeurs après que la FIA ait considéré que les écopes des freins étaient une copie de celles de Mercedes l'an dernier. Une sanction qui a profondémment irrité Lawrence Stroll, le propriétaire de l'équipe Racing Point, mais également certaines équipes rivales qui ont pour leur part considéré que les sanctions n'étaient pas assez fortes.
Cette situation, impliquant d’abord Racing Point, est devenue beaucoup plus importante alors que presque toutes les écuries du plateau se sont prononcées sur le sujet. La décision de la FIA ne fait évidemment pas l’unanimité, car si les freins ont été trouvés illégaux, la Fédération Internationale permet à Racing Point de terminer la saison avec ces mêmes écopes. Coupable d'un côté... et autorisée à garder le même matériel de l'autre !
Renault, Ferrari, McLaren et Williams ont indiqué le week-end dernier à Silverstone vouloir faire appel de la décision des commissaires de la FIA, visant plus précisément l'autorisation faite à Racing Point de garder les écopes de frein jusqu'au terme de la saison. Toutefois, McLaren a été la première écurie à retirer son appel hier. La marque anglaise a donné une réponse très neutre sur la raison de son retrait, mais on ne peut s'empêcher de constater que McLaren sera propulsée par un moteur Mercedes l’an prochain, marque au coeur de toute cette affaire.
Une autre équipe, motorisée cette saison par Mercedes, Williams, s’est jointe à McLaren aujourd’hui en confirmant également son retrait de l’appel. Claire Williams, directrice de l’équipe, avait pourtant exprimé sa frustration à Silverstone, face à la décision prise par Racing Point de continuer de rouler avec ses écopes de freins, dérivées ou copiées (c'est selon les avis), de la Mercedes 2019.
Ferrari et Renault se retrouvent donc les seules contre Racing Point à ce stade-ci. Renault est présentement 6ème au championnat des constructeurs, avec 5 points de retard sur Racing Point qui détient 41 points. En 4ème place : McLaren avec 53 points et Ferrari 3ème avec 55 points. Un changement dans les points pourrait donc bénéficier grandement à Renault et Ferrari, ainsi que McLaren.
Cette affaire de la "Mercedes rose", copie un peu trop parfaite de la monoplace allemande de l'an dernier pour plusieurs, montre aussi le clivage qui s'est installé en Formule 1 depuis quelques temps : d'un côté Mercedes, Honda et leurs équipes clientes; de l'autre Ferrari, Renault et leurs clients. Pour Christian Horner, directeur de l’écurie Red Bull, il s’agit d’une situation à suivre avec intérêt puisque Alpha Tauri est l’équipe-sœur de Red Bull Racing. Les deux équipes partagent donc beaucoup de données et de technologie. À l'intérieur de tout cela, qu'est-ce qui est vraiment légal... ou illégal ? Difficile à dire, d'autant que la situation est différente alors que Red Bull est propriétaire des deux écuries. Toutefois, le règlement de la F1 ne fait pas cette précision : chaque équipe doit fabriquer ses propres pièces, sauf des éléments clairement précisés comme le moteur, la boîte de vitesses et quelques autres accessoires.
Dans une entrevue accordée récemment à la presse anglaise, Horner disait que Mercedes pourrait être reconnue coupable également. Cela reste tout de même plus difficile à prouver, car Mercedes a le droit de vendre des pièces, mais des pièces qui étaient exclusivement faites pour leurs F1 qui sont engagées dans le Championnat du monde. Par ailleurs, et c'est là la plus grande subtilité de l'affaire : certaines pièces, comme les écopes de freins, pouvaient être partagées, ou vendues, en 2019... mais pas cette année !
En utilisant une pièce dessinée pour les Mercedes 2019 sur une voiture 2020, la Racing Point RP20 est-elle illégale ? Oui, selon les commissaires de la FIA... mais qui ont donné le droit à l'équipe de garder ces pièces puisque même si Mercedes les a conçues en 2019, c'est Racing Point qui les a fabriquées en 2020 !
Derrière l'équipe Racing Point se cache la future équipe officielle Aston Martin, l'an prochain. La FIA se retrouve donc dans une situation extrêmement complexe : si elle blanchit complètement Racing Point comme Lawrence Stroll le réclame ouvertement, elle donne raison à Mercedes, Aston Martin et indirectement à Honda avec les équipes de Red Bull, mais elle se met à dos Renault et Ferrari ! Cette situation qui éclate au grand jour cet été n'est pourtant pas surprenante puisque dès les essais présaison de février dernier, tout le monde avait pu remarquer la ressemblance des voitures Racing Point 2020 avec les Mercedes de 2019. Renault et Ferrari, qui tentait de se sortir d'une curieuse affaire concernant la légalité de ses moteurs en 2019, n'avaient alors pas porté plainte auprès des instances dirigeantes de la F1...
Prochaine étape du dossier ? Le Tribunal d'appel de la FIA devrait juger le tout d'ici quelques semaines. C'est asurément à suivre...