Ce jeudi, le pilote québécois Bruno Spengler disputera la finale de la saison de la série IMSA iRacing Pro sur la piste virtuelle de Watkins Glen. Meneur présentement au classement général, Bruno entend bien remporter le titre.
Le pilote officiel BMW, champion 2012 en DTM et qui débute cette année à temps plein dans la série IMSA WeatherTech SportsCar en classe GTLM sur BMW M8 GTE, a utilisé la pause forcée dans la saison réelle de sport automobile pour se faire un nom en tant que pilote vedette des courses en ligne.
Pour Bruno, ces compétitions virtuelles ont beaucoup de valeur et elles contribuent, selon lui, à son développement en tant que pilote de courses réelles, qui vont reprendre au niveau de l’IMSA début juillet à Daytona…
Bruno, aurais-tu imaginé il y a six mois que tu fêterais peut-être demain soir ton premier titre dans une série de courses virtuelles ?
« Bien sûr que non ! Rien de ce qui s'est passé ces derniers mois n'aurait pu être prédit de quelque manière que ce soit, mais ce que j'ai vécu en courses virtuelles pendant cette période est agréable. Si quelqu'un m'avait dit au début de l'année que je disputerais une série IMSA virtuelle contre plusieurs de mes collègues pilotes et que je serais en position de gagner le championnat à la veille de la finale de la saison, ou que je participerais à des courses au Nürburgring, sur le grand circuit (la Nordschleife) aux côtés de coureurs professionnels de jeux en ligne et même gagner, je n’y aurais pas cru ».
Quelle est l'importance pour toi de pouvoir éventuellement remporter un championnat virtuel ?
« Je serais ravi, car le succès dans une série avec un niveau aussi fort est d'une grande importance pour moi en tant que pilote de course. Je suis très ambitieux et je veux être vraiment bon dans tout ce que je fais. J'ai passé un nombre important d'heures à m'entraîner au cours des derniers mois. J'ai tout donné dès la première course en ligne pour réussir dans cette série IMSA iRacing Pro. Cela a très bien fonctionné jusqu'à présent, mais comme dans la course réelle, tout peut arriver demain. Je pourrais me retrouver en tête-à-queue au premier virage et tout perdre, donc je garde les deux pieds sur terre ».
C’est récent ton intérêt pour les compétitions virtuelles ?
« J'ai rencontré pour la première fois des pilotes professionnels de courses virtuelles à l'ADAC SimRacing Expo, en Allemagne en septembre dernier. Avant cela, j'avais couru de temps en temps pour le plaisir, mais ce n'est qu'à l'expo que j'ai vu le niveau extrêmement élevé auquel il était possible de s'impliquer dans la course virtuelle. Après mes premiers tours de piste dans le simulateur, il est vite devenu évident que j'étais loin du rythme des meilleurs pilotes de simulateur. Même si mes temps au tour n'étaient pas si mauvais pour un débutant, cette expérience m'a ouvert les yeux. Mon ambition s'est éveillée et j'ai décidé de me procurer un nouveau simulateur ».
Comment les choses ont-elles progressé par la suite ?
« Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour m'entraîner immédiatement après parce que c'était pendant la saison de course, mais en hiver - juste avant la crise actuelle - j'ai eu mon nouveau simulateur et j'ai commencé à me concentrer sur cela et à m'entraîner sérieusement. Avec le recul, c'était un timing parfait, car lorsque la crise a commencé, je n'étais plus autorisé à sortir et j'ai pu passer beaucoup de temps au volant. Cette opportunité de continuer à courir à partir de la maison a été particulièrement précieuse pour moi. Chaque jour, j'ai apprécié ma chance de pouvoir poursuivre ma passion ».
Quels sont les avantages que donnent ces courses virtuelles en vue des épreuves réelles ?
