Lawrence Stroll ne s’exprime que très rarement dans les médias mais la décision des commissaires de la FIA dans l’affaire opposant son écurie, Racing Point, à Renault a eu le don de le faire bondir ! L’homme d’affaires canadien, par ailleurs propriétaire de la marque Aston Martin, du concessionnaire Ferrari-Maserati Québec, du Circuit Mont-Tremblant et dont la fortune a récemment été évaluée à 3 milliards de US$, a tenu à réagir ce matin, en distribuant une longue lettre dans le paddock de Silverstone, théâtre ce dimanche du Grand Prix du 70ème Anniversaire de la F1.
Nous avons choisi de vous présenter en intégralité la lettre de Lawrence Stroll, afin de connaître précisément ses propos…
« Je ne parle pas souvent publiquement, mais je suis extrêmement en colère contre tout commentaire suggérant que nous avons été sournois ou avons triché, en particulier de ces commentaires venant de nos concurrents. Je n'ai jamais trompé qui que ce soit de ma vie. Ces accusations sont totalement inacceptables et fausses. Mon intégrité - et celle de mon équipe - est incontestable.
Tout le monde à Racing Point a été choqué et déçu par la décision de la FIA et maintient fermement notre innocence. Cette équipe, sous différents noms, court en Formule 1 depuis plus de 30 ans et emploie aujourd'hui 500 personnes. Nous avons toujours été un constructeur et continuerons de l’être à l’avenir. Tout au long de ces 30 années, cette équipe a été un outsider, se battant face à des équipes bien au-dessus d’elle - théoriquement - grâce à un groupe fantastique de personnes. Entre 2016 et 2018, il s'agissait de la quatrième meilleure équipe de la grille, fonctionnant avec le plus petit budget et réalisant régulièrement des podiums.
Avec de la stabilité et de nouveaux investissements, la compétitivité de cette équipe ne devrait surprendre personne alors que l'équipe peut aujourd’hui montrer son potentiel et devrait être célébrée pour ses solides performances. Il suffit de lire les propos des commissaires de la FIA pour comprendre pourquoi nous sommes si déçus par les sanctions. Le rapport énonce clairement les circonstances atténuantes suivantes :
1. Le transfert de pièces entre Mercedes et Racing Point effectué le 6 janvier 2020 ne constitue pas une infraction à la réglementation justifiant sanction car les pièces en question n'ont pas été utilisées en même temps sur les voitures et le transfert de technologie entre Mercedes et Racing Point n'a pas été complet, mais il était légitimement en respect de la réglementation en vigueur en 2019. Le récent changement de statut réglementaire des écopes de frein en tant que pièces répertoriées démontre en outre que la sanction n'est pas appropriée sur ce point. C’est là le rapport des commissaires.
2. Le changement de réglementation des écopes de frein comme pièces non répertoriées dans les interdictions du règlement en 2019 à pièces répertoriées en 2020 est un autre facteur atténuant.
3. Les écopes de frein n’ont fait l’objet d’aucune attention particulière par le personnel de la FIA qui a inspecté la RP20 en mars 2020, alors qu'ils se concentraient sur l'ensemble de la voiture.
4. Racing Point aurait probablement pu obtenir le même avantage concurrentiel en photographiant les écopes de frein arrière de la Mercedes W10 et en procédant à leur rétro-ingénierie. Cela aurait simplement été fait avec des ressources de conception supplémentaires dépensées, selon les commissaires.
5. À tous égards concernant cette question, Racing Point a été ouvert et transparent en ce qui concerne ses actions, que l’équipe croyait pleinement conformes aux règlements, et les commissaires sportifs n'attribuent aucune intention délibérée à toute infraction aux règlements qui se serait produite.
Tout cela est cité dans la décision des commissaires.
Il y avait une absence de clarté ou de clarifications spécifiques de la FIA concernant la façon dont cette transition vers les pièces techniques répertoriées pourrait être gérée dans l'esprit et l'intention des règlements actuels. Les règles, telles qu'elles sont rédigées, stipulent qu'après 2019, aucune autre information sur la conception des écopes de freins ne peut être partagée ou acquise. À partir de là, ce que vous savez et avez appris, ce sont vos propres informations. À partir de là, vous êtes seul. C'est exactement ce que nous avons fait.
Donc, pour clarifier, il n'y avait aucune directive en place par la FIA concernant la transition des pièces non répertoriées vers celles répertoriées et Racing Point a reçu en mars 2020 une confirmation écrite de la FIA concernant sa conformité en la matière.
Cette semaine, j'ai également été choqué de voir la FIA introduire une nouvelle clause dans les règlements, qui n'avait jamais existé auparavant. Et au-delà du fait clair que Racing Point a respecté le règlement technique, je suis consterné par la manière dont Renault, McLaren, Ferrari et Williams ont saisi cette opportunité pour faire appel, et ce faisant, ont tenté de nuire à nos performances. Ils traînent notre nom dans la boue et je n'accepterai pas cela.
J'ai l'intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour prouver notre innocence. Mon équipe a travaillé sans relâche pour livrer la voiture aussi compétitive que possible que nous avons sur la grille cette saison. Je suis vraiment en colère de voir le mauvais esprit sportif de nos concurrents.
Je comprends que la situation dans laquelle se trouve la FIA est difficile et compliquée pour de nombreuses raisons, mais je respecte et apprécie également leurs efforts pour essayer de trouver une solution dans le meilleur intérêt du sport » - Lawrence Stroll.