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La F1 sur piste ovale ? Partie 1 : Le passé et le présent à Monza

La F1 sur piste ovale ? Partie 1 : Le passé et le présent à Monza

Dimanche 24 mai 2020 par Marc Cantin
Crédit photo: Archives Pole-Position Magazine

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Comme nous le rappelle le dicton, rien n’est vraiment nouveau sous le soleil. Imaginez un peu faire courir des voitures de F1 sur une piste ovale, et avec des virages surélevés en plus. Et pourtant, on a présenté des Grand Prix comptant pour le Championnat d’Europe d’avant la guerre 1939-1945, puis pour le Championnat du monde de Formule 1, crée en 1950, sur deux grands circuits : Monza en Italie et Avus près de Berlin. On a aussi joué avec Indianapolis, les célèbres 500 milles ayant fait partie du championnat de F1 entre 1950 et 1960. Mais c’était à une époque qui peut sembler bien lointaine.

La F1 sur un circuit reprenant une partie de l’ovale d’Indianapolis a bien eu lieu entre 2000 et 2007 et, plus récemment, Zandvoort (Pays-Bas) a modifié son dernier virage en une longue courbe de style ovale lors de la rénovation de sa piste. Le Grand Prix des Pays-Bas n’aura toutefois pas lieu cette année, il faudra attendre 2021.

D’ici là, on vous raconte aujourd’hui l’histoire de ces courses de F1 tenues au siècle dernier sur des ovales. Une histoire en trois parties, qui débute à Monza…

Ouvert en 1922, ce complexe comprenait un tracé ovale de 4,4 km avec les virages bien relevés, et un circuit routier conventionnel de 5,5 km. On pouvait combiner les deux tracés pour créer une piste de 10 km pour le moins dangereuse. Construit dans un grand parc juste au nord de Milan, l’Autodromo Nazionale di Monza a, de tout temps, représenté un défi pour ses organisateurs qui doivent négocier avec les gouvernements locaux et les mouvements écologistes quand vient le temps de modifier le parcours pour ajouter à sa sécurité ou toucher aux arbres…

On distingue bien sur l’illustration ci-dessous les deux tracés utilisés pour les Grand Prix d’Italie avant la guerre, utilisant différentes combinaisons et révisions de la configuration. On voit aussi les diverses chicanes placées au fil des années afin de baisser la vitesse d’approche aux virages rapides. La configuration combinée ovale-routière utilise un pont (en haut à gauche sur le bol) au-dessus de la piste routière.

L’ovale, que l’on distingue à droite sur la photo ci-dessus, a été abandonné par la F1 depuis 1962, alors que les Sport-Prototypes (Endurance) y ont couru jusqu'en 1969. Dans les deux cas, c’était pour des épreuves combinant tracé routier et ovale, jamais ce dernier seul.

Par la suite, on a bloqué l’accès au bol de gauche juste après la sortie des puits, et détruit celui de droite afin de créer un dégagement sécuritaire pour le dernier virage routier, le rapide Parabolica. Le droit arrière a aussi été abandonné.

Avant la guerre, les grandes marques italiennes (Alfa Romeo, Maserati) se battaient entre elles depuis 1923. L’armada allemande, avec Mercedes-Benz et Auto-Union, arriva et domina les courses à partir de 1936. Heureusement pour la nation hôte, l’Italie produisait alors de grands pilotes, comme Tazio Nuvolari, Achille Varzi, Piero Taruffi et même Enzo Ferrari, pilote à ses débuts avant de gérer l’équipe Alfa-Romeo. Chez les Teutons, on retrouvait Bernd Rosemeyer, Rudolf Caccaciola, Manfred Von Brauchitsch, Hermann Lang, et Hans Stuck Senior. L’anglais Dick Seaman (dit « Der Englander » par le chef de l’équipe Mercedes, Alfred Neubauer), arrivé en 1937, donna des leçons de pilotage aux Allemands, tout comme l’a fait Tazio Nuvolari à son passage chez Auto-Union en 1938.

En 1961, Phil Hill, sur Ferrari officielle, y remporta le premier titre de Champion du monde obtenu par un pilote américain. Malheureusement, l’Allemand Wolfgang Von Trips perdit la vie dans un accident sur la portion routière en début de course.

Le tracé ovale, jugé avec raison trop dangereux pour des voitures de F1 relativement fragiles (les équipes anglaises avait d’ailleurs déclaré forfait en 1961) fut ensuite abandonné pour le Grand Prix d’Italie. Depuis 1969, l’ovale ne sert que pour des spéciales de rallyes locaux, pour des tournages publicitaires ou encore comme pèlerinage pour les mordus qui se moquent des clôtures !

Dans le cas du tracé mixte utilisé par la F1, la F2 et l’Endurance jusqu’aux années 1960, les pilotes abordaient d’abord la section ovale une fois le départ donné, en gardant la droite vers le premier virage de l’anneau. Une fois le tour parcouru, ils revenaient sur la ligne droite de départ/arrivée en gardant la gauche, pour filer vers le tracé routier. Des cônes, comme on en retrouve sur les chantiers québécois, séparaient les deux sections de la piste ! Ceci explique la largeur excessive de cette ligne droite qui servait donc aux deux versions du tracé dans une même course. Sur l’image ci-dessus qui date de 1955, on discerne bien à gauche les Mercedes W196R, carénée pour Juan-Manuel Fangio et à roues ouvertes pour Piero Taruffi, les deux terminant respectivement 1er et 2ème.

Malgré les multiples chicanes, le tracé routier demeure aujourd’hui le plus rapide en F1. Kimi Räikkönen sur Ferrari y a enregistré un tour à 263,588 km/h de moyenne lors de la qualification du Grand Prix d’Italie 2018.

Toujours existant, une bonne partie du bol côté gauche (virages 1 et 2) est bien cadenassé par esprit de sécurité. Mais certains tifosis s’y rendent malgré tout lorsqu’ils sont sur le site pour le Grand Prix, d’où ils aperçoivent quelque peu le premier virage du circuit routier.

Déjà jugé dangereux à sa création en 1922, Monza a dû suivre l’augmentation de performances des F1 en améliorant sa sécurité, à l’instar des grands circuits classiques comme Spa, Silverstone, Zandvoort, le Nürburgring… ou périr.

Dans le prochain texte de ce dossier en trois volets, on traite de l’ovale allemand de l’Avus, près de Berlin…