« C’est une bonne pratique pour moi dans cette situation particulière, mais aussi parfois sans course en général. Disputer ces événements virtuels améliore principalement la capacité de concentration car comme mon simulateur est statique, je n'ai pas les mouvements et les forces auxquelles je suis habitué dans une vraie voiture de course. Je n'ai que mes yeux sur l'écran, mes pieds sur les pédales et mes mains sur le volant pour sentir ce que fait la voiture. Sans les mouvements qui l'accompagnent, il est beaucoup plus difficile de rester concentré sur une longue période, en particulier dans les courses très disputées comme celles de l'IMSA iRacing Pro Series. En plus de l'excellent entraînement à la concentration, à mon avis, la simulation de course enseigne les bases de la sensation de conduite. Parce que la bonne ligne de course dans le simulateur est également la bonne ligne de course sur le vrai circuit, je peux emmener avec moi bon nombre de mes expériences dans le simulateur dans la vraie voiture de course. Un facteur important pour moi est que je ne m'entraîne pas seulement seul, mais aux côtés de coureurs professionnels de jeux en ligne de haut niveau, donc je peux apprendre beaucoup ».
Les courses virtuelles de l’IMSA t’aident en tant que nouveau venu à temps plein dans cette série à découvrir les pistes ?
« Oui car jusqu'à présent, je n'ai disputé que des courses à Daytona et Sebring. Je n'ai jamais piloté sur les vraies versions des autres pistes. Le fait que mon simulateur me permette maintenant de m'entraîner sur toutes les pistes du calendrier de la série m'aidera sans doute beaucoup lorsque je serai sur place. Évidemment, quelqu'un qui a déjà participé à de vraies courses sur les pistes aura toujours un avantage, mais au moins j'ai une idée de ce qui m'attend quand j'y serai ».
IMSA va relancer la saison avec une autre course à Daytona début juillet. Es-tu impatient de revenir dans la vraie BMW M8 GTE?
« Très impatient ! J'ai vraiment hâte de ressentir l'adrénaline et les forces que l’on ne retrouve que dans une vraie voiture de course. On ressent autant de nervosité et de tension dans le simulateur au début, mais les autres éléments me manquent. Ceci dit, ce qui me manque vraiment, c'est la foule. Les fans en bord de piste rendent nos événements spéciaux. Ils nous donnent l'ultime poussée. Nous n'avons pas cela dans le simulateur, et malheureusement, nous devrons organiser nos premières courses réelles sans spectateurs, mais j'espère vraiment que nous serons en mesure de courir devant les fans le plus rapidement possible. Cet aspect du sport automobile en fait partie pour moi ».
T’attends-tu à une brève ou longue transition entre les habitudes des courses sur simulateur à la vraie voiture de course ?
« Je pense que ce sera rapide. Évidemment, nous devrons à nouveau nous habituer aux forces centrifuges dans la vraie voiture de course, mais après quelques tours, je crois que tous les pilotes pro auront retrouvé le rythme ».
Quels sont tes objectifs pour le reste de cette première saison complète en IMSA, alors que seulement les 24 Heures de Daytona ont eu lieu jusqu’à présent ?
« C’est difficile à dire car il y a trop de pistes que je ne connais pas encore assez bien pour que je puisse avoir des objectifs précis. La BMW M8 GTE a réalisé des performances fantastiques à Daytona en janvier, et notre voiture sœur a gagné la catégorie, mais les caractéristiques de la plupart des autres pistes du calendrier de course sont très différentes de Daytona. Je vais donc attendre de connaître un peu plus notre potentiel sur les premiers circuits autres que Daytona pour répondre. Naturellement, je serai satisfait de chaque bon résultat que je pourrai ramener à la maison avec mon équipier Connor De Phillippi ».
Resteras-tu tout de même fidèle aux courses sur simulateur une fois que la saison réelle sera relancée ?
« Certainement. Chaque fois que je serai à la maison, je continuerai à m'entraîner, en particulier pendant les vacances d'hiver, car j'aime vraiment les courses virtuelles ».