Après avoir présenté des épreuves de Formule 1 et de la série ChampCar, le circuit Gilles-Villeneuve a tenu une première course de la série NASCAR Busch le 4 août 2007 devant une foule estimée à plus de 68 000 amateurs.
Le pari était osé et même risqué, car présenter une course de stock-car sur ce tracé routier temporaire n’était pas du tout gagné d’avance, d’autant que les amateurs de sport automobile n’avaient eu droit qu’à des courses de monoplaces sur la piste de l’Île Notre-Dame. Comment ces grosses voitures puissantes allaient-elles se comporter sur un circuit bordé de murets de béton et qui exige cinq très gros freinages ?
L’annonce de la tenue de cette course de la division 2 de NASCAR, encore commanditée par la bière Busch à l’époque, avait été effectuée le 16 avril 2007, quatre mois avant l’événement. Pour en assurer le succès, les organisateurs devaient trouver un pilote vedette local. Leur choix s’arrêta sur le sympathique Patrick Carpentier qui allait piloter la Dodge de l’écurie Fitz Motorsports dans ce premier NAPA Pièces d’auto 200.
Le 12 juin, les organisateurs ferment le circuit Gilles-Villeneuve à toute circulation afin de permettre à une voiture de la série Busch de rouler à pleine vitesse. Terry Labonte de l’équipe Richard Childress Racing réalise cet essai de 21 tours qui sert à valider le circuit, à enregistrer des données sur la voiture et surtout à connaître le temps au tour moyen réalisé par un bolide de stock-car.
Le NAPA 200 a finalement lieu les 3 et 4 août. Dès les essais libres du vendredi, Carpentier, un ancien pilote de la série CART, se trouve fort à l’aise aux commandes de son nouveau bolide. En qualification, il fait partie du dernier groupe de quatre pilotes à prendre la piste. Carpentier tire le maximum de sa monture et inscrit la pole position avec un chrono de 1’42”086 (à comparer avec 1’15”707 pour Lewis Hamilton en F1 en 2006 et 1’20”005 pour Sébastien Bourdais en ChampCar en 2006 aussi). Carpentier s’impose devant l’Italien Max Papis par seulement 0,062 seconde.
Un autre pilote canadien et spécialiste des circuits routiers, l’Ontarien Ron Fellows, décroche la troisième place en qualification au volant de la Chevrolet de l’équipe de Kevin Harvick.
La course de 75 tours dure toutefois une éternité : trois heures, huit minutes et trente secondes. À qui la faute ? Aux neutralisations. Il y en a eu cinq pour un total de 14 tours. Mais sur ce circuit routier long de 4,35km, les 14 boucles effectuées à pas de tortue derrière la voiture de sécurité ont duré très, trop longtemps (un tour effectué sous les jaunes était réalisé en plus de cinq minutes !) D’ailleurs, la course prit fin presqu’au coucher du soleil par une lumière orangée.
Retour au moment du départ. Carpentier bondit en tête et mène les six premiers tours avant d’être doublé par Boris Said. Puis, Scott Pruett, Fellows, Carpentier et Said s’échangent la commande jusqu’à ce que l’Australien Marcos Ambrose, un pilote de la série V8 Supercars dans son pays natal, s’impose à la partir de la mi-course.
Par contre, en fin de parcours, un incident implique Ambrose et Robby Gordon qui roulent à l’avant du peloton. Les deux pilotes jouent du pare-chocs jusqu’à ce que les officiels de NASCAR déterminent que Gordon a doublé Ambrose de façon illégale et lui ordonne de reculer au 17e rang, ce que Gordon refuse de faire. On lui présente le drapeau noir, et Gordon refuse encore une fois d’obéir. Lors d’une dernière relance, Gordon, en furie, pousse intentionnellement le bolide d’Ambrose en tête-à-queue, ce qui vaut à Gordon s’être disqualifié et lourdement pénalisé.
Kevin Harvick profite de la confusion pour se faufiler en tête. Durant les derniers tours, Carpentier, revenu en deuxième place, pousse aussi fort qu’il le peut pour rattraper et tenter de doubler Harvick, mais n’y parvient pas. Harvick récolte la victoire, sa 30e en série Busch.
Carpentier se classe second sous les louanges de la foule, à seulement 0,338 seconde du vainqueur. Max Papis, aux commandes de la Chevrolet de James Finch, se classe troisième devant Ron Fellows.
Plusieurs autres Canadiens ont participé à cette course historique : John Graham (23e position), Mike MacKenzie, Michael Valiante et Trevor Boys (33e, 34e et 35e, respectivement, tous trois victimes de bris de transmissions et qui ont dû abandonner), D.J. Kennington (37e, abandon) et J.R. Fitzpatrick (43e et dernier, abandon).