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La réalité d’une équipe privée de Formule 1 au temps du coronavirus : Les tourments de Haas (Partie 1)

La réalité d’une équipe privée de Formule 1 au temps du coronavirus : Les tourments de Haas (Partie 1)

Mardi 21 avril 2020 par Eliane Gilain
Crédit photo: Haas F1 Team

Crédit photo: Haas F1 Team

La saison 2020 de F1 devrait débuter début juillet en Autriche. D'ici là et alors qu’une grande partie du monde demeure bloquée par les restrictions dues à la pandémie du coronavirus, Guenther Steiner, directeur sportif de l'équipe américaine Haas F1, a encore beaucoup de pain sur la planche, tout en travaillant de chez lui. « La vie est un peu différente » dit-il. « Je ne voyage plus pour des raisons évidentes, mais je suis occupé à essayer de trouver des solutions, à faire en sorte que l'entreprise survive. Ce n'est pas facile par les temps qui courent, car on ne sait pas ce qui passera le reste du temps. »

Bien que propriété de Gene Haas qui est un très fortuné homme d'affaires américain, également co-propriétaire de l'une des plus importantes écuries de NASCAR en compagnie de l'ex-pilote Tony Stewart, Haas F1 est l'une des plus petites structures en Formule 1, fonctionnant avec le budget le plus maigre de la grille et achetant ses moteurs à Ferrari. L’écurie doit également relever le défi unique de gérer du personnel basé dans trois pays différents : au Royaume-Uni, en Italie et aux États-Unis, des pays qui ont tous une approche très différente dans la lutte contre le coronavirus.
 
C'est pourquoi Haas a suivi McLaren, Williams, Racing Point et Renault en mettant à pied une partie de son personnel basé au Royaume-Uni, participant ainsi au programme du gouvernement britannique qui propose de payer 80% des salaires des employés afin d'encourager les entreprises à ne pas licencier de façon permanente. « Ce n’est pas facile à faire, mais la plupart des gens comprennent pourquoi nous devons mettre à pied nos employés » dit Steiner. « Nous ne faisons pas cela dans le but de mettre fin à leur collaboration, mais pour s'assurer qu'ils auront un emploi en revenant de cette pause. Il n'y a rien de malveillant, nous ne sommes pas radins et nous n'essayons pas de faire un coup d’argent. Nous essayons de faire du mieux que nous pouvons » ajoute-t-il.
 
Des discussions internes autour du calendrier révisé de la F1 pour 2020 sont en cours, et divers plans sont mis en place pour couvrir toutes les situations possibles. Deux courses en Autriche puis deux à Silverstone, toutes à huis clos, sont aujourd'hui les options les plus probables pour débuter la saison mais, pour l'instant et malgré les discussions quotidiennes entre les acteurs de la F1, il s'agit d'un jeu d'attente. « Nous avons des revenus très limités. La FOM (Formula One Management) essaie de nous aider. Mais nous ne savons pas si nous allons reprendre la saison. Je pense personnellement que nous retournerons en piste, mais il faut prévoir le pire, c'est-à-dire que nous n'ayons pas de revenus de la FOM cette année. Et si nous n'avons pas de revenus, quelqu'un doit payer… et les fonds sont limités. Il ne serait pas juste de payer si rien ne s'est passé » explique Steiner.
 
Jusqu'ici, Gene Haas fournit les fonds nécessaires pour que l'écurie puisse courir, mais elle a tout de même besoin de sa part des revenus de la F1 ainsi que de l’argent des commanditaires. Toutefois, l’équipe ne reçoit aucun revenu présentement... puisqu’aucune course n’a eu lieu ! « Nous devons être conscients de ce que nous faisons, nous assurer que nous faisons de notre mieux et espérer que nous allons courir le plus vite possible. Il faut transformer cette situation en un événement positif, qui nécessite que les 10 équipes travaillent ensemble et que la F1 et la FIA collaborent avec nous pour s'assurer que nous puissions être présents en piste » indique le directeur sportif, ingénieur de formation et natif d'Italie.
 
Gene Haas avait prévu analyser la première partie de la campagne 2020, la cinquième saison de l’écurie en F1, pour décider de l'avenir de l'équipe qui porte son nom. L'équipe américaine a fait irruption sur la scène de la Formule 1 lors de la saison 2016 et s'est affirmée comme une bonne équipe de mi-peloton. « Pour Gene Haas, ce n’est pas un problème d'attendre plus longtemps pour compléter cette analyse, mais comme tout homme d'affaires, il ne souhaite pas attendre éternellement » souligne Steiner, avant de préciser : « Mais pour l'instant, Gene Haas souhaite aller jusqu'au bout. Nous avons mis des gens à pied, mais nous ne les avons pas congédiés indéfiniment. Nous devons juste nous assurer que nous prendrons les bonnes décisions à l'avenir, ce qui permettra à Gene de rester intéressé par ce sport ».


*** Cliquez ici pour lire la seconde partie de cette entrevue de Guenther Steiner...