Prometteur jeune pilote de rallye dans les années 1990, lauréat du Rallye de Sanair 1992, Yvan Joyal avait arrêté la compétition après un grave accident survenu au Rallye de Charlevoix en 1996. Il en était sorti indemne mais son co-pilote, Raymond Cadieux, avait été sérieusement blessé dans l’aventure. Yvan revint toutefois en rallye dans les années 2000, dans le siège de droite, récoltant de fort belles performances avec Bruno Carré avant de devenir le co-pilote attitré de Jean-Sébastien Besner ces dernières saisons.
Une collaboration qui s’est soldée par deux titres toutes-catégories de champions régionaux. Mais la passion du pilotage n’a jamais totalement quitté Yvan, qui s’est illustré à quelques occasions en circuit routier puis en Rallycross. Les deux dernières années, il a récolté deux podiums au Grand Prix de Trois-Rivières, amenant son Rallykart en troisième position derrière Antoine L’Estage et Andrew Ranger de la course des Côte-à-côte en 2018, avant de finir 2ème (derrière Ranger) l’an dernier de cette même course.
De quoi motiver celui qui travaille comme pompier à Montréal depuis 30 ans à prendre de nouveau part à un rallye national... derrière le volant. Mais pas avec n’importe quelle voiture : Yvan, qui a toujours aimé les propulsions et les BMW, a trouvé une entente avec le préparateur et pilote de Drummondville Éric Courchesne pour piloter sa 318 Ti lors du prochain Rallye de Charlevoix.
« C’est un peu un hasard si je vais reprendre là où j’ai eu mon accident en 1996. C’est davantage une question d’opportunités : on avait le Défi en tête quand le projet a été lancé, mais ce sera finalement Charlevoix. Un rallye que j’adore et que je connais quand même très bien puisque j’y ai pris part comme co-pilote de Bruno Carré puis de Jean-Sébastien Besner presque chaque année depuis 2009 » nous confie Yvan.
Bruno Carré co-pilotera Yvan Joyal pour l’occasion. La 318 Ti d’Éric Courchesne est celle que pilotait son fils, Jean-Philippe Courchesne, l’an dernier. « Éric prépare de très bonnes voitures et cette BMW a du potentiel en classe 2 roues motrices Ouverte. Je dirais même qu’elle sera très performante, avec son 6 cylindres et de nouvelles suspensions venant de chez Vermont SportsCar. J’ai bien hâte de m’installer derrière le volant » indique Yvan.
Reconnu dans tous les événements de rallye au Québec pour sa bonne humeur et son professionnalisme, Yvan Joyal prend une voix un peu plus sérieuse lorsqu’il nous parle de ce défi : « Je veux être compétitif et, pourquoi pas, me battre contre les meilleurs pilotes actuels en 2 roues motrices que sont Philippe Benoît, le champion 2019, et Mathieu Leblanc. En tout cas essayer d’être proches d’eux en performances » confie-t-il. « Mais j’ai une certaine crainte… Non, je ne dois pas dire ça ! » souligne-t-il en riant, avant d’ajouter : « j’ai une certaine appréhension que ce ne sera pas si facile que ça. La dynamique a changé avec le temps et même si je n’ai jamais vraiment quitté la compétition après toutes ces saisons comme co-pilote, le travail est bien différent derrière le volant ».
Père du double champion canadien en titre des co-pilotes (Samuel Joyal), Yvan a toujours eu l’esprit de compétition. On peut donc parier que cette qualité, alliée avec son grand talent, risque de surprendre quelques p’tits jeunes qui ne l’ont encore jamais vu à l’œuvre comme pilote ! « La difficulté dans ma jeunesse, c’est que j’avais la fougue et une confiance absolue en mon pilotage avant mon accident de 1996. Depuis, j’ai pris beaucoup d’expérience et même si piloter une véritable voiture de rallye dans un événement national sera une première pour moi en 24 ans, j’ai toujours gardé la main. Conduire en situation d’urgence, enseigner l’hiver au circuit Mécaglisse, rouler le Rallykart (un véhicule dont j’avais pris part au développement) m’ont gardé actif » explique-t-il.
L’édition 2020 du Rallye de Charlevoix aura lieu les 24 et 25 octobre. D’ici là, Yvan aura eu le temps de faire un peu d’essais avec la BMW 318 Ti préparée par l’équipe Compact Autosport d’Éric Courchesne.
À la question de savoir ce qu’il fera après cet événement à l’automne, si le résultat final répond à ses attentes, Yvan Joyal conclut : « pour l'instant c’est un "one shot", on verra après. Est-ce que je vais vouloir en faire d’autres ? C’est une question de budget aussi. Les grosses 4 roues motrices coûtent beaucoup d’argent en pièces et je crois que me battre en classe 2 roues motrices avec cette BMW me donnera bien assez de challenge… et de plaisir !